Caroline Chevé succède à Benoit Teste à la tête de la FSU. « Nous tenir au milieu de nos collègues pour les défendre, nous tenir aux côtés de la population – et notamment des plus fragiles – pour défendre les services publics et l’intérêt général, rassembler, organiser les combats, résister et faire face » a déclaré la nouvelle secrétaire générale de la FSU dans son discours de clôture du 11ème congrès de la première fédération de l’Éducation nationale, jeudi 6 février 2025 à Rennes.
Des cours de philo au lycée Saint-Exupéry longtemps classé en ZEP, dans les quartiers Nord de Marseille à la tête de la FSU, le chemin d’une militante de longue date.
Caroline Chevé a succédé à Benoit Teste à la tête de la FSU. Militante du SNES et élue Secrétaire départementale de la FSU des Bouches du Rhône depuis 2019, elle a enseigné la philosophie pendant vingt ans dans les quartiers nord de Marseille. Elle continuera dans l’avenir à exercer son métier.
Comme le souligne la nouvelle secrétaire générale, la FSU rassemble des métiers en lien avec la jeunesse et plus généralement ceux de la fonction publique d’état et territoriale. Sans surprise, la professeure lance l’alerte : « À cette jeunesse qui est aujourd’hui en danger, nous devons un autre système éducatif, exigeant et juste, renouant avec la démocratisation, et l’ambition d’éduquer les femmes et les hommes, de former les citoyens et les citoyennes et de qualifier les travailleur.es. À cette jeunesse, nous devons des réponses éducatives et non répressives, nous devons l’accès à la santé, à l’emploi, à la culture, la sécurité, la justice et la paix ».
La FSU a déploré et s’est engagée à poursuivre le combat contre les réformes du Choc des savoirs, du lycée professionnel, contre le tri social favorisé par Parcours sup, pour un libre accès à la poursuite des études après le baccalauréat.
« L’heure est grave »
Benoit Teste comme Caroline Chevé ont exprimé de vives inquiétudes sur le contexte national et international, dénonçant « l’ascension des pouvoirs autoritaires, réactionnaires et menaçants ». Pour Benoit Teste, « une des formes de la régression fasciste dans le monde est aujourd’hui aussi la haine des fonctionnaires, la haine des Services publics en tant que dépense publique, ce qui d’ailleurs permet les ponts avec les libéraux, mais aussi la haine de ce que les fonctionnaires incarnent fondamentalement, cette attention à l’autre, ce souci de faire société, cette indépendance, on pense à la tronçonneuse de Milei mais il y a beaucoup d’autres exemples, il y a derrière tout cela la haine de ce qui fait du commun, au profit non plus seulement de l’individualisme mais aussi au profit de la loi du plus fort, de la dureté de la société ».
Des batailles à gagner pour les métiers : « beaucoup reste à défendre, et surtout beaucoup à gagner »
La bataille pour les services publics, les métiers a été centrale dans les débats du congrès : « le décrochage salarial ne peut pas durer. Après l’année blanche de 2024, nous devons imposer la revalorisation du point d’indice de 20 % et les 80 points supplémentaires (!), la reconstruction des carrières, l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, la sortie de la précarité ». La nouvelle Secrétaire générale a également rappelé l’actualité du combat contre la réforme des retraites.
Elle a aussi martelé l’engagement féministe de la FSU et veut changer les rapports de domination. Elle a donné le ton au début de son discours : « ce que je suis, une femme avec une famille, des enfants dont même les plus grands ont encore besoin d’elle et dont la dernière est encore au collège, avec une partie de vie laissée à Marseille aussi, et donc avec sans doute un peu moins de temps et de disponibilité que celles et ceux qui m’ont précédée ». Cet engagement féministe a été également souligné par son prédécesseur dans le discours d’ouverture. En cela, ils se félicitent de la bataille menée pour la publication des textes de l’EVARS : « c’est cela aussi, faire reculer l’extrême droite, faire reculer les menées réactionnaires de la droite et de l’extrême droite contre le programme EVARS » a déclaré Benoit Teste.
« Rassembler, organiser les combats, résister et faire face »
Caroline Chevé appelle à se syndiquer et à une large mobilisation, au-delà des différences. Lors de ce congrès, la FSU a rappelé la construction d’une « maison commune » avec la CGT, en présence de Sophie Binet sa secrétaire générale. Celle-ci a elle aussi insisté sur la nécessité d’un travail en commun entre les syndicats et en particulier d’un rapprochement entre les deux organisations dans un contexte national et international délétère pour le monde du travail, la démocratie, le bien vivre ensemble.
« Il faut prendre soin de nos divergences, parce que c’est d’elles que vient notre force » déclare Caroline Chevé, annonçant une méthode : « rassembler, organiser les combats, résister et faire face ».
Djéhanne Gani