Lucie Jallais : Des éco-projets en SVT
Les idées ne manquent pas pour les élèves du lycée Pierre Bourban à Guéret (23). Création de mobilier recyclé, minifilm documentaire, opération « Adopte un livre » et fil d’information sur Instagram. Les éco-lycéens de Lucie Jallais, enseignante en SVT, sont lancés pour une année de projets. Comment les thématiques « gaspillage alimentaire » et « prévention de déchets » sont-elles abordées ? Comment l’enseignante perçoit-elle la restructuration du lycée ? « Notre atelier n’est réservé à aucune spécialité particulière », annonce celle qui est aussi impliquée dans une bourse aux minéraux et fossiles visible au lycée.
Quelles sont les propositions d’actions envisagées cette année ?
De nombreuses idées ont été émises en octobre dernier par notre nouvelle promotion d’éco-lycéens et de personnels engagés dans l’atelier développement durable. Elles ont ensuite pour beaucoup été validées par la « Commission Développement durable » réunie fin novembre. Parmi ces idées d’actions, nous retrouvons la poursuite de celles engagées l’année passée comme la réfection des bancs, l’augmentation du nombre de plantes dépolluantes, la plantation des pommiers de variétés locales greffés en mars dernier par les éco-lycéens, ou encore la création d’une signalétique pertinente indiquant les déchets correspondant aux différents types de poubelles.
Cependant de nouvelles actions sont envisagées comme par exemple la création de mobilier simple en bois de récupération recyclé (palettes, bobines) afin d’aménager certains lieux de vie des élèves ou encore la création d’hôtels à insectes si l’on considère uniquement la thématique « Augmentation de la biodiversité et amélioration des conditions de vie dans l’établissement ». Les idées portent aussi sur la communication avec des informations apportées sur Instagram, ou encore au micro de la vie scolaire, la création de mini films et d’une base documentaire dédiée au développement durable sur le site du lycée ainsi qu’un nouveau numéro de notre journal interne l’ « Ecotidien » abordant tous les thèmes du développement durable.
Comment la thématique « tri, recyclage et prévention des déchets » sera-t-elle abordée ?
Cette thématique sera surtout abordée en terme de solidarité et de revalorisation puisque les éco-lycéens aimeraient organiser différentes collectes afin de mettre en place des « dépôts-dons » de vêtements et accessoires, de matériel scolaire ou encore de livres auxquels pourraient participer élèves, familles et personnels du lycée, sur des journées ponctuelles mais aussi de façon permanente dans l’établissement. Je pense notamment à l’opération « Adopte un livre », sorte de bibliothèque libre et gratuite, déjà organisée en salle des professeurs grâce à une idée donnée par une collègue de français, qui pourrait ainsi être appliquée aux élèves, par exemple dans une vieille cabine téléphonique libre d’accès installée dans la cour du lycée.
Au niveau administratif, des efforts particuliers sont fournis pour limiter les impressions papiers (quotas sur les photocopieurs, police éco-responsable Ryman Eco accessible sur tous les ordinateurs) mais aussi pour optimiser le recyclage du papier (par les élèves dans les salles de classe et au niveau du tri sélectif avec un ramassage spécifique). L’idée d’une journée « zéro déchets » a aussi été envisagée au moment de la semaine du Développement durable en mai prochain mais les éco-lycéens ont à cœur de revaloriser aussi les déchets de cuisine avec un possible partenariat avec la SPA départementale, une utilisation approfondie des composteurs déjà en place et pourquoi pas l’aide de gallinacés qui pourraient dans quelques temps être installés dans l’enceinte du lycée (idée toutefois difficile à mettre en place à court terme).
Et celle autour du gaspillage alimentaire ?
Concernant le gaspillage alimentaire, plusieurs grandes idées fondamentales sur lesquelles agir ont été ciblées:
– Connaître les goûts et ressentis des usagers : pour cela nous continuons nos enquêtes de satisfaction (globales et ponctuelles concernant les nouveautés servies) mais nous demandons aussi les préférences des élèves et des personnels (par exemple, le repas de fin d’année a été élaboré après avoir obtenu les résultats d’un sondage réalisé en amont à partir de différentes propositions de plats)
– Evaluer le gaspillage : après avoir travaillé sur le gaspillage du pain, une table de tri va être mise en place grâce au conseil régional, qui nous permettra d’évaluer précisément les quantités gaspillées mais aussi de permettre une sensibilisation ciblée et chiffrée des usagers
– Eviter le gaspillage : un « frigo de troc » va être mis en place et une affiche « Petite faim-grande faim » a été élaborée afin d’adapter au mieux les portions servies aux besoins de chacun, permettant aussi de favoriser les échanges entre usagers et personnels de cuisine. La mise en valeur du « fait-maison » sera aussi une priorité.
– Récompenser les efforts : grâce aux économies réalisées, des repas à thèmes ont pu et pourront être organisés, en précisant bien, pourquoi ils ont été possibles. L’an dernier par exemple un kébab a pu être proposé à tous les demi-pensionnaires grâce aux économies réalisées en amont sur le pain.
Afin de rendre ces objectifs plus ludiques et attractifs, les éco-lycéens envisagent aussi de créer en parallèle des mini-films sur ces sujets qui pourraient être visionnés sur différents écrans de l’établissement.
Quel regard avez-vous sur la restructuration du lycée ? Pensez-vous avoir toujours autant de marge pédagogique pour mener ces projets ?
La réforme du lycée, telle que nous en connaissons aujourd’hui les grandes lignes, semble importante en terme de changements, limitant par exemple la vision à long terme des enseignants puisque les quotités horaires par discipline risquent d’être remises en question chaque année, sans parler de l’importance des choix des élèves, souvent prématurés par rapport à l’idée qu’ils se font (ou pas) de leur future orientation… En terme de développement durable, le contrôle continu risque d’autre part d’être extrêmement consommateur de papier, ce qui n’est pas vraiment une bonne nouvelle quand on sait qu’un établissement comme le nôtre consomme déjà environ 2400 ramettes (A4) nécessitant l’abattage d’environ 150 arbres de 12m de long et de 20 cm de diamètre de tronc…une partie du nouveau programme de SVT portera sur l’écologie, ce sera ainsi une occasion supplémentaire d’aborder ce sujet complexe avec les élèves !
La restructuration du lycée ne me semble justement pas être un obstacle à la mise en œuvre de ces actions de développement durable (même si elle risque d’être très chronophage) puisque notre atelier n’est réservé à aucune spécialité particulière, tous les élèves toutes « filières » confondues et tous les personnels, qu’importe leur discipline ou leurs missions, pouvant en faire partie. Au contraire ces projets sont fédérateurs et permettent de considérer le lycée et la vie en général autrement que par des préoccupations individuelles.
Quelle est cette bourse aux minéraux et fossiles mise en place au lycée ?
En effet en décembre dernier, s’est tenue la 24ème Bourse aux minéraux et fossiles du lycée. C’est l’occasion tous les ans de venir admirer et acheter des merveilles minéralogiques, des fossiles datant parfois de plusieurs centaines de millions d’années mais aussi des bijoux artisanaux. Cette année, 12 exposants venus de toute la France se sont installés dans notre salle polyvalente, proposant à la vente leurs magnifiques collections. Depuis ses débuts cette bourse était organisée par des enseignants du lycée, passionnés de minéralogie mais aujourd’hui à la retraite, souhaitant désormais « passer le témoin ».
L’équipe des enseignants de SVT a de ce fait commencé à prendre le relais, en impliquant notamment les élèves de Terminale S du lycée qui ont pu non seulement présenter des animations au public à cette occasion mais aussi découvrir le monde de la minéralogie et de la cristallographie, en parallèle de leur programme de géologie dans le cadre duquel ils ont participé au 1er trimestre à des sorties sur le terrain. Cette manifestation a aussi cette année été l’occasion de présenter une exposition prêtée par la Société Géologique du Limousin sur les Minéraux de la région et d’autre part, de mettre à l’honneur M. Roland Pierrot, ancien élève de notre lycée dans les années 50 devenu minéralogiste de renommée mondiale, en inaugurant une salle de l’établissement à son nom et en exposant sa collection de minéraux, prêtée par la Société des Sciences de la Creuse avec laquelle le lycée est en partenariat.
Entretien par Julien Cabioch
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