« C’est une attaque syndicale inadmissible et une remise en question de la liberté d’expression syndicale » explique Patrice Chapat après la commission administrative paritaire académique (CAPA) qui s’est tenue vendredi 15 novembre. Ce professeur dans un lycée professionnel de l’académie de Lyon est un militant syndical à la CGT, membre élu au CA de son établissement. Il est aujourd’hui sous la menace d’une sanction disciplinaire, « sur des bases purement syndicales » affirme-t-il.
Une intersyndicale dénonce la répression syndicale
Deux enseignants de l’académie de Lyon, militants syndicaux adhérents à la CGT et membres élus au CA de leur établissement sont inquiétés par des procédures disciplinaires. « On est dans une situation surprenante qui devient habituelle, le rôle de la commission est dévoyé, ce qui est reproché, c’est dans le cadre syndical ». Pour lui, comme pour l’intersyndicale, cela pose le droit d’intervention, d’expression des élus syndicaux dans les instances. Une intersyndicale CGT Educ’Action, SNES FSU, SNFOLC FO, SUD Éducation soutenue par la FCPE 42 dénonce la répression syndicale à l’encontre de deux enseignants de l’académie de Lyon. Pour l’un, une CAPA s’est déjà tenue vendredi 15 novembre.
« Je n’ai aucun problème dans mon métier »
Patrice Chapat connait bien les Capa puisqu’il a été élu pendant une quinzaine d’années dans cette instance. Il le répète « une commission de discipline doit traiter de problème professionnel, or tout le monde le reconnait, je n’ai aucun problème dans mon métier ». Il souligne que ses deux précédents chefs d’établissement ont apporté « un témoignage élogieux » en sa faveur.
« Un problème politique »
« On est dans un problème politique » déclare le professeur. Pour lui, l’objectif est de ne pas faire remonter les problèmes, « on nous reproche de signaler un dysfonctionnement ». Le professeur dénonce « une stratégie politique qui a vocation à faire taire alors qu’on a toujours respecté le cadre ». Il craint « le message envoyé : le premier qui l’ouvre, on va le massacrer. Cela a un impact très négatif sur les collègues. »
Vigilance sur les droits
Pour l’intersyndicale, « ce qui est inédit, c’est que le rectorat de Lyon instaure cette procédure sur l’unique base de leur action en tant que représentants du personnel et/ou syndicale, sans autre reproche concernant leur rôle d’enseignant ou leur posture face aux élèves. » Les organisations syndicales dénoncent la criminalisation de l’action syndicale qui contrevient « aux droits garantis aux représentants syndicaux ». La CGT Educ’action dénonce une tentative d’intimidation des représentants syndicaux. Les responsables syndicaux appellent à la « vigilance » : «il est important que les syndicats puissent s’exprimer », évoquant les dangers d’une société dans laquelle les syndicats n’ont plus la parole, et dans laquelle l’institution ne peut être remise en question. Les représentants des parents soutiennent également les personnels et s’inquiètent du « non-respect des règles de la démocratie et du dialogue au sein de l’établissement » et la « volonté de museler les personnels ». L’intersyndicale refuse « avec force que les représentants syndicaux dans leurs rôles de lanceurs d’alerte risquent des sanctions disciplinaires pour avoir rendu publics les dysfonctionnements dont sont victimes les familles et les élèves ».
L’intersyndicale appelle à la vigilance dans un contexte où l’on veut donner plus de pouvoir aux chefs d’établissement. Suite à la Capa disciplinaire, le recteur de l’académie de Lyon a deux mois pour émettre un avis. « Toute sanction sera aberrante pour nous », dit la CGT Educ’action. La sanction peut aller de la révocation à la mutation d’office, en passant par une retenue sur salaire, un blâme ou avertissement.
Djéhanne Gani