A 10 jours d’une grève nationale, si Vincent Peillon voulait montrer que les nouveaux rythmes scolaires s’installent dans la sérénité, il n’aurait pu trouver mieux. Dans le groupe scolaire Jean Zay, à Torcy (77), le 4 novembre, professeurs de maternelle et d’élémentaire, animateurs, asem, parents et municipalités dialoguent et s’écoutent. Les instits ont leurs élèves bien en main et un ministre venu écouter leurs doléances. Vincent Peillon a annoncé des recommandations pour le périscolaire en décembre pour l’école élémentaire et « dans les jours qui viennent » pour la maternelle.
A la périphérie de l’agglomération parisienne, Torcy est une commune de ville nouvelle qui a connu une explosion démographique à la fin du siècle précédent. La commune scolarise 3000 élèves, dont 240 dans le groupe scolaire Jean Zay composé d’une école maternelle de 4 classes et d’une école élémentaire de 6 classes. Depuis la rentrée, la ville applique les nouveaux rythmes scolaires avec 3 heures d’activités périscolaires la mardi et le vendredi de 15h à 16h30. Dans cette ville périurbaine, l’école accueille les enfants de 7 h à 19 h. Guillaume Le Lay Felzine, le maire, a opté pour ces horaires après consultation et concertation avec les enseignants et les parents.
Accueilli le 4 novembre par la rectrice de Créteil, Florence Robine, le ministre visite les classes de maternelle guidé par Maryline Begouin, la directrice. Dans le même bâtiment, Gildas Le Rudulier, directeur de l’école élémentaire, accompagne V Peillon dans plusieurs classes. Partout les enfants sont au travail. L’ambiance est calme et les enseignantes n’ont pas de mal à remettre les élèves au travail. En fin de visite, le ministre, réunit avec le maire, des enseignants, des asem, des animateurs et des parents pour un échange qui durera une bonne heure.
La maternelle s’interroge
La directrice de la maternelle est la première à soulever les problèmes posés par les nouveaux rythmes. « Il y a une confusion entre l’école, le périscolaire, les loisirs, les APC », dit-elle. « Où est l’école dans tout cela ? » M Begouin pose la question de la régularité et du repérage par les élèves des temps scolaire et périscolaire. « On demande à avoir notre propre matériel », dit-elle, « pour qu’on ne joue pas à l’école durant le périscolaire ».
« On a identifié des difficultés sur la sieste et l’identification des personnes quand le temps est trop morcelé », explique V Peillon. « Il y a la question de la transition entre école et périscolaire. Il faut que l’école soit respectée.. Il faut éviter la confusion entre les contenus. Le professionnel voit la différence entre le jeu et un apprentissage , c’est moins évident pour les autres. Le message est clair : il faut qu’on distingue les activités ».
La sérénité de l’élémentaire
Mais comment expliquer qu’à Torcy les nouveaux rythmes globalement s’installent dans la sérénité ? Gildas Le Rudulier, professeur en Ce2-cm1 et directeur de l’école élémentaire, nous aide à comprendre. « Ici on a des locaux beaux et importants », précise-t-il. Du coup le périscolaire n’occupe pas les salles de classes mais s’installe dans plusieurs salles polyvalentes. Cette question des salles est aussi relevée par V Peillon comme un noeud du problème. Deuxième facteur de changement, la concertation. « Nous avons un coordinateur des activités périscolaires attaché au groupe scolaire et qui est dans l’école comme nous 12 heures par jour », explique G Le Rudulier. Il aide beaucoup à aplanir les difficultés et à organiser les activités. Ainsi la directrice de l’école maternelle peut préciser que les règles de l’école s’imposent, après concertation, dans le périscolaire. Les élèves bénéficient de cette entente et sont bien encadrés.
Malgré tout la réforme implique de travailler une demi journée de plus. « Quatre jours c’était trop court pour les enfants », affirme G Le Rudulier. « Avoir une demi journée supplémentaire c’est plus favorable. Mais on aurait préféré le samedi matin. Mais on s’y fait car c’est une matinée où enfants et adultes sont assez détendus ». Le sourire qui accompagne cette mention, l’annonce d’un spectacle qui regroupera des travaux du périscolaire et du scolaire faits le mercredi matin témoignent d’une réelle entente.
Des ajustements très prochainement
« Je ne donnerai jamais raison à ceux qui font des demandes qui ne vont pas dans l’intérêt des enfants », précise V Peillon. « Mais il y aura des aménagements ». Pour l’école élémentaire, le ministre attendra un rapport du comité de suivi des rythmes en décembre. Pour l’école maternelle, c’est plus urgent estime-t-il. Avec l’Ageem et l’inspection, il prépare des recommandations qui pourraient être publiées « dans les jours qui viennent ». Elles devraient concerner la sieste, l’usage des salles de classe, l’identification des intervenants. Mais il faudra plus que des recommandations pour doter les écoles du personnel qualifié et des locaux nécessaires pour que les nouveaux rythmes se passent partout bien. Tout en vantant sa réforme « considérable », le ministre tire profit du dialogue qui est bien installé à Torcy pour renvoyer la balle aux enseignants. « Cette réforme se heurte à une chose : le manque de bonne volonté ».
François Jarraud