Combien de grévistes cette semaine ? Etalé sur plusieurs jours, le mouvement en sera-t-il renforcé ou affaibli ? Ce qui est certain c’est que le monde de l’école pourrait bien rencontrer ceux du collège et du lycée pour exprimer une exaspération commune. Du 12 au 14 novembre, les mouvements se succèdent et se mélangent.
Le calendrier
Mardi 12 novembre, les personnels de la Ville de Paris Unsa et Cgt font grève. Le mouvement entrainera la fermeture des services dans 520 écoles sur 663.
Mercredi 13, deux appels différents sont lancés et se croisent ou pas selon les départements. Le premier concerne le « rattrapage » imposé par le ministère de l’Education nationale. Sud éducation, parfois certaines sections Snes comme à Paris, invitent les professeurs du premier et du second degré à faire grève contre cette journée de rattrapage. Pour le ministère, elle est due car les élèves ont droit à 36 semaines de cours. Or la journée de prérentrée a été fixée au lundi 2 septembre : ce jour les professeurs ont travaillé mais pas les élèves. Il s’agit donc de « rattraper » ce lundi 2 mais… en appliquant l’horaire de cours d’un jeudi. Du coup, sur le terrain la situation est parfois confuse. Des établissements pensent récupérer une journée des vacances de la Toussaint. Certains appliquent à la lettre les instructions. Beaucoup ont voté en conseil d’administration des arrangements avec des récupérations partielles. Comme l’année scolaire réelle atteint rarement 36 semaines, mais qu’en même temps le travail enseignant dépasse largement les 36 semaines, l’argumentation du ministère est mal vécue. Beaucoup ne voient dans cette journée de travail destinée à récupérer une journée qui, de toutes façons, a été travaillée, qu’une occasion pour la hiérarchie de montrer son autorité sinon une certaine ingratitude.
Ce même mercredi a été choisi dans de nombreux départements pour protester contre les nouveaux rythmes au primaire. 19 sections départementales du Snuipp ont décidé de faire grève ce jour là dans le cadre d’une quinzaine d’action. C’est le cas par exemple du Snuipp 31 pour qui la journée de rattrapage est la goutte d’eau qui fait déborder le vase bien rempli par les nouveaux rythmes. « C’est un peu comme mettre du sel sur des plaies », écrit le Snuipp de Haute-Garonne.
Le 14 novembre, la Cgt, FO, Sud et la Faen appellent à une grève contre les nouveaux rythmes scolaires. Ces syndicats veulent obtenir l’abrogation du décret sur les rythmes scolaires. Ils s’opposent à une réforme qui fait « glisser les missions d’enseignement de l’Education nationale vers les communes ». Une douzaine de sections départementales du Snuipp s’y associent mais pas toujours dans un cadre intersyndical. Dans le Rhône, par exemple , le mouvement est surtout porté par l’idée que « les 4 jours de classe sont installés depuis 23 ans et il n’est pas facile de modifier aujourd’hui les rythmes ». En Seine maritime, le Snuipp appelle à faire grève le 14 mais il organise aussi une flash mob le samedi 16, le tout seul. A Paris, par contre, le mouvement du 14 s’appuie sur une large intersyndicale qui réunit Cgt, FO, Sud, Cnt. Selon le Snuipp 75, il devrait être « massif » et entrainer la fermeture de 150 écoles sur 663.
Quel pronostic ?
Officiellement les syndicats nationaux enseignants les plus importants du primaire et du secondaire n’appellent à la grève ni le 13 ni le 14. Le Sgen et le Se-Unsa ne s’associent à aucun des mouvements. Seulement trois sections départementales Se-Unsa participeront à la grève contre les rythmes. Le Snuipp, premier syndicat du primaire, a finalement lancé un appel à une « grève unitaire » en décembre. Sur le terrain seulement un tiers de ses sections départementales ont pris position et des départements importants comme le Rhône ou la Gironde ne sont pas dans le mouvement. Dans le secondaire, le premier syndicat, le Snes n’appelle pas mais certaines de ses sections départementales ont déposé un préavis contre le rattrapage du 13 novembre.
Sur le terrain, l’exaspération est bien présente chez les enseignants mais la question de la grève divise. Et pas seulement à cause des nouveaux rythmes qui ne sont appliqués que dans une minorité de communes. Précisons que , même si le rapport des Dasen estimant que tout va bien dans 93% des communes est d’un remarquable optimisme, dans nombre de communes leur mise en place se passe correctement. Les enseignants ont d’autres motifs d’exaspération. L’absence de changement, les conditions de travail difficiles, le harcèlement hiérarchique qui reste inchangé et que le rattrapage vient officialiser. Pour en avoir une idée, il suffit de lire « la goutte d’eau de la semaine » sur le site du Snuipp 69. Un département où, malgré tout, le Snuipp n’appelle pas à la grève cette semaine. Sans nul doute, les syndicats nationaux compteront les grévistes cette semaine pour imaginer décembre…
François Jarraud