Par François Jarraud
Quelques jours après la tenue du CSE , qui a validé la réforme du lycée, Sylvain David,président de l’Apses, principale association de professeurs de SES, revient sur la place des SES dans la réforme. Derrière la diminution de l’horaire des SES, il y aurait il une normalisation en route ?
On est juste après la tenue du CSE. Pour vous le dossier SES en est ou ?
Il est toujours en cours. Pour nous tant que la réforme n’est pas mise en œuvre concrètement on va continuer pour la reconnaissance des sciences économiques et sociales au lycée. Le combat continue.
Des étapes ont été posées ?
Il y a eu plusieurs étapes. On a passé une tribune dans Le Monde. On a réuni 800 profs en manifestation à Paris. Ce n’est pas rien (NDLR : il y a 3893 professeurs de SES en France). Entre temps est arrivée cette affaire de l’histoire-géo en terminale S. On a l’impression qu’il y a une trame qui est la reconnaissance de l’apport des sciences humaines et sociales dans la formation des lycéens. On se dit que ce n’est peut-être pas par hasard que le ministre a du mal à intégrer les SES à la formation commune des lycéens. L’étape suivante c’est de monter qu’il y a une question de fond sur la place du lycée et la formation à donner aux lycéens.
Il y a une ambiguïté puisque le ministre promet qu’il y aura de l’économie pour tout le monde, soit SES soit éco gestion.
Il parle que d’économie alors quid des autres sciences sociales ? Déjà ce n’est plus qu’une heure et demi au lieu de 2 h 30 . Et ce sera pour de l’économie. Sur 90 minutes, la place accordée aux autres sciences sociales comme la sociologie, l’anthropologie ou les sciences politiques, sera très marginale. La sociologie ne semble pas en odeur de sainteté au ministère. Après il y a une question aussi sur l’économie : est –ce une économie très « pratico-pratique » où l’objectif sera de fournir aux élèves un peu de technique, où on apprendra aux élèves à gérer un compte etc. ou est ce donner aux élèves les moyens de s’approprier les question économiques et sociales ?
Pour l’instant on a l’impression qu’il y a une volonté de rupture. Par exemple on le voit dans le rapport du HCE qui veut enseigner plus de fondamentaux et remanier les supports pédagogiques. C’est une idée que l’on a déjà trouvé sous la plume de M Pébereau qui est membre du HCE. Ce qu’on comprend c’est qu’ils ne veulent que de l’économie. Ils auraient préféré qu’on arrête avec les autres sciences sociales. La volonté idéologique de transformer les SES est toujours sous-jacente. Par la bande on marginalise la sociologie et les sciences politiques et on évacue tout ce qui peut faire débat en économie.
Vous pensez que vos collègue d’éco-gestion ne problématisent pas leur enseignement comme vous ?
J’ai cru comprendre que l’enseignement en série STG est plus professionnalisant, qu’il entre plus dans les rouages des organisations ce que nous n’abordons pas forcement.
Pourquoi le gouvernement voudrait il évacuer le débat ?
On revient sur les finalités du lycée. Veut on former des citoyens capables de prendre part aux débats en cours ou avoir une finalité très professionnelle et technique. Ca renvoie au débat sur l’histoire-géo en terminale S. Ce n’est pas anodin de marginaliser les sciences sociales dans la formation des lycéens. Le ministère a été habile il a dit qu’il mettait de l’économie obligatoire en lycée. Ce qu’il oublie de dire c’est quelle est la finalité de l’économie qu’ils rend obligatoire. La particularité des SES c’est la possibilité de mobiliser d’autres sciences sociales. Quand on travaille sur la famille avec les élèves, qu’on mobilise la sociologie, ça leur donne à comprendre la société dans laquelle ils vivent. J’ai l’impression d ‘un tour de passe-passe.
Que vont perdre les lycéens ?
Ils vont perdre en culture générale. On est en train de spécialiser le parcours du lycéens. On oublie que le scientifique doit avoir une culture générale en histoire et que le littéraire doit avoir une culture en sciences. On fait un choix sans le dire.
Vous croyez que vous aurez moins d’élèves avec cette réforme ?
En quantitatif oui. Mais c’est le qualitatif mon souci. Que pourrai-je faire avec eux ? Les dédoublements se joueront au niveau de l’établissement et ce n’est pas certain que les SES en bénéficient. Ce qui me peine c’est qu’avec une 1h30 en classe entière je ne peux plus faire de travaux de groupe, de recherches. En terme de pratique pédagogique ce n’est pas satisfaisant.. Pour moi faire de l’économie ce ne doit pas être seulement écouter un prof parler. Je veux que mes élèves aient le temps de découvrir des documents et même de se tromper.
Sylvain David
Entretien François Jarraud
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