Le dimanche 7 juillet, le peuple français a dit non à l’extrême droite et donné une majorité relative au Nouveau Front Populaire.
Cette réjouissante victoire, celle des valeurs républicaines, est riche de promesses et d’incertitudes. Une chose est sûre. Depuis des années, l’École a été un terrain de jeu idéologique pour les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron et, en particulier, à des fins électoralistes, pour son Premier ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal.
Cette stratégie a été un échec politique. Voler à l’extrême droite ses mots et ses idées sur l’École n’a pas permis d’enrayer la progression des votes pour le Rassemblement National : elle a même banalisé et légitimé ses positions. Honte à celles et ceux qui, de Blanquer à Belloubet, ont été les acteurs et actrices de ce projet nauséabond.
Cette stratégie a été un désastre pour l’École elle-même. En témoigne en particulier la réforme de l’autoproclamé « choc des savoirs » avec le déploiement de groupes de niveaux qui, contre les enseignants, les parents, les scientifiques, instituent la ségrégation scolaire et sociale des élèves.
Quel sera le gouvernement de demain ? Les pronostics vont bon train mais personne ne sait vraiment ce que décidera Macron.
Quel ministre demain ? C’est là la question essentielle que se pose la communauté éducative.
Pour Nicole Belloubet, il faut une coalition. Et la ministre de l’Éducation actuelle ne s’en cache pas, elle espère en être et faire la rentrée. À la question, « vous ferez la rentrée ? » que lui posait un journaliste sur le plateau de LCI le 8 juillet au matin, elle a répondu «bien entendu ». Pourtant, rien n’est moins sûr…
Depuis l’arrivée de Macron à l’Élysée, ce sont cinq ministres qui se sont succédé. Après le mandat Blanquer, la rue de Grenelle a connu en deux ans quatre ministres : Pap Ndiaye, Gabriel Attal, Amelie Oudea Castera, Nicole Belloubet. Et malgré cette valse, le projet est resté le même et les réformes sont allées bon train et très souvent à marche forcée.
Aujourd’hui et dans les jours à venir, de quoi a besoin l’École ?
En urgence, pour éteindre l’incendie à venir du séparatisme, l’école a besoin que le nouveau gouvernement mette immédiatement fin à l’obligation des groupes de niveau pour redonner à chaque établissement, dès cette rentrée 2024, la possibilité de s’organiser pédagogiquement au mieux au service de tous les élèves.
Sans aucun doute, l’École a besoin que le prochain gouvernement abroge la fumeuse « lettre de rentrée » de Nicole Belloubet, exercice d’escroquerie intellectuelle qui inverse le sens des mots pour donner l’illusion que des choix réactionnaires sont des choix progressistes.
Incontestablement, l’Ecole a besoin que son ou sa prochain·e ministre mette en œuvre les mesures sur l’éducation annoncées, et soigneusement négociées, par le programme du Nouveau Front Populaire.
Enfin, l’École, de tous et toutes, a besoin que soit lancé le travail indispensable d’invention collective d’une éducation du 21e siècle : il nous reste à construire une École susceptible de conduire tous les élèves à l’appropriation d’une culture commune émancipatrice.
Nous sommes prêts et prêtes à y prendre notre part.
Et maintenant, tout peut enfin recommencer ?
La rédaction du Café pédagogique