Par Serge Pouts-Lajus
De nombreux conseils de jeunes ont été créés dans les villes (conseil municipal des jeunes), les départements et les régions. Il en existe tant qu’une association nationale des conseils d’enfants et de jeunes les regroupe. Le conseil régional francilien des jeunes (CRJ) est l’un des plus récemment créés mais il se distingue de la plupart des autres par un trait : ses membres sont désignés par tirage au sort. Une particularité qui mérite que l’on s’y arrête.
Créé le 18 novembre 2004, le CRJ compte en principe 140 membres, élus pour deux ans. Il vise trois objectifs principaux. Il est d’abord une instance que le conseil régional (celui des grands) peut solliciter lorsqu’il souhaite connaître l’avis des jeunes sur les politiques régionales en préparation qui les concernent directement : on pense bien sûr aux politiques d’éducation, de formation, d’accès à l’emploi, mais également aux politiques de ville, aux politiques relatives aux sports, à la culture et aux loisirs. Le CRJ peut également saisir le conseil régional sur des sujets qui l’intéressent et prendre ainsi l’initiative de propositions pour de nouvelles politiques ou l’adaptation de politiques existantes. Enfin, le CRJ est une instance d’apprentissage et de pratique de la citoyenneté et de la vie publique : les membres du CRJ doivent s’astreindre à s’engager dans l’action collective en respectant des procédures et un calendrier de travail.
Pour fixer les modalités de désignation des 140 membres du CRJ, les conseillers généraux ont choisi de privilégier le principe de représentativité. Ce choix les a conduit à renoncer à la procédure classique d’élection qui a le défaut de favoriser certaines catégories de candidats au détriment d’autres et de produire des assemblées qui représentent parfois mal la diversité des électeurs. On pense en particulier à la proportion de femmes ou de personnes appartenant à certaines catégories sociales ou d’origine. Pour que le CRJ soit véritablement à l’image des jeunes franciliens eux-mêmes, une autre démarche devait être adoptée que celle, traditionnelle, d’une campagne de candidature suivie d’un vote. Le tirage au sort, on l’oublie souvent, est le processus de désignation démocratique permettant de garantir la composition des assemblées et de ne pas confier systématiquement le pouvoir à des personnes prétendant être les plus aptes à l’exercer ou le désirant avec le plus de force.
La procédure retenue pour désigner les membres du CRJ est basée sur un ensemble de 96 collèges (2x8x6) croisant trois types de caractéristiques : de genre (garçon, fille), de résidence (dans l’un des 8 départements) et de situation sociale (en activité, chômeur, lycéen, étudiant, apprenti, en formation professionnelle). Tous les jeunes de 15 à 23 ans résidant en Ile de France peuvent se présenter. Il leur suffit de remplir un formulaire en ligne. Les candidats sont ensuite répartis dans les 96 collèges. Un tirage au sort est enfin réalisé dans chaque collège, en tenant compte de la répartition statistique globale des jeunes franciliens dans les collèges.
Pour le succès de cette procédure, le nombre de jeunes qui se portent candidats est un paramètre très important. En 2005, la campagne d’information s’était déroulée sur le terrain grâce à des opérations dans les quartiers : 2000 jeunes franciliens s’étaient alors présentés. Deux ans après, les organisateurs ont davantage misé sur l’affichage, les médias audiovisuels (radio et télévision) et le Web. Le nombre de candidats a été cette fois nettement inférieur (environ 800) : les 96 collèges n’ont pas pu être suffisamment fournis et 135 délégués seulement ont pu être désignés.
L’objectif de représentativité est néanmoins parfaitement atteint. En accueillant les nouveaux élus le 1er décembre dernier, le président Huchon pouvait constater d’un seul coup d’œil, par le nombre de jeunes filles et la variété des couleurs de peau, que le CRJ était davantage à l’image de ceux qu’il représente que l’assemblée qu’il a l’honneur de présider.
Pour la nouvelle mandature du CRJ, un blog et des outils de collaboration en ligne sont mis à la disposition des nouveaux conseillers. Les premières contributions sur le blog proviennent plutôt de lycéens qui, comme Nathan que nous avons interrogé, prennent leur mission à cœur et se sont déjà engagés dans des groupes de travail dont ils ont eux-même défini la thématique. Le blog sera certainement pour ces jeunes et ceux qui les accompagnent, le meilleur moyen de suivre, au jour le jour et pendant les deux années de son mandat, les actions du nouveau CRJ.