En reprenant le projet de B Hamon, N Vallaud-Belkacem lance une machine à réformer l’évaluation qui a quelques caractéristiques nouvelles. Pour autant peut-elle aboutir ? Relisons ce qu’Antoine Prost, un spécialiste de ces questions, dit des réformes de l’éducation nationale.
« Il y a trois types de rapport : ceux qui dorment dans un tiroir, ceux qui fermentent et ceux qui germent ». A travers cette boutade, Antoine Prost, probablement l’historien de l’éducation le plus au fait des mécanismes de réforme de l’éducation nationale, montre que rien n’est gagné à l’avance.
La démarche de N Vallaud-Belkacem est classique : on réunit une commission, elle tire des conclusions, qui sont avalisées par el ministre. Et l’administration applique. Là aussi Antoine Prost classifie les commissions : il y a les commissions extincteurs, les audits, les commissions négociations, les commissions animation. Apparemment l’initiative ministérielle appartient au dernier cas. Ca tombe bien pour l’historien c’est un des deux cas qui peut faire bouger les choses.
Alors pari gagné ? « Toutes les réformes sont possibles dans l’education nationale sauf celles qui portent sur la pédagogie », a-t-il expliqué en 2013 lors d’une conférence IREA. ‘Parce que l’administration n’est pas une administration de mission mais une administration de gestion, d’autre part parce qu’une telle réforme touche trop à l’estime de soi des enseignants ».
Pour qu’une réforme aboutisse , selon lui, il faut qu’elle soit voulue par l’autorité responsable. « L’administration doit avoir envie de faire une réforme et doit la porter ». Mais l’administration est-elle unanime sur la question de l’évaluation ? le souvenir de l’échec du livret de compétences semble apporter une réponse négative. La réforme de l’évaluation est bien un défi.
L’expérience montre pourtant qu’il est possible de changer les modes d’évaluation. Dans la suite de mai 1968, les enseignants ont expérimenté une notation en 5 lettres abcde. Autorisée par circulaire, cette pratique a duré le temps que les rêves de changement de mai 1968 s’évaporent. A la conférence sur l’évaluation de faire naitre un désir durable de changement…
François Jarraud