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Par Françoise Solliec, d’après des informations recueillies auprès d’Eric Join-Lambert, administration régionale, et Marie-Noelle Amalbert, rectorat de Créteil

Quelle est l’insertion des élèves des lycées franciliens, sept mois après leur sortie du système scolaire, avec ou sans qualification ? Dans le cadre de l’enquête nationale « Insertion dans la vie active », IVA, un traitement spécifique est réalisé chaque année au niveau régional pour répondre à cette question, dans le cadre d’un partenariat faisant intervenir services régionaux, services académiques et Onisep Ile-deFrance.

Une photographie régionale de l’insertion professionnelle à la sortie du lycée

Deux enquêtes nationales sont effectuées chaque année dans toutes les académies pour connaître l’insertion des jeunes dans la vie active. L’une, IVA, concerne les sortants de lycée (élèves de CAP, BEP, Bac Pro, Bac, mentions complémentaires, filières post-bac), ayant ou non obtenu leur diplôme. L’autre, Insertion professionnelle des apprentis, IPA, s’adresse aux sortants des CFA, qualifiés ou non. Les jeunes, à l’exclusion de ceux qui sont à nouveau en formation ou en apprentissage, sont interrogés au 1er février de l’année suivant leur sortie.

Jusqu’en 2005, la région Ile-de-France a utilisé telle que la méthodologie de l’enquête nationale IVA : questionnement des élèves issus d’une moitié des formations (l’autre moitié étant traitée l’année d’après) effectué par les lycées, sur la base d’un échantillonnage fourni par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère, DEPP. Depuis 2006, une convention a été passée entre les trois académies et la région pour modifier le protocole. Ainsi, tous les sortants de toutes les années terminales de formations franciliennes (ainsi que ceux de 1ère année de BEP et CAP) sont désormais interrogés annuellement et une relance téléphonique des non répondants est effectuée, financée par la région.

Cela a permis d’augmenter considérablement le nombre de réponses (en 2006, 57 600 franciliens ont été interrogés, 37 800 ont répondu, soit un taux de réponse de 66 %). Cependant, afin d’obtenir des données représentatives au plan académique, un système de pondération a été instauré pour compenser les non-réponses. Toutes les données présentées et analysées dans les documents de synthèse portent sur des effectifs pondérés.

Les questionnaires, élaborés par la DEPP, sont transmis dans les établissements retenus (différents chaque année, sauf pour les filières très spécialisées) fin novembre pour un envoi courant janvier aux lycéens concernés à leur dernière adresse connue. Le questionnaire porte sur la situation de ces jeunes au 1er février et comprend essentiellement des questions fermées. Une première partie permet d’identifier le profil, la vie sociale et les acquis – même en dehors du système éducatif – qui peuvent faciliter l’accès à l’emploi de chaque élève interrogé. Une seconde série de questions renseigne les modalités de l’insertion professionnelle et la situation lorsque le jeune n’est pas en emploi. Enfin, la dernière partie permet de juger le degré de satisfaction de l’élève vis-à-vis de sa formation et de son orientation scolaire.

Dans les situations, on distingue la situation d’emploi (contrat aidé ou non aidé, contrat permanent ou temporaire), de chômage (correspondant à une situation déclarée de recherche d’emploi, la définition du chômage dans IVA n’étant pas celle du chômage au sens du BIT) ou d’inactivité (par exemple non recherche d’emploi ou situation d’attente d’un contrat d’intérim, non déclarée comme du chômage).

Les questionnaires remplis sont retournés aux établissements pour saisie informatisée et identification des non répondants qui seront l’objet d’une relance téléphonique.

Compte tenu de la lourdeur de traitement des données, c’est chaque année une académie différente qui s’en charge au niveau francilien. Ainsi le service statistique de Versailles a été maître d’œuvre pour l’enquête 2006 et celui de Créteil pour 2007. Sur la base d’une première synthèse, effectuée par cette académie, un document d’information de 4 à 6 pages est réalisé par l’ensemble des partenaires, SAIO, services statistiques, parfois DAET pour les académies, Dronisep, Oref (observatoire régional de l’emploi et de la formation) et services régionaux pour la région. Ce document, téléchargeable sur différents sites, est envoyé directement dans les lycées et mis à disposition des CIO. Parallèlement, un traitement plus détaillé est effectué, les 3 SAIO se partageant l’ensemble des formations, dont le résultat, élaboré dans le même cadre partenarial que le premier document de synthèse, sera accessible en ligne sur les sites académiques.

IVA fournit donc en Ile-de-France une photographie relativement fine et fiable des métiers d’accueil à 7 mois des sortants du système scolaire. De plus, même si la méthodologie d’enquête n’a pas été strictement la même dans les années antérieures, on peut, depuis les années 2000, repérer dans un certain nombre de secteurs des tendances qui correspondent à une indéniable réalité. Ainsi, par exemple, on prévoit à moyen terme le maintien d’un secrétariat polyvalent aux tâches de plus en plus spécialisées, les tâches basiques se redistribuant sur les TIC ou dans d’autres catégories professionnelles. De même, dans le secteur électricité électronique, l’emploi sera plus aisé au niveau bac pro ou BTS qu’au niveau CAP-BEP.

Ces données immédiates restent cependant insuffisantes pour une réelle étude de l’insertion professionnelle francilienne et plusieurs travaux disponibles sur le site de l’Oref les mettent en relation avec les résultats des enquêtes Céreq, notamment Génération 1998 et Génération 2001, qui permettent de connaître les situations d’emploi des jeunes respectivement 5 et 3 ans après leur entrée dans la vie active.

Comme il est dit dans le document présentant les premiers résultats d’IVA 2006, « Les nombreux travaux du Céreq sur l’insertion des jeunes à partir des enquêtes générationnelles tendent à montrer que les processus d’entrée sur le marché du travail et les parcours des jeunes à la sortie du système scolaire se sont complexifiés et étalés dans la durée.

L’interrogation à 7 mois de l’enquête IVA apporte néanmoins un éclairage important et d’une certaine manière « prédictif » de la suite des parcours. Ainsi, la comparaison des résultats à ceux de la Génération 2001 interrogée par le Céreq au printemps 2004, montre la cohérence entre plusieurs constats, même si les populations interrogées ne sont pas rigoureusement identiques (l’enquête Génération 2001 comprend tous les sortants de l’enseignement supérieur – y compris aux niveaux I, II et DUT – ainsi que les diplômés par la voie de l’apprentissage) ».

Signalons de plus que nombre des tendances indiquées par IVA, telles la baisse du nombre des emplois non qualifiés ou l’insertion plus aisée des diplômés de haut niveau, se retrouvent confirmées dans les enquêtes Céreq.