Des textes issus d’un long travail
Ces textes sont attendus depuis 2023, alors qu’Elisabeth Borne était Première ministre et Pap Ndiaye ministre de l’Education nationale. Ils ont été l’objet de polémiques et d’attaques avant d’être votés en CSE après 10 heures de consultation. « Nous serons très fermes face à toute contestation qui pourrait surgir » affirme le ministère. Il rappelle que toutes les trois minutes, un enfant sur trois est victime de violences sexuelles d’après Ciivise.
L’objectif est d’aider les enfants, dès leur plus jeune âge, à se protéger contre les violences sexistes et sexuelles, en leur enseignant la notion de consentement, de les sensibiliser à l’acceptation des différences, notamment en ce qui concerne l’orientation sexuelle ; de les encourager à aborder leur corps (avec des discussions sur la puberté et les règles dès le cours moyen) et, enfin, dès le collège, de les accompagner dans la construction d’une sexualité libre et respectueuse.
A l’issue des échanges, des notions disparues ont été réintroduites explicitement : les termes d’homosexualité, identité de genre, réapparaissent dans la version finale.
Un autre point de désaccord concernait le projet d’informer les parents des dates des séances, ce qui inquiétait les syndicats quant à une possible absence des élèves. Cette mesure a été retirée dans la version finale. « Il n’est pas prévu de prévenir les parents à l’avance de la programmation de ces enseignements », affirme le ministère de l’Éducation.
Des formations
Un séminaire de formation pour les cadres et référents académiques aura lieu au début du mois de mars. À cela s’ajouteront des ateliers organisés par académie, destinés à deux ou trois personnes par circonscription, ainsi qu’à un représentant par collège et par lycée. Pour déployer ce programme, le ministère prévoit aussi un parcours d’autoformation et un magistère en ligne sera également disponible pour tous les personnels désireux de s’autoformer. Des formations seront organisées pour les volontaires. Le ministère prévoit un livret par niveau, avec des exemples de séances et des contenus disciplinaires.
Mais…
Si programme et textes il y a, il est fort possible que le point de la formation continue de pécher. Et le temps de formation sur le temps hors scolaire reste un écueil et une limite à la formation continue, pourtant identifiée comme un point noir du système.
Le texte prévoit notamment la réaffirmation du rôle des personnels sociaux et de santé, tels que les infirmiers et infirmières scolaires, au nombre pourtant très insuffisant.
Les textes sont enfin publiés, mais les écueils pratiques de mise en œuvre restent au rendez-vous. Un rapport de l’IGESR de 2021 pointait la rare mise en place de ces heures d’enseignement avec 15% des élèves en ayant bénéficié.
Cécile Bourgneuf souligne par ailleurs, dans un article de Libération daté du 6 février, que « si le programme d’EVARS, publié au B.O ce jeudi 6 février, est une réelle avancée malgré les oppositions réactionnaires, la disparition de la notion de « transphobie » pose question ». En effet alors qu’il avait été convenu de réintégrer les notions d’homophobie et transphobie dans le texte en classe de troisième, celle-ci a de nouveau disparu au profit d’une formulation sans doute beaucoup plus « consensuelle », qui se contente de la formulation « homophobie et autres ».
Un début d’invisibilisation qui doit appeler à la vigilance …
Djéhanne Gani
