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Est-ce important d’avoir un bon prof ? La question semble triviale. Tous les parents et tous les élèves peuvent répondre, par l’affirmative, à cette question. Pourtant on a souvent raison de se méfier de l’évidence. Est-on vraiment d’accord sur ce qu’est un bon prof ? Quelle perception les profs ont-ils de leur métier ? Et puisque le corps enseignant se renouvelle, quelles qualités exiger des nouveaux profs ? Il faut d’abord écarter une confusion fréquente entre « bon établissement » et « bon prof ». De nombreux travaux se sont attachés à mettre en évidence « l’effet établissement ». Ainsi, en 2005, l’Inspection générale voyait dans la qualité du pilotage de l’établissement une condition première de réussite. Elle décelait trois conditions de réussite : « d’abord l’importance donnée à la classe comme lieu d’apprentissage et de socialisation : une attention forte est apportée à la composition des classes, à leur fonctionnement et à l’évolution des résultats en cours d’année; ensuite, la mise en oeuvre de pôles valorisants…; enfin, la prise en charge des difficultés des élèves ». Mais d’autres travaux, comme l’analyse des « bons collèges » nantais ou plus récemment une enquête sur les meilleurs établissements américains, insistent sur la stabilité des équipes enseignantes ou la qualité du travail d’équipe. C’est finalement réintroduire l’importance de l’effet prof. Or peu de travaux ont mis en évidence les caractéristiques de l’effet professeur. On peut citer récemment la recherche de Pascal Bressoux, Francis Kramarz et Corinne Prost. Ils sont partis du principe que l’effet prof le plus sensible est l’efficacité scolaire. Analysant les résultats d’élèves de CE2, ils ont mis en évidence l’importance de la formation professionnelle et de la formation culturelle des enseignants. Ainsi les résultats en maths des élèves ayant un professeur formé sont supérieurs de 3 points à ceux des écoliers qui ont un enseignant non formés. De la même façon, les résultats en maths s’élèvent quand l’enseignant a un diplôme universitaire en sciences et cela même quand il n’a pas reçu de formation pédagogique. L’attitude professorale semble aussi déterminante à Olivier Maulini qui insiste sur la qualité relationnelle de l’enseignant et sur son ouverture au questionnement. Dans un article publié par le Café il explique : « ne pas attendre les questions, mais les demander explicitement. Ne pas les garder aux marges de la leçon, mais s’en servir pour régler la progression. Saluer peut-être l’élève curieux et entreprenant, mais impliquer surtout toute la classe dans le travail d’investigation. C’est comme cela que s’instaure, à l’école et par l’école, l’« union des travailleurs de la question » Le rapport au savoir se joue très visiblement autour de l’intérêt ou de l’indifférence que suscitent certaines questions ». On a tous en mémoire ces professeurs qui ont été compréhensifs et qui ont su éveiller des curiosités. Des qualités qui ne se reconnaissent pas dans un diplôme. D’autres travaux ont pu mettre en avant d’autres critères. Ainsi une chercheuse québécoise, Ginette Bousquet, a fait le lien entre les représentations que les professeurs ont de leurs élèves et les résultats scolaires. « Le professeur construit sa représentation de l’élève à partir de ses croyances, de ses valeurs et de ses attentes. Cette représentation influence ses pratiques et peut avoir une incidence sur la réussite des élèves » écrit-elle. Ainsi le « bon prof » serait celui qui croit en la réussite de tous ses élèves et globalement dans sa mission éducative. Sans doute. Mais c’est oublier les fissures qui craquèlent le métier d’enseignant. Car ce qui caractérise d’abord les profs, c’est le malaise. Selon une étude récente publiée par l’Esen, « 9 enseignants sur 10 reconnaissent l’existence d’un malaise interne. 6 sur 10 se sentent personnellement concernés ». Le malaise touche particulièrement les enseignants les plus expérimentés, le cap des 20 ans de métier étant déterminant. Son origine, selon Christian Maroy, tient à l’évolution même du métier, son intensification et sa complexité croissante. « Les enseignants vivent des sentiments de déprofessionalisation ou de tensions entre leurs orientations normatives et celles des politiques dans la mesure où la dimension « affective » et éducative du métier tend à devoir être mise en veilleuse, au profit d’une logique d’enseignement plus instrumentale. La surcharge de travail peut aussi être paradoxalement liée dans ces contextes aux tentatives des enseignants de satisfaire simultanément les demandes officielles et leurs propres conceptions du métier ». Ainsi la capacité à gérer la complexité pourrait devenir une des caractéristiques du « bon prof » de ce siècle.
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