Il faut croire que les parents sont indispensables à l’éducation des enfants puisque l’Assemblée nationale annonce de nombreuses consultations et enquêtes sur la relation école – parents avec la constitution d’une mission d’information confiée à Xavier Breton (UMP), comme président, et Valérie Corre (PS) comme rapporteure. Mais comment des parents ayant un faible niveau d’instruction pourraient-ils influer sur la scolarité de leurs enfants ?
La preuve existe pourtant. Elle a été apportée par l’OCDE et résulte de la dernière enquête PISA, celle de 2009. D’après elle, pas besoin d’un master ou de consacrer sa vie à ses gosses pour les aider efficacement dans leur réussite scolaire. Voilà une nouvelle qui peut sembler une évidence. Elle mérite pourtant qu’on s’y arrête un peu.
Ce que met en évidence l’OCDE, dans Pisa In Focus, c’est deux choses. D’une part, les adolescents de 15 ans à qui les parents ont lu des livres quand ils étaient petits ont de bien meilleurs scores que les jeunes à qui on n’a jamais rien lu. La différence entre eux est importante (35 points : presque 6 mois d’école) quelque soit le milieu social d’origine. D’autre part, les adolescents qui ont des parents qui discutent avec eux de politique, de cinéma, de livres, de la télévision ont de meilleurs résultats que ceux qui ne bénéficient pas de ces échanges. L’écart là aussi est important (28 points).
Mine de rien ces faits interpellent le débat sur l’Ecole. D’abord ils établissent que les résultats scolaires ne se jouent pas qu’à l’école. Pour une école qui tourne le dos aux parents, pour un pays et une école qui croient tant dans le mérite et l’effort, ces résultats apportent un éclairage vraiment troublant.
Ils interviennent aussi dans le débat sur l’apprentissage de la lecture. Ce que nous rappelle l’OCDE c’est que la lecture est d’abord une pratique sociale. On lit avec aisance pour retrouver le plaisir que l’on a eu d’histoires partagées avec ses parents et pour les imiter. Le débat sur les méthodes ont leur mérite. Mais il occultent le vide en matière de politique culturelle et sociale qui semblent pourtant des leviers efficaces.
Enfin ces résultats ne doivent pas nous faire oublier tout ce que nous savons sur les capacités des familles à reproduire leur patrimoine social et de la société à fabriquer des inégalités. Tout ne se joue pas à l’école. Mais ce « tout » là, l’école française n’arrive pas par la suite à l’effacer. Voilà des questions pour la nouvelle commission..
François Jarraud