Réunis en congrès jusqu’au 23 juin à Clamart (92), les rééducateurs de l’éducation nationale de la Fnaren veulent croire que les promesses de la campagne électorale ne sont pas oubliées. L’avenir des Rased se joue cette année.
« On est inquiet », nous confie Francis Jauset, président de la Fnaren. « Durant la campagne des présidentielles on a eu beaucoup de promesses. On est content du changement de gouvernement. Mais maintenant on n’a plus de retour et nos adhérents s’interrogent ». Pour la Fnaren, ce 27ème congrès n’est pas ordinaire. Il se produit à un moment où les Rased s’attendent à une nouvelle saignée à la rentrée 2012. Aux 3000 postes supprimés depuis 2009 devraient s’ajouter environ 2500 postes en septembre 2012.
Les Rased (réseaux d’aide et soutien aux élèves en difficulté) associent des enseignants très spécialisés (les maîtres E et G) avec un psychologue scolaire. La création de l’aide personnalisée mise en place au primaire par X Darcos a permis de justifier la mise en extinction des Rased. Pour la rentrée 2012, la Dgesco avait décidé que la moitié des postes de maîtres E pouvaient être supprimés grâce à l’aide individualisée.
En fait, d’après F. Jauset, les suppressions sur le terrain ne répondent à aucune logique si ce n’est la volonté ds inspecteurs d’académie. Dans le 77, 24 maîtres E disparaissent à la rentrée mais 58 rééducateurs. Dans le 92 ce sont 27 rééducateurs et 54 maîtres E. « La seule logique c’est la récupération de postes ».
La formation des maîtres spécialisés est atteinte. Les départs en formation ont été divisés par 4 depuis 2007. On comptait 545 départs pour les maîtres E. Il n’y en a eu que 131 en 2011-2012. Le corps est ainsi mis en extinction. Plusieurs centres de formation sont fermés comme Paris, Lyon, Lille, Amiens. De fait, les enseignants des Rased sont mis en extinction. « Si la formation n’est pas remontée fortement l’année prochaine, la rentrée 2013 sera difficile » estime F Jauset.
« Pourtant on a prouvé que notre aide est utile », rappelle F Jauset. Une étude réalisée en 2010 par le professeur Jean-Jacques Guillarmé (université Paris Descartes) l’atteste. « 20% des élèves ayant suivi 30 heures d’aide personnalisée font effectivement des progrès dans les acquisitions scolaires, exclusivement. Par conséquent, l’aide personnalisée n’est pas adaptée aux autres élèves qui en ont bénéficié (80%) » a calculé JJ Guillarmé. Par contre, » 70 % des élèves ayant suivi 30 heures d’aide rééducative font effectivement des progrès, et ce non seulement dans les acquisitions scolaires (65%) mais également dans le domaine des compétences cognitives (développement des capacités à penser, mémoriser, raisonner, apprendre) : 68%; des compétences sociales (capacités à communiquer, à développer des interactions avec les autres, à assumer les conséquences de ses actes) : + de 70%; des compétences relationnelles (acceptation de l’autorité et des règles, bonne estime de soi) : 60% ». L’étude établit que » l’aide spécialisée rééducative est une réponse plus adaptée et plus efficace que l’aide personnalisée dans 4 situations sur 5. Non seulement elle diminue les variations à l’intérieur de tous les champs mais elle fait monter l’ensemble des compétences ».
Aussi à Clamart le congrès est dans une ambiance particulière. C’est la première année où ce moment important de formation continue n’est pas reconnu par le ministère de l’éducation. Le congrès prépare un happening dans les rues de Clamart pour rappeler l’existence des Rased. On veut croire en une visite du ministre. V. Peillon recevra le collectif Rased mardi 26 juin.
François Jarraud