Professeure d’histoire -géographie émérite, Catherine Chadefaud est la secrétaire générale de l’association Réussir l’égalité femmes – hommes (REFH). Avec d’autres enseignantes, elle intervient dans les cours d’histoire-géographie pour remettre les femmes dans une Histoire scolaire qui leur accorde peu de place. Et de moins en moins. Elle témoigne de ce combat.
Catherine Chadefaud a enseigné l’histoire pendant 40 ans à tous les niveaux et dans des établissements très différents. Elle a gardé la passion de l’histoire. Mais aussi celle du féminisme. Secrétaire générale de l’association Réussir l’égalité femmes hommes, elle intervient dans les établissements.
Que propose votre association aux collèges et aux lycées ?
On propose des activités en fonction de la demande du professeur à partir de cas concrets. Par exemple on intervient sur les stéréotypes de genre. On part de cas concrets, d’images. On fait réagir les élèves sur des situations. On répond aux questions des professeurs d’histoire-géographie sur l’histoire des femmes dans la société par exemple à l’époque médiévale ou contemporaine. On peut faire ces interventions à la demande d’une équipe : professeur de français et d’histoire-géographie par exemple sur des questions du bac : Mme de Lafayette ou Marivaux par exemple. Dans ce cas on intervient à deux.
Votre association propose un travail sur la Commune. Quel rapport avec l’égalité femmes – hommes ?
On part des femmes qui avaient déjà des projets féministes et qui ont essayé de les mettre en oeuvre au moment de la Commune. Bien sur on pense à Louise Michel. Mais elle n’est pas seule. Il y a par exemple Maria Deraismes ou George Sand. Et il y a des femmes des années 1870 qui s’inscrivent dans l’histoire de la Commune. Par exemple Elisabeth Dmitrieff qui était envoyée par l’Internationale et avait déjà une formation sur les revendications sociales poussée. Elle a fréquenté le groupe réuni autour de Karl Marx avant de venir à Paris. Elle crée l’Union des femmes pendant la Commune. On peut encore citer Paule Mink, une journaliste organisatrice de clubs de femmes à Paris. Elle recrute chez les femmes ouvrières et artisanes qui ont des revendications très précises sur leur indépendance économique. Durant la Commune des chose sont bougé par exemple sur l’instruction des filles.
Pourquoi faut-il faire ces interventions ? Les programmes d’histoire ne sont pas assez ouverts aux femmes ?
Ils ne le sont pas du tout ! On a travaillé sur les derniers programmes du collège. La seule année où les femmes trouvent une place c’est en 4ème avec un chapitre sur le role des femmes au 19ème siècle. On fait l’histoire des hommes et on garde un petit chapitre sur les femmes… Or nous demandons une histoire vraiment mixte.
Dans les programmes du lycée il n’y a pas de progrès. Par rapport aux programmes précédents, l’histoire sociale et la part des femmes ne sont pas présentés.
Les programmes devraient évoluer comment ?
Ils doivent reconnaitre les apports de la recherche sur l’histoire des femmes. Il faut que ces apports arrivent jusqu’aux enseignants et aux manuels. Cela changerait le regard des élèves sur l’histoire. On pourrait par exemple leur montrer la lutte des femmes pour démolir le code civil hérité de Napoléon. C’est un point qui est absent des manuels aujourd’hui. Les élèves arrivent au droit de vote pour les femmes en 1944 sans connaitre les combats antérieurs.
C’est grave car au final les filles n’ont pas de modèle pour voir quelle action elles peuvent avoir sur la société. Il faut que les filles puissent s’exprimer pour que leurs ambitions ne se cassent pas.
Propos recueillis par François Jarraud