Guislaine David, Nicolas Wallet, Blandine Türki, les co-secrétaires nationaux ont tenu leur conférence de presse lundi 26 août 2024 à Malakoff à l’école maternelle Jean Jaurès. Et elle s’avère combattive pour le Snuipp qui annonce une journée de grève le 10 septembre et appelle à faire front pour l’École. Le syndicat a exposé lors de sa conférence de presse les urgences et les mesures pour la rentrée.
La question de la rentrée 2024 : y aura-t-il un ministre et restera-t-il ou t-elle toute l’année ?
Une chose est sûre dans un contexte politique que la co-secrétaire générale du Snuipp qualifie d’« inédit ou ubuesque » : la rentrée scolaire se prépare. Le syndicat souligne que la rentrée se prépare, « portée par une forte émulation professionnelle individuelle et collective » par des « enseignantes et enseignants qui seront sur le terrain, dans leurs écoles et la semaine prochaine avec leurs élèves, pour les accueillir correctement sans se soucier de paroles de cette ministre éphémère ».
Une rentrée politique pour le FSU-Snuipp qui appelle à un front républicain pour l’École publique
Le syndicat lance un appel pour l’École : « l’École a toujours fait front pour la République. Il est temps que la République et ses élu.es fassent front pour l’école », et appelle « à un front républicain pour l’École ». La rentrée scolaire est très politique cette année. Dans un contexte de ministre démissionnaire, le Snuipp interpelle les parlementaires à faire front pour l’École car ils ont « les moyens de faire bouger les choses, il faut agir rapidement». Guislaine David rappelle que la France dépense peu pour le premier degré : la question du vote du budget qui aura lieu au Parlement est donc centrale.
La porte-parole du Snuipp dénonce un « déni de démocratie aux conséquences graves » qui décrédibilise la parole politique. Le syndicat dénonce le non-respect du vote, « du principe fondamental de notre démocratie que nous devons en tant qu’enseignants transmettre à nos élèves ». Le Snuipp souligne la contradiction avec les nouveaux programmes d’EMC exhortant les enseignants à « faire comprendre que par leur vote, les citoyens et citoyennes assurent le bon fonctionnement de la démocratie ».
Depuis 2017, une avalanche de prescriptions et de déclarations qui font pschitt et pas de moyens
Guislaine David énumère et déplore les nombreuses incantations des ministres ou du président entendues depuis 2017 sur l’uniforme, les programmes, l’autorité, les modalités d’apprentissage, la dictée… Pour elle, les « déclarations qui font pschitt » ne servent que l’objectif d’éviter de parler des moyens de l’École. Au nom du bon sens, le ministre fait la leçon aux professeurs : « le président comme le Ministre de l’Education nationale ne connaissent rien à l’École et surtout qui ne se sont pas entourés ». Or, la co-secrétaire nationale souligne qu’il n’y a -justement- pas de dialogue avec les organisations syndicales. Pour le syndicat, cette agitation ne sert qu’à masquer l’absence de moyens accordés à l’École alors que « le sous-investissement chronique rend notre système fébrile ». Pour le SNUipp, « l’École doit bénéficier d’un choc des moyens ». Pour traiter la difficulté scolaire, il demande la restauration du dispositif « plus de maitres que de classes », des RASED. Dans les urgences, le syndicat rappelle la nécessité d’un Acte 2 de l’école inclusive avec des formations et un statut pour les AESH, des places en ESMS.
Un appel à la grève le 10 septembre, pour le libre choix des évaluations et une autre politique éducative, un autre budget
Pour faire face aux injonctions et à la politique d’évaluations standardisées, le syndicat appelle à une journée de grève le 10 septembre, journée d’évaluation nationale, pour « enrayer la machine » pour la « libre passation des évaluations ». Ces évaluations génèrent stress pour les élèves, les familles et les enseignants et ne servent qu’à « uniformiser les pratiques » sans aucune utilité pour les élèves. La co-secrétaire rappelle que la liberté pédagogique, c’est justement le sens du métier… A titre d’exemple sur le caractère infondé des évaluations : évaluer la fluence ne dit rien de la compréhension d’un texte, pourtant capitale dans la lecture. Le SNUipp considère que la politique des évaluations est un facteur de dégradation du travail pour les enseignants et de tri des élèves. Le 10 septembre, la mobilisation portera donc sur la dégradation des conditions de travail dans son ensemble.
Des mesures urgentes : baisser les effectifs des élèves, revaloriser les salaires, arrêter les financements publics à l’école privée
Pour le SNUipp, « la question des effectifs est la clé de voûte ». Il rappelle que c’est « un levier de réussite scolaire », propice à améliorer le climat scolaire, à mieux accompagner les élèves. Le syndicat propose de profiter de la baisse démographique et de ne pas pourrait être Le syndicat rappelle que les salaires des enseignants sont inférieurs à la moyenne, la persistance d’inégalités salariales entre hommes et femmes et le déclassement salarial des milieux de carrière. Nicolas Wallet parle de « crise structurelle de la crise du recrutement qui perdure depuis 2013 ». 16% des postes ne sont pas pourvus. La crise d’attractivité touche particulièrement les académies de Guyane, de Créteil et de Versailles. Cette crise met le doigt sur les nombreuses difficultés du système actuel : la mobilité des carrières, la mobilité géographique, la reconversion, le recrutement, la formation…
Blandine Türki a présenté le deuxième focus de la conférence de presse sur l’école privée. Elle déclare que « l’État contribue bien à la concurrence qui organise l’entre-soi au mépris de la mixité ». Entre 2023 et 2024, l’augmentation des crédits alloués a d’ailleurs augmenté de 6,7% pour les écoles privées contre 4,58% pour les écoles publiques. Le syndicat demande « l’arrêt du financement d’une École ségrégative ». Ce sont en effet 10,4 milliards d’euros versés aux écoles privées sous contrat sans contrôle.
Pour le SNUipp, une école inégalitaire n’est pas une fatalité. Il annonce une rentrée combattive et des mesures à court et moyen terme.
Djéhanne Gani