Si l’Ile-de-France résiste mieux à la crise que les autres régions c’est d’abord à cause de la qualité de ses formations, a explique le 27 août Jean-Paul Huchon, président du conseil régional. Parler rentrée en Ile-de-France c’est bien sur parler gros chiffres. Avec 472 lycées, des investissements colossaux, la politique éducative régionale a aussi des conséquences économiques importantes. Mais c’est aussi parler politique. Emmenée par Jean-Paul Huchon et Henriette Zoughebi, vice-présidente en charge des lycées, la politique éducative de la région se fixe des objectifs citoyens dans un contexte de réforme territoriale.
« Les Franciliens sont plus qualifiés et plus formés que les autres », explique Jean-Paul Huchon en ouvrant la conférence de rentrée du conseil régional le 27 août. C’est pourquoi « l’Ile-de-France résiste mieux que les autres régions à la crise ». Avec Henriette Zoughebi, vice-présidente en charge des lycées, le président va préciser les orientations de la politique éducative régionale et les défis qui arrivent.
Des investissements massifs
Avec 472 lycées, la région Ile-de-France gère un parc immobilier gigantesque. Les investissements en ce domaine sont énormes. Le programme d’investissement 2012-2022 prévoit 1,4 milliard pour la construction et la rénovation des lycées d’ici 2022, ce qui représente 7 500 emplois dans le BTP ! Un nouveau lycée ouvre à cette rentrée au budget (30 millions). Deux autres ont été rénovés ou reconstruits à Etampes et Montmorency. Le chantier d’un quatrième lycée, avec internat, sera lancé dans quelques jours à Noisy-le-Grand (93) (50 millions). Car la région a aussi lancé un programme important d’ouverture d’internats et un autre internat ouvrira en octobre à Paris (10 millions). La région investit aussi dans l’apprentissage. Il bénéficie d’un soutien financier massif (388 millions d’euros ) et aussi d’une politique éducative originale pour lutter contre les ruptures de contrat.
Egalité et ambition
« Le fil rouge de notre action c’est l’égalité et l’ambition pour tous nos jeunes ». Henriette Zoughebi aime montrer que c’est « la parole politique qui donne le sens de ce qu’on fait ». La politique éducative régionale fait son chemin en gardant le cap de la réussite éducative et de l’égalité entre les jeunes.
Concrètement, la région expérimente EquiTable, un programme de soutien à la restauration en lycées. Dans deux départements, le 93 et le 95, une tarification unique de la restauration collective est mis en place avec un prix du repas situé entre 1,5 et 4 euros. »Nous améliorons ainsi le pouvoir d’achat des Franciliens le splus en difficultés, la santé de leurs enfants et nous améliorons la confiance envers les décideurs », explique JP Huchon. Henriette Zoughebi se soucie de ceux qui ne peuvent pas payer 1,50 euro. « Je vais aller voir la nouvelle ministre et lui poser la question. Il faudra bien qu’elle abonde le fonds de solidarité lycéenne puisqu’elle dit vouloir travailler contre les inégalités ». En attendant, cette politique change le quotidien des lycées avec l’augmentation du nombre d’élèves qui déjeunent au lycée. Le lycée devient plus accueillant pour les jeunes des quartiers populaires.
Des budgets participatifs
Un autre axe, lui aussi social, politique et éducatif, marque la politique régionale : les budgets participatifs lycéens. Dans 40 lycées, la région propose aux lycéens de décider des améliorations locales. Concrètement le CVL peut disposer d’un budget de 70 000 euros et d’un accompagnement à condition d’être capable de construire un projet. Et ça marche. Les lycéens s’investissent dans leur établissement. A Paris les élèves d’Alembert ont imaginé un espace culturel. A Quincy (91) ils ouvrent un « city stade ». A Stains c’est « la bulle » un espace de travail rénové.
Développer la démocratie lycéenne
Mais soutenir la démocratie lycéenne c’est aussi faire face aux enjeux de la réforme territoriale. A commencer par la réforme des conseils d’administration mise en place par la loi d’orientation. Celle-ci accorde au conseil régional deux représentants au CA des lycées. « C’est un vrai sujet de démocratie fondamentale », explique Henriette Zoughebi. Pour elle, les deux sièges ne doivent pas être partagés entre élu et fonctionnaire régional. « Le C.A. c’est un lieu politique. C’est l’espace de la parole politique, celle qui donne du sens à ce qu’on fait. Cette parole politique ne peut être protée que par des élus ». Il reste à les convaincre et à les trouver alors que la reforme territoriale envisage de diminuer le nombre des conseillers régionaux.
La réforme pose aussi la question du devenir des collèges. En Ile-de-France ce n’est pas simple puisque les collèges seront à répartir entre la métropole (nouvelle structure politique), la région et même la Ville de Paris qui garde des compétences départementales. Jean-Pierre Huchon « ne voit pas la logique d’affecter les collèges a la métropole en petite couronne et à la région en grande couronne ». Pour lui c’est la région qui devra, à l’horizon 2016, prendre en charge les 650 collèges franciliens. Avec un double défi : créer un nouvel espace d’action collective pour imposer plus de mixité sociale. Les études de l’Observatoire régional de la mixité sociale et de la réussite éducative ont mis en lumière les phénomènes ségrégatifs dans le système éducatif dans les collèges et les lycées. Pour relever ces défis, H Zoughebi compte sur les conventions entre la région et l’Etat. « Les internats que nous ouvrons sont des outils de mixité sociale. C’est un sujet que nous travaillons en commun avec les académies, par exemple sur la définition des critères d’admission. Il faut que les enfants des milieux populaires aient de meilleures conditions d’étude. Les conventions avec les académies doivent entrer en application en ce sens ».
François Jarraud