Bibliographie
– Favoriser la réussite en lecture : les MACLÉ.
André Ouzoulias
SCEREN Versailles. RETZ
255 p.
André Ouzoulias, prof à l’IUFM de Versailles, notamment connu pour la mise au point de l’outil d’évaluation Médial et pour ses collaborations avec Rémi Brissiaud, publie un précieux ouvrage relatant son expérience en matière d’aide aux élèves en difficultés en lecture.
Le principe : une organisation interne à l’école pour mobiliser toute ressource adulte disponible (si possible formée à l’enseignement…) pour organiser des moments d’ateliers permettant de travailler en petits groupes pour les enfants identifiés comme les plus fragiles aux évaluations CE2.
Les activités : centrées autour de trois dominantes : compréhension, appropriation du « système pluri-orthographique » (le grapho-phono, les analogies orthographiques, la ponctuation, les marques syntaxiques…) et production d’écrit.
Rien que vous n’ayez déjà appris à l’IUFM ? Sans doute. Mais Andre Ouzoulias entre dans le détail : une trentaine de pages sont consacrées aux situations à mettre en place dans la classe, aux différents niveaux, du CE1 au CM. Chacun y découvrira sans doute une activité qu’il a déjà pratiquée en classe, mais le recensement est ici varié et pertinent, travaillant sur tous les aspects de la lecture/écriture.
La dernière partie de l’ouvrage expose clairement les points de vue de l’auteur sur les difficultés d’apprentissages, et les conditions de la réussite.
Bref, un outil « à la Ouzoulias » : sérieux, pragmatique, orienté sur la mise en oeuvre à partir d’une réflexion théorique sans a-priori.
Ah, je ne vous ai pas précisé le sens de MACLÉ ? Allez, vous trouverez bien vous même à partir de deux indices : M pour Modules et É pour Écriture…
– Le défi éducatif, des situations pour réussir…
Certes, le titre n’attirera peut-être pas votre attention en tête de gondole du libraire. Le problème, avec les livres sur l’Education, c’est qu’il en sorte dix par semaines, dont nombre qui ne révolutionneront pas votre pratique auprès de vos élèves.
Bien que non-intéressé aux ventes, le Café vous recommande cependant chaudement la lecture de celui-ci.
D’abord, parce que l’angle de recherche des auteurs n’est guère répandu. La psychologie sociale (c’est leur spécialité) les amène de penser les difficultés de l’élève non pas en fonction de « troubles » ou de « manques », comme l’envisagent certaines entrées à la mode, mais en fonction des inter-actions sociales que rencontrent les sujets dans leur parcours scolaire.
Ça vous semble lointain, comme ça ? Voyons du concret :
– on vous demande de « faire travailler les enfants en groupe », mais dans votre classe ça dégénère. Mais vous a-t-on déjà montré comment faire ? Vous a-t-on déjà précisé que certaines modalités du travail de groupe étaient inefficaces ? C’est le pari de Marie-Christine Toczek
– Vous ne savez pas comment « motiver » vos élèves ? Et si la question n’était pas là ? Ni carotte, ni bâton, mais engagement volontaire. Trop facile ? Robert-Vincent Joule explore quelques principes d’action largement utilisés par les vendeurs d’encyclopédies pour amener leurs sujets à collaborer. Dangereux et loin de votre éthique ? On en reparle après lecture…
– Pas réussi, la faute à qui ? Jean-Claude Croizet et Emmanuelle Neuville jettent un sacré pavé dans la mare des amateurs de dys- (lexie, praxie, calculie…) vendeurs de « nouvelles maladies déficitaires particulièrement contagieuses » en demandant de s’interesser de près aux conceptions de l’intelligence… et aux compliments qui en découlent. Que l’élève pense qu’il ne vaut rien en biologie, ou qu’il n’a pas réussi parce que l’exercice est trop difficile, ce n’est pas la même chose… L’intelligence, un acquis pour toujours, ou une faculté qui se travaille ? Et pour ceux d’entre vous qui penseraient que les auteurs enfoncent des portes ouvertes, un petit test à faire même sur la plage (p.80) devrait vous remettre les idées en place… L’auteur de ces lignes en fit récemment la cruelle expérience…
Il serait fastidieux de faire ici l’inventaire des autres chapitres qui traitent de sujets aussi divers que la violence à l’école, la mixité et l’égalité des chances ou les conduites à risques des ados.
La doxa n’a rien à voir avec les sciences sociales, et c’est bien ce qui nous donne quelques pistes d’actions concrètes et efficaces…
Sous la direction de Marie-Christine Toczek et Delphine Martinot
Le défi éducatif, des situations pour réussir
Armand Colin
346 pages, 22 euros
(à réclamer à votre CDDP ou IUFM préféré)…