Combien de grévistes mercredi et jeudi prochains ? A une semaine de l’événement, la pression monte lentement et en désordre. Mais le mouvement pourrait faire masse en réunissant professeurs du secondaire et du primaire et territoriaux.
Deux appels
Le 13 novembre, Sud éducation invite les professeurs à faire grève contre la journée de rattrapage imposée à tous les enseignants du primaire et du secondaire. Pour le ministère, cette journée est due car les élèves ont droit à 36 semaines de cours or la journée de prérentrée a été fixée au lundi 2 septembre. Il s’agit de « rattraper » ce lundi 2 mais en appliquant l’horaire de cours d’un jeudi. Du coup, sur le terrain la situation est confuse. Des établissements pensent récupérer une journée des vacances de la Toussaint. Certains appliquent à la lettre les instructions. Beaucoup ont voté en conseil d’administration des arrangements. Comme l’année scolaire réelle atteint rarement 36 semaines, mais qu’en même temps le travail enseignant dépasse largement les 36 semaines, l’argumentation du ministère est peu convaincante. Et beaucoup ne voient dans cette journée de travail destinée à récupérer une journée qui, de toutes façons, a été travaillée, qu’une occasion pour le ministère de montrer son autorité sinon une certaine ingratitude.
Un autre appel a été lancé par la Cgt, FO, Sud et la Faen pour une grève le 14 novembre. Il s’agit de protester contre les nouveaux rythmes scolaires et d’obtenir l’abrogation du décret sur les rythmes scolaires. Les syndicats s’opposent à une réforme qui fait « glisser les missions d’enseignement de l’Education nationale vers les communes ». Cet appel ne concerne que le primaire.
Dans la réalité les appels s’entremêlent au gré des circonstances. Ainsi le Snuipp, qui n’a pas appelé impérativement à la grève, annonce que 31 départements feront grève , 19 le 13 novembre et 12 le 14. Interrogé par le Café, le Snuipp explique que « selon les situations, les départements se sont associés à une autre fédération » pour porter le mouvement. De fait les départements qui optent pour le 14 ne mentionnent pas forcément l’intersyndicale. Dans le Rhône par exemple , le mouvement est surtout porté par l’idée que « les 4 jours de classe sont installés depuis 23 ans et il n’est pas facile de modifier aujourd’hui les rythmes ». En Seine maritime, le Snuipp appelle à faire grève le 14 mais il organise aussi une flash mob le samedi 16. A Paris, par contre, le mouvement du 14 s’appuie sur une large intersyndicale. Le mouvement est plus rassembleur le 13. La journée de rattrapage passe mal. « C’est un peu comme mettre du sel sur des plaies », écrit le Snuipp de Haute-Garonne.
La FSU en arbitre ?
Raz de marée ou simple mouvement d’humeur ? Il faudra attendre la fin de la semaine pour avoir une vision correcte des déclarations obligatoires déposées par les enseignants du primaire. Mais beaucoup dépendra de la position prise par les syndicats majoritaires. Pour le moment, dans le syndicat majoritaire du primaire, le Snuipp, seulement un département sur trois a opté pour l’appel à la grève. Des départements importants manquent à l’appel. Si finalement les Bouches du Rhône ont décidé le 6 novembre d’être le 13ème département à appeler à la grève le 14 novembre, la Gironde ou l’Hérault n’appellent pas. Ce n’est donc pas un raz de marée.
Le syndicat majoritaire du secondaire, le Snes n’appelle pas non plus à l’action. Il a envoyé le 6 novembre une lettre à V. Peillon demandant une suspension du rattrapage. » L’absence de souplesse de la mise en oeuvre est ressentie comme une nouvelle occurrence d’une politique managériale que nous pensions révolue. Nous vous demandons, à titre exceptionnel, de suspendre ce dispositif de rattrapage et de permettre aux CA des établissements de traiter de cette question », demande le Snes. La FSU oscille entre la position d’arbitre ou d’otage du mouvement.
François Jarraud