Par Gabrielle Lamotte et Gardy Bertili
Les médiateurs de réussite scolaire!
L’annonce du recrutement de 5000 «médiateurs de réussite scolaire» a surpris plus d’un CPE.
Il est vrai que lorsque Xavier Darcos regrette le taux d’absentéisme des élèves dans certains établissements, on se demande pourquoi cette découverte ne s’accompagne pas d’un recrutement digne de ce nom, qui passe par une augmentation du nombre de postes au concours (encore seulement 200 postes pour la session 2009): des personnels formés, en nombre suffisant, pérennes, travaillant en équipe avec les personnels médicaux et sociaux, voici une combinaison apte à prévenir et lutter en amont du décrochage scolaire.
Mais ce n’est pas la formule retenue par le ministre.
Il a donc décidé: « “Que fait-on lorsque les familles ne veulent pas se déplacer ou ne répondent pas aux appels de l’école ? L’école doit alors aller à leur rencontre. Avec Fadela Amara, qui fait un travail admirable auprès de ces jeunes, nous avons décidé de recruter 5 000 «médiateurs de la réussite scolaire», qui feront l’interface entre l’école et les parents.“
Ces 5000 “médiateurs” seraient recrutés en contrats aidés, dans le cadre du plan de relance. Dans 215 quartiers en difficulté, ils auraient également une fonction d’insertion.
Les syndicats regrettent évidemment que le ministre ignore les missions de personnels compétents et formés: CPE, assistants sociaux, COPsy.
Le SNES rappelle que “la mission qui leur serait confiée est actuellement assurée par les CPE (Conseillers principaux d’Education) et par les assistantes sociales, c’est-à-dire des personnels qualifiés et formés alors que les personnels précaires ne bénéficieraient d’aucune formation ;
il est fait appel une nouvelle fois à des personnels précaires avec un salaire au SMIC pour assurer des missions permanentes dans les établissements scolaires en lieu et place de personnels titulaires.”
Pour le SE-UNSA, le ministre a privilégié l’effet d’annonce: “Au-delà de leur titre ronflant, quelles missions pour ces emplois aidés ? Substitution à des personnels déjà existants, notamment ceux intervenant particulièrement en ce domaine (CPE, personnels médico-sociaux…) ? Intervention en complément et, si oui, avec quelles compétences ? Il semble bien, pour le SE-UNSA, que l’annonce prime sur la réflexion.“
Quant au SGEN-CFDT, il accuse: “Si le ministre voulait vraiment lutter contre l’absentéisme, l’échec scolaire et particulièrement celui qui frappe les enfants issus des quartiers défavorisés, il devrait commencer par reconnaître le professionnalisme des personnels en s’appuyant sur les métiers existants et donc recruter des conseillers principaux d’éducation, des conseillers d’orientation et des assistants de service social. Il devrait également rétablir les moyens supprimés aux associations complémentaires qui œuvrent au quotidien dans ces quartiers auprès des jeunes et de leur famille.“
Décrit comme “l’interface entre l’école et les parents”, le médiateur de réussite scolaire ne séduit pas pour autant les premiers concernés, comme la FCPE qui l’accueille fraîchement: ”Pour l’instant, cette annonce se situe plus dans la lutte contre le chômage que contre l’échec scolaire.“
L’association rappelle les suppressions de postes, d’enseignants, comme d’encadrement et dénonce: “Créer 5 000 emplois de « médiateurs de réussite scolaire », c’est largement insuffisant face aux dizaines de milliers de postes supprimés ces dernières années dans les services de la vie scolaire des établissements. Le solde reste largement négatif ! Ce n’est pas non plus avec 13 500 suppressions de postes d’enseignants, s’ajoutant là aussi à des dizaines de milliers de postes déjà supprimés, que l’on améliorera la pédagogie et la réussite des élèves, souvent l’un des premiers déclencheurs de l’absentéisme puis du décrochage.“
Et qu’en pensent les CPE eux-mêmes?
L’ANCpE (Association Nationale des Conseillers principaux d’Education) vient de lancer une pétition nationale: «Nous pensons que l’absentéisme ne constitue que la partie visible des difficultés de tous ordres que connaissent beaucoup d’élèves : difficultés d’apprentissage, incompréhension du sens de l’Ecole, difficultés d’ordre familial ou social, problème de développement personnel, et que des solutions ne peuvent être trouvées que dans le cadre d’une prise en charge professionnelle.
Des emplois précaires, occupés par des personnels non qualifiés, ne peuvent en aucun cas répondre à cette exigence.»
L’ANCpE a également adressé une lettre ouverte à Xavier Darcos, reprise par différents médias.
Dans la presse:
Le Parisien.fr: “Xavier Darcos veut recruter 5.000 agents pour lutter contre l’absentéisme scolaire” :
http://www.leparisien.fr/liveafp-france/xavier-darc[…]
Le Figaro: Darcos : «L’absentéisme, un fléau pour l’école»:
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/01/21/01016-[…]
Les réactions:
Communiqué du SNES:
http://www.snes.edu/spip.php?article16356
Communiqué du SE-UNSA:
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1462
Communiqué du SGEN-CFDT:
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1896.html
La FCPE, “5 000 emplois aidés : le compte n’y est pas !”:
http://www.fcpe.asso.fr/ewb_pages/a/actualite-fcpe-2265.php
La pétition de l’ANCpE, «Les CPE ne sont pas d’accord»:
http://3800.lapetition.be/
La lettre ouverte de l’ANCpE au ministre:
http://www.ancpe.fr/joomla