Parmi les 40 mesures prises par le Comité interministériel à la jeunesse, le libre choix parental pour l’orientation en fin de troisième symbolise un nouvel esprit dans le système éducatif. le Comité insiste sur la réforme de l’orientation. Il met aussi au premier plan la lutte contre le décrochage, un sujet abordé par V Peillon en décembre 2012. L’accès à la culture et au numérique sont aussi des priorités gouvernementales. Au total 82 milliards sont inscrits au budget pour la jeunesse.
» J’ai fait de la jeunesse, et donc de l’école, la grande priorité de mon mandat« . Le 3 septembre, François Hollande avait repris des mots déjà prononcés par le candidat à Pierrefitte en janvier 2012. C’est cette priorité qu’a voulu matérialiser JM Ayrault en réunissant le Comité interministériel à la jeunesse que ses prédécesseurs avaient laissé tomber en déshérence. C’est qu’aujourd’hui 40% des chômeurs sont des jeunes, 1 million de jeunes sont sans formation ni emploi.
La première mesure du comité interministériel concerne l’orientation. « Un nouveau service public de l’orientation (SPO) va être créé, dans le cadre de la nouvelle étape de la décentralisation, qui rendra effectif le droit pour toute personne (élève, apprenti, étudiant, jeune à la recherche d’un emploi ou d’une formation, jeune salarié en reconversion professionnelle ou demandeur d’emploi) d’accéder tout au long de sa vie à un service gratuit d’information sur les formations, les métiers et l’insertion professionnelle. Un accompagnement personnalisé lui sera proposé, pour l’aider à construire son parcours de vie, de formation et d’insertion professionnelle ». Inscrit dans la loi de décentralisation, ce SPO suscite l’opposition de plusieurs syndicats qui craignent la « territorialisation » des personnels des CIO. Le Comité acte qu’il soit expérimenté dès septembre 21013 dans 4 à 6 régions.
La lutte contre le décrochage a fait l’objet d’une journée spéciale en décembre 2012. Le Comité annonce la mobilisation des établissements secondaires « pour favoriser le bien être à l’école et organiser un accompagnement personnalisé des élèves en risque de décrochage ». Les enseignants seront formés à détecter les signes de décrochage. Les processus d’orientation seront revisités et des structures innovantes, type PIL, seront crées. L ecomité veut aussi garantir des sorties avec diplôme des études supérieures et pour cela favoriser l’acccès aux BTS et IUT pour les étudiants en échec en université.
L’orientation en fin de 3ème. Le gouvernement veut expérimenter la possibilité de laisser aux parents le choix de la décision d’orientation en fin de 3ème. « L’objectif est de promouvoir une orientation choisie et non subie en fin de 3ème et de mieux reconnaître la place des parents dans les processus d’orientation ». Le choix de la voie d’orientation « donnera lieu à un dialogue renforcé avec l’équipe pédagogique afin d’accompagner au mieux l’élève et sa famille dans son choix… Ce dialogue se poursuivra jusqu’à l’entretien avec le chef d’établissement lorsque la proposition du conseil de classe diffère du choix de la famille. Mais le choix final reviendra à la famille ». Cette possibilité sera expérimentée dès la rentrée 2013 « dans différents territoires ».
Aujourd’hui, « en cas de désaccord, un entretien est proposé à la famille par le chef d’établissement. Le chef d’établissement peut assortir sa décision de faire droit à la demande d’orientation de l’élève de la condition que celui-ci s’engage à suivre un dispositif de remise à niveau.. Si le désaccord persiste, le chef d’établissement doit motiver sa décision et la famille dispose de trois jours pour faire connaître son choix de recourir à une commission d’appel. La décision de celle-ci est définitive ». Les taux de désaccord tournent autour de 2% des élèves de troisième, si l’on en croit les chiffres officiels du ministère. Cela concerne surtout des garçons. L’écart entre les demandes des familles et les décisions tend à se réduire au vu de ces chiffres. Mais d’autres études ont montré un profond ressentiment d’élèves des filières professionnelles pour leur orientation en fin de 3ème. On sait d’ailleurs que c’est là que se créent la majorité des situations de décrochage. Le gouvernement se rallie donc à une demande de la FCPE de laisser le dernier mot aux familles.
Le Comité veut aussi garantir l’accès des jeunes à la culture et au numérique. Cela passe par le « projet national pour l’éducation artistique et culturelle » qui engagera aussi des partenariats avec les collectivités territoriales. Le gouvernement veut aussi faire de la plate forme France TV Education son offre sur le web à destination des jeunes et des familles.
82 milliards. Bien d’autres points ont été abordés dans ce Comité comme par exemple la lutte contre les discriminations et les rapports avec la police. Au total ce sont 40 programmes, 82 milliards , qui sont engagés pour que la France cesse de faire peser sur la jeunesse et la crise et la méfiance.
François Jarraud