C’est un collège, A. Renoir à Asnières (92), que Vincent Peillon a choisi pour présenter sa Lettre aux personnels et les mesures de la rentrée. Il a notamment annoncé le recrutement de 355 emplois supplémentaires dans le secondaire. Une façon de convaincre que celui-ci n’est pas oublié, après la création d’un millier de postes au primaire, et que l’éducation reste la priorité du gouvernement.
« La priorité de ce gouvernement à l’école est confirmée ». Vincent Peillon, qui était accompagné de Gorge Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative, en a fourni les preuves le 26 juin. A un moment où le gouvernement sort d’un séminaire gouvernemental sur les finances publiques (tenu le 25 juin) qui a décidé des économies et se prépare à annoncer un collectif budgétaire le 4 juillet. Le ministre a rendu hommage aux enseignants du secondaire : « solidarité profonde, respect profond pour le travail conduit par les communautés éducatives ».
355 nouveaux enseignants et CPE ausecondaire
Il a aussi annoncé des moyens nouveaux. Au millier d’emplois de professeurs des écoles, il ajoute le recrutement de 75 CPE et de 280 professeurs du secondaire supplémentaires. Les 75 postes de CPE seront garnis en faisant appel à la liste complémentaire du concours 2012. Pour les 280 enseignants du second degré le ministre a eu plus de mal. En effet dans les disciplines les plus demandées le nombre de candidats est trop faible pour espérer construire une liste complémentaire au Capes. V. Peillon a trouvé une solution originale. Ce sont les jurys de l’agrégation qui construiront des listes complémentaires à partir des admissibles à l’agrégation. Les candidats retenus obtiendront automatiquement le Capes. Ainsi 60 professeurs certifiés de lettres, 70 d’anglais, 90 de maths rejoindront les établissements à la rentrée. Il faut y ajouter 60 professeurs d’EPS sur liste complémentaire du Capeps.
« On pourra penser que ce n’est pas à la hauteur mais c’est ce qu’il est possible de faire », a précisé V. Peillon. Le recrutement de 355 enseignants et CPE supplémentaires compense partiellement le déficit entre le nombre de postes mis aux concours et celui des candidats recrutés. Il répond aussi aux critiques de ceux qui craignaient que le ministre ne soutienne que le primaire. Enfin, il ne coute rien au budget puisque ces postes étaient crédités. Le ministre est allé au maximum des possibilités de recrutement à un moment où le nombre de candidats aux concours de recrutement de l’enseignement s’est effondré.
Du temps de formation pour les stagiaires
Tous les nouveaux enseignants du primaire bénéficieront, à défaut du stage annuel qui existait avant Darcos, d’un aménagement pour les 6 premières semaines de l’année. Pour le second degré ils bénéficieront d’une décharge de service de 3 heures hebdomadaires pour leur permettre de suivre une formation. Cette seule mesure correspond à 1500 emplois, d’après le ministre. Ils sont dégagés par les rectorats dans les moyens existants.
Concernant les agents en contrats aidés qui arrivent à terme, le ministre promet qu’ils seront renouvelés. Il a évoqué le gâchis qui consisterait à se séparer de personnels qui ont appris le métier sur le tas. Il a confirmé l’embauche de 500 assistants chargés de la prévention dans les établissements. Enfin il a annoncé l’embauche d’auxiliaires de vie scolaire et d’assistants d’éducation. Mais pour ces catégories, dont le financement est assuré par d’autres ministères, les arbitrages ne seront connus que le 4 février.
Interrogé sur l’annonce par Le Monde de la création de 6000 postes (enseignants et non enseignants) pour le secondaire, Vincent Peillon a répondu : « ce n’est pas un ordre de grandeur absurde mais ce n’est pas arbitré ». Le fait que l’éducation nationale soit le seul ministère à pouvoir créer des postes suscite des réactions dans les autres administrations. V. Peillon laisse entendre que ce sont elles qui lancent des chiffres dans les médias en attendant les arbitrages qui seront rendus le 4 juillet.
La concertation
V. Peillon a vanté le dialogue avec les partenaires de l’école et particulièrement les collectivités territoriales. « Les régions auront le dernier mot sur la carte des formation », a-t-il précisé. « Le conseil territorial de l’éducation nationale sera réuni et, comme pour le CSE, je suivrai ses avis ».
Le ministre a donné quelques indications sur la concertation qui va se dérouler jusqu’à fin septembre. « Il y aura un grand débat sur l’Ecole pour que les Français choisissent ». Il sera annoncé au Conseil des ministres du 4 juillet. 4 grands groupes de travail seront réunis avec plusieurs centaines de participants : acteurs de la société civile, entreprises, collectivités locales, culture, sports, tourisme, parents ». La concertation aboutira à un grand rapport qui sera remis au ministre. « Le gouvernement en tirera des conclusions ». On devrait les retrouver dans la loi de programmation qui sera adoptée cet automne.
En attendant, les syndicats accueillent de façon variée les décisions ministérielles. Le Se-Unsa estiment que « ce sont des soins de première urgence » er attend le budget 2013 : « c’est lui qui donnera les orientations pour le traitement de fond nécessaire à notre système éducatif ». FO estime par contre que « ces annonces ne sont pas suffisantes pour combler les vides laissés par les suppressions de postes ». Le Snep Fsu salue la création de postes en EPS.
François Jarraud