Par Françoise Solliec
Les centres de formation par l’apprentissage, CFA, ne sont pas oubliés dans la distribution des équipements TICE régionaux. Un des pionniers de leur utilisation, le CFA tertiaire Stephenson (Paris 18ème), articule même sa politique de formation et de communication autour de ces équipements et évolue avec eux.
Le CFA Stephenson accueille environ 1000 jeunes, à des niveaux allant de la classe de préapprentissage, pour d’ex-collégiens en définition de projet professionnel, au master (tourisme en collaboration avec Paris 1, banque avec Paris 12, commerce avec Marne-la-Vallée). L’accueil est assez large, car l’équipe du CFA privilégie la motivation des jeunes pour les métiers du tourisme, du commerce, de la banque et de la vente par rapport aux résultats scolaires et le public est donc assez hétérogène.
Depuis 1991, l’établissement a fait le pari d’un investissement lourd sur le multimedia. Cette orientation, mûrie à l’occasion de la construction d’un nouveau bâtiment, s’est traduite par un contrat qualité avec la région.
« L’établissement », déclare Natacha Ollivier-Gendron, responsable qualité du CFA, « dispose aujourd’hui de plus de 500 ordinateurs et de 50 portables Wifi en libre accès. L’espace multimedia est ouvert de 8 h à 20 h et toutes les salles de cours sont équipées d’un poste maître relié à Internet. Dans les salles numériques, les élèves travaillent sur des postes individuels. Nos formateurs ont fait de gros efforts pour leur fournir des parcours de formation individualisés et ont développé de nombreuses séquences sur une plate-forme Moodle. L’utilisation de tous ces outils est naturelle pour les jeunes, mais il faut leur apprendre à dépasser l’aspect gadget et les convaincre rapidement de la plus-value pédagogique apportée. Le formateur doit être très au clair, aussi bien sur les objectifs que sur les modalités d’utilisation. Le rôle de l’enseignant se modifie, le savoir est plus accessible, mais il lui faut accompagner davantage ».
Un tel projet est relativement lourd pour l’administration. Au cours du temps plusieurs postes spécifiques ont été créés (dont celui de la responsable qualité) pour gérer les évolutions des matériels, former les utilisateurs et travailler la liaison numérique avec les entreprises. « La communication est facilitée par les échanges numériques, mais elle doit n’en être que plus rigoureuse ».
Les jeunes utilisent aussi les techniques audio-visuelles dans d’autres situations. Dans les salles de sketch (desk d’une agence de voyage, espace de vente, magasin …), ils s’entraînent à des gestes et des discours professionnels, filmés par une caméra. Les séquences sont ensuite retravaillées en groupe.
L’espace numérique de travail, Alice, développé avant même qu’on en parle au niveau national et qui a évolué sur plusieurs versions, est un outil de liaison précieux avec les entreprises. « L’ENT donne toutes les informations pour suivre le jeune en alternance (situation, calendrier des activités, évaluation) » explique Natacha Gendron. « La version actuelle est le fruit d’un long travail avec les entreprises pour élaborer les référentiels, les fiches de liaison et d’évaluation ». La division de l’apprentissage du rectorat a elle aussi suivi le projet de près, dans l’espoir de pouvoir en transférer les acquis vers d’autres CFA.
Vis-à-vis du projet, les services de la région ont été plutôt facilitateurs. Les demandes d’équipement ont parfois transité dans le cadre de projets d’investissement ou de contrats qualité, mais le CFA estime avoir toujours eu une grande souplesse de fonctionnement et avoir pu saisir des occasions très diverses. Ce fonctionnement a joué un rôle non négligeable dans la dynamisation de l’établissement, car si la région aide au lancement des projets et à la création de postes, il revient ensuite au CFA d’intégrer ces nouvelles charges dans son fonctionnement ordinaire.