DDerniers jours d’école riment souvent avec fête et spectacle de fin d’année. Un moment symbolique attendu par les élèves – voire les anciens élèves, les familles et les enseignants et enseignantes. Si l’aspect festif semble l’emporter sur la pédagogie, c’est bien souvent une illusion. Parce qu’une fête de fin d’année, c’est très souvent le moment de restitution d’un travail de longue haleine mené en classe. C’est le cas du spectacle de l’école maternelle Guy Môquet à Stains qui a eu lieu samedi 29 juin.
Dans cette petite école maternelle, nichée entre des appartements récents dont le mètre carré frise les 3500 euros et une cité HLM, le spectacle de fin d’année, c’est sacré. Les parents arrivent avec des gâteaux, du salé et des boissons pour pouvoir grignoter tous ensemble à la fin de la représentation. C’est aussi le temps des remerciements et des cadeaux pour les professeur·es et le directeur. « J’ai quatre enfants, mon dernier est en moyenne section », nous dit une maman. « L’école, c’est un peu comme une seconde famille pour mes enfants – qui ont tous été scolarisés ici. Et quand on les voit danser devant tout le monde, on se dit que notre bébé a grandi et qu’il était sacrément heureux dans sa classe ».
La restitution d’un projet au long cours
Mais si pour les parents, le spectacle, c’est le moment de la fête, pour les enseignants, c’est l’aboutissement d’un travail au long cours. Marianne et Ornella sont toutes deux enseignantes d’une des classes de grande section – l’école étant Rep+ et ayant fait le choix du coenseignement. La danse qu’ont préparé ses élèves est une ode à la France multiculturelle – et elles promettent avoir fait ce choix avant que la dissolution ait lieu ! « Viens, je vais te faire découvrir la diversité de notre beau pays ! ». C’est par ces mots qu’est lancée la danse de cette classe de grande section sur un medley de chants français, arabes, indiens, africains… Si le choix n’est pas politique, il est profondément pédagogique. Dans cette école de 10 classes, les langues familiales, c’est important et c’est valorisé. Tous les ans, on les fête lors de la « Fête des langues ». Les parents et les enfants sont invités à venir chanter dans leur langue d’origine devant les élèves. Cette danse, c’est donc dans la continuité des graines semées depuis le début de la scolarité des élèves, en petite section, voire en toute petite section… « C’était important que les élèves comprennent que la diversité, c’est une plus-value et une véritable richesse », nous disent les enseignantes. « Nous avons choisi une chorégraphie, car cela parle à tout le monde même aux parents qui sont allophones ».
Une école labélisée E3D
Résolument pédagogique ce spectacle, car il est aussi la restitution d’un énorme travail autour du développement durable – l’école est labélisée E3D – lors des APC (activités pédagogiques complémentaires). Sophie est la cheffe d’orchestre de ce travail. « Nous voyons les APC comme l’occasion de mélanger les enfants, les classes, les niveaux pour travailler autrement. Ce sont six enseignantes de la toute petite section à la grande section qui ont participé au projet qui fait appel à la créativité des enfants qui étaient trente – issus de cinq classes différentes. Nous avons fait le choix d’une hétérogénéité et avons été vigilantes à ne pas intégrer exclusivement des enfants en difficulté ». C’est à partir des déchets qu’élèves et enseignantes ont travaillé. « Notre objectif était de faire découvrir aux enfants que les déchets sont des instruments de musique sans avoir besoin d’être transformés par un adulte. Nous souhaitions aussi qu’ils apprennent à réaliser des constructions 3D à partir de déchets, à jouer ensemble, à écrire une chanson, mais aussi à se produire devant un public. Et bien entendu l’objectif principal était de les sensibiliser à la gestion des déchets et l’environnement ». « Nous sommes partis de deux chansons de Steve Waring, La baleine bleue et Fais voir le son. Nous les avons enrichies et les avons arrangées avec les enfants. La baleine bleue est devenue une chanson sur les animaux en danger face aux désastres environnementaux et « fais voir le son » est devenue une chanson au sujet de la musique qu’on peut produire avec les déchets » complète Sophie. Et si les déchets ont permis de faire de la musique, ils ont aussi permis la réalisation des décors de tout le spectacle.
Lilia Ben Hamouda