« Ce numéro interroge le dispositif dit de classe inversée, dont se réclame un nombre croissant d’enseignants, et que l’institution centrale comme la noosphère pédagogique contribue souvent à promouvoir », écrit le réseau Reseida dans un nouveau numéro de Recherches en éducation (n°46). « Le numéro cherche à étudier le succès de cette innovation polymorphe dans un contexte de difficultés du système éducatif, traversé par ce qui est souvent identifié comme une crise de la profession enseignante…
Parmi les articles, un exemple : Céline allard et Aline Robert étudie les classes inversées en maths. « Les intentions des enseignants inverseurs… sont sans doute légitimes. Ces enseignants cherchent à soutenir les élèves fragiles qui n’écoutent pas le cours en classe, ou n’ouvrent pas leur cahier et n’apprennent donc jamais leur cours… Ces explications données en classe ne peuvent cependant porter que sur une partie de ce qui est dans le cours, la partie la plus pratique. L’enseignant perd sûrement un peu d’exposition de théorie, d’éléments plus généraux mais il gagne sur la participation d’élèves qui auraient décroché… Autrement dit, notamment pour des élèves défavorisés, entre une réduction qui permet l’écoute à court terme et une réduction qui empêche d’aller plus loin à moyen terme, où sont les limites ? La question n’est pas spécifique à ce dispositif mais y est reposée avec force… »
Un enseignement littéraire en classe inversée
« Etre professionnellement et pédagogiquement innovant ne suffit pas toujours à assurer l’apprentissage de savoirs disciplinaires exigeants par l’ensemble des élèves », expliquent Marie-Sylvie Claude et Patrick Rayou dans la revue Recherche en éducation, dont le n°46 est dédié à la classe inversée. Les chercheurs observent que la plupart des élèves ne se sont pas emparés des objectifs de la professeure. Pour les auteurs, l’innovation portée par l’enseignante remet en question des contrats. « Inverser la classe semble en effet engager l’enseignante dans trois contrats susceptibles de s’empêcher l’un l’autre : le premier, que l’on peut qualifier de « social » la relie simultanément à l’institution scolaire, dont elle veut suivre au mieux les prescriptions, et à un collectif de professionnels innovants, auquel elle veut adhérer. Le second, d’essence plus pédagogique, la conduit à former des élèves plus autonomes et capables de travailler en équipe. Le troisième, didactique, doit permettre aux élèves de s’approprier les textes littéraires en en faisant une lecture interprétative »
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