Article réalisé dans le cadre d’un partenariat
Alors que l’eau devient un enjeu géopolitique, une ressource qui se raréfie et à protéger de la pollution, il semble plus que jamais nécessaire d’éduquer la jeune génération à son sujet, afin que les enfants d’aujourd’hui soient demain des citoyens éclairés et attentifs à sa gestion. Par chance, étudier le cycle de l’eau peut être une aventure ludique et passionnante. Mizuiku, un programme pédagogique à destination des enfants de CM1 et CM2, le prouve.
Mikuiku est la contraction de Mizu et Iku qui signifient «éducation à l’eau» en japonais. Le programme trouve d’ailleurs ses racines au Japon, où il a été lancé en 2004. Il a depuis impliqué 580 000 enfants dans huit pays et est arrivé en France en septembre dernier, où il met gratuitement à disposition des enseignants des ressources pédagogiques pour l’organisation d’ateliers thématiques à décliner en trois à cinq séances de 30 à 45 minutes.
Observer, manipuler, déduire pour comprendre
Pour chaque atelier, l’approche se veut ludique et sensorielle. Lors du premier, les élèves sont invités à réfléchir au cheminement de l’eau de pluie, une fois tombée au sol. Il s’agit donc de quitter la classe un jour de pluie et de se mouiller (façon de parler, les parapluies sont autorisés !) pour mieux comprendre. Les notions de perméabilité, de ruissellement, d’infiltration sont ainsi abordées par l’observation, puis compilées en classe. Vient ensuite la question de ce qu’il advient de cette eau qui ruissèle. Où va-t-elle ? Pour répondre, les enseignants s’appuient sur des ressources pédagogiques telles qu’un grand schéma du cycle de l’eau sous forme de puzzle (à imprimer et découper), ou encore une vue aérienne de la région permettant de distinguer les cours d’eau. Se noue alors un dialogue avec les élèves sur la base des observations effectuées. La troisième séance revient sur le processus d’infiltration. Les élèves sont amenées à découvrir la variété des sols, et l’impact de celle-ci sur la vitesse de circulation de l’eau, et la constitution des nappes phréatiques. On recourt à nouveau pour cela à une approche empirique en manipulant sables, graviers, mousses… afin de reconstituer des sols et d’observer scientifiquement la conduite de l’eau en leur sein. Le matériel nécessaire est simple et accessible (bouteilles en plastique, terre, mousse, brindilles, feuilles mortes, perles, linoléum (pour mimer le bitume)…) et la discussion qui suit éclairante. Les expériences conduisent à faire un parallèle avec les stations d’épurations par exemple, qui utilisent des procédés de filtrage similaires. Lors d’un quatrième atelier, un diaporama de photographies ouvre la discussion sur la nécessité de permettre l’infiltration de l’eau, en limitant la bétonisation des sols, de ne pas jeter de déchets au sol qui pourraient être emportés vers les cours d’eau… Enfin, les enfants découvrent dans la quatrième séance la condensation en déposant un peu d’eau au fond d’un sac de congélation pendu près d’une fenêtre. Les gouttelettes qui se forment au fil de la journée finissent par couler le long des parois, comme une pluie.
À l’issue de cette séance, le puzzle du grand schéma du cycle de l’eau peut être terminé. Et tout est clair !
Comprendre pour protéger
Pour chaque atelier, on retrouve cette méthode fondée sur l’expérimentation, l’observation, l’échange et les enseignements qui en découlent.
Dans le second atelier ce sont les cours d’eau qui sont au cœur des activités. Une sélection de photos permet aux élèves d’identifier et de prendre connaissance des diverses composantes d’un cours d’eau, puis une sortie in situ d’entériner ces connaissances et de mener une enquête pédagogique pour enfin dans une ultime séance réfléchir aux moyens d’action pour protéger nos cours d’eau de la pollution. Les sorties dans la nature sont proposées dans le cadre du programme mais restent optionnelles et il appartient aux enseignants de juger de leur faisabilité.
Le troisième et dernier atelier est consacré à la toile alimentaire des cours d’eau. S’appuyant sur les ressources mises à disposition (photos, jeu,..), les enfants apprennent à connaître les habitants des rivières, de leurs rives, à savoir qui mange quoi, ou qui ! Pour ce faire, les arts visuels sont convoqués. On sort feuilles, crayons, on échange et on illustre.
Le programme Mizuiku, nourri de documentations, d’iconographie, d’expériences scientifiques, offre la possibilité d’une aventure collective où la connaissance devient un jeu, une joie, et la nécessité de préserver l’eau une évidence.