Les promesses ont fusé le 11 mars à l’occasion du Salon de l’Education. La ministre a promis à la fois une revalorisation salariale des enseignants et un large dialogue à l’occasion d’Assises de la refondation. Des annonces qui sentent déjà 2017. Mais quelle peut être leur portée réelle ?
Les petites phrases ministérielles se sont multipliées le 11 mars dans un discours donné par la ministre au Salon de l’éducation. N Vallaud Belkacem a multiplié les promesses. « En mai nous organisons les Assises de la refondation pour vous donner la parole à tous… Les revendications salariales des enseignants sont légitimes. Ma priorité c’est d’y répondre… La reconnaissance passe aussi par la revalorisation salariale nous travaillons à ce que l’importance des professeurs soit reconnue ».
La revalorisation salariale a été le premier sujet à venir. Les négociations dépassent le cadre de l’Education nationale. Et elles se sont conclues avec une hausse du point Fonction publique de 1.2% étalée sur toute l’année. Si cette hausse est jugée insuffisante par nombre de syndicats de fonctionnaires, elle l’est encore plus à l’Education nationale. En effet, à la différence des autres ministères, l’Education nationale n’a pas compensé par des primes le gel salarial. Par suite la baisse de revenus y a été 4 fois plus rapide, comme cela a été mis en évidence par l’Insee.
Il va donc falloir des mesures catégorielles propres à ce ministère. On retient donc les termes de la ministre : » nous travaillons à ce que l’importance des professeurs soit reconnue « . On sait que cela concerne l’ISAE qui devrait être revalorisé. Mais on sait aussi que la marge budgétaire qu’elle a obtenu pour 2016 ne semble pas lui permettre de geste important. Quant à des engagements sur 2017…
Des Assises de la refondation ont déjà eu lieu en 2012, lancées par V Peillon. Nous avons eu la chance d’y participer et sans aucun doute elles ont été un grand moment pour l’éducation. Bien sur par la qualité des intervenants. Mais surtout parce qu’elles se situaient au début d’une aventure collective. Un nouveau ministre arrivait et incontestablement il avait des idées sur l’Ecole, qu’il aimait vraiment, et de l’énergie. Il croyait même avoir la confiance et le soutien du président… Tout semblait possible et l’espoir était grand de guérir les maux de l’Ecole.
Il faudra bien un jour écrire pourquoi et comment ce dynamisme a nourri des illusions et fait vinaigre. Peut-être est-ce du à la nature même de ce type de réunion, trop éloignée du terrain. Mais je ne vais pas développer cette réflexion maintenant.
Ce qu’on peut dire c’est que les Assises bis vont se situer dans un tout autre contexte. S’agira-t-il de faire le bilan de la refondation ? On nous dira que c’est trop tôt. S’agira-t-il d’enclencher une deuxième étape de la refondation ? Chacun pensera que le contexte politique ne s’y prête guère. S’agira-t-il de s’auto congratuler , comme on sait si bien le faire dans ce ministère ? Là prudence ! Attendons décembre et Pisa 2016… S’agira-t-il d’entendre les enseignants ? Gare à vos oreilles… Pour eux, ce sont les changements sur le terrain qui comptent. Or jusque ils n’ont guère été ressentis en positif. Prenons, par exemple, les effets des créations de postes : ils n’ont pas été nettement visibles du fait de la croissance démographique et aussi des politiques concurrentes menées par le ministère.
Il reste peu de temps avant les échéances électorales. Si ces annonces ont pour but de de renouer la confiance avec les enseignants, elles pourraient bien manquer de temps. Des premières aux dernières Assises, le temps se sera-t-il perdu ?
François Jarraud
Sur le site du Café
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