
Plus de SNU et moins d’école ? L’annonce du retour du SNU, malgré les critiques de toutes parts et l’austérité budgétaire atteste d’un sens des priorités dans un contexte politique de grandes tensions internationales comme de mobilisation contre les fermetures de classes et suppressions de postes. Samedi 15 mars, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé « une refonte du Service national universel (SNU), pour qu’il corresponde aux besoins de la nation et aux priorités que nous avons identifiées ». Dans un entretien accordé à plusieurs journaux régionaux, le président s’est aussi prononcé contre un retour du service militaire obligatoire.
Le SNU porté par le président Macron
Quelques mois après le rapport accablant de la Cour des Comptes qui avait étrillé le SNU, le président Macron persiste. Pourtant le rapport jugeait le dispositif couteux et les objectifs non atteint et soulignant les impensés et l’impréparation de la généralisation. Samedi 15 mars, il a déclaré : « J’aurai à annoncer dans les prochaines semaines une grande refonte (du SNU) qui correspondra aux besoins de la nation et aux priorités identifiées ». Début 2024, le gouvernement de Gabriel Attal avait annoncé la volonté de généraliser le SNU pour la rentrée 2026 à destination des jeunes de 15 à 17 ans. La dissolution de l’Assemblée nationale, l’instabilité parlementaire et budgétaire semblaient avoir enterré ce projet.
Le président Macron n’en a pas dit plus long, il a exprimé à nouveau la volonté de « permettre à une jeunesse volontaire d’apprendre avec les armées et d’en renforcer les rangs ». « On va regarder les leviers de mobilisation civile (…). Il y a toute une partie de mobilisation de la société face aux crises qui est à consolider », a-t-il ajouté. Le président veut renforcer la préparation civile et militaire de l’Europe. La loi de programmation militaire stipule déjà que la réserve opérationnelle soit portée à 80 000 personnes en 2030. « C’est aussi un élément qui permet de faire prendre conscience à une partie de la population des enjeux militaires, et donc ça consolide le pacte armée-nation » a-t-il affirmé.
« Le service national universel (SNU) correspond à un véritable projet éducatif de domestication de la jeunesse »
La mise au pas de la jeunesse est critiquée par les syndicats et les partis de gauche et écologistes.
Pour le SNES, « le service national universel (SNU) correspond à un véritable projet éducatif de domestication de la jeunesse ». Le syndicat dénonçait aussi l’entêtement du gouvernement à vouloir généraliser « un dispositif d’inspiration militaire qui ne fait pas recette ». Pour le syndicat, « Le SNU ne fait pas recette chez les jeunes. Il cristallise des rejets face à un encadrement de caserne et une conception de l’engagement relevant d’un esprit cocardier. Les jeunes l’ont bien compris qui aspirent à autre chose qu’à un certificat de conformité et n’entendent pas se contenter de jeux de rôles bâclés dans des casernes improvisées. »
Pour Se-UNSA, « l’École n’a clairement pas besoin de ça… ». Le syndicat rappelle qu’« en revanche, elle accepterait volontiers des moyens concrets pour créer les conditions de la mixité sociale qui lui permettraient de développer le vivre-ensemble, et de nourrir l’acquisition des valeurs de la République et de la laïcité ».
Les organisations syndicales soulignent le besoin de plus d’école et moins de SNU… Le message du président Macron en faveur du SNU, à l’heure des coupes budgétaires marque les priorités d’une « économie de guerre », dans laquelle le service public de l’éducation ne sort pas gagnant.
Djéhanne Gani
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