« Comment concevoir l’instrumentalisation des consciences de notre jeunesse avec des manuels et des programmes scolaires « labellisés », uniformisés par les politiques pour mieux étouffer toute capacité d’esprit critique et d’émancipation ? Comment vivre le cauchemar du retour de l’examen d’entrée en 6e à l’entrée du CM2 ? Comment accepter l’orientation des élèves par l’échec dès la classe de 5e ? Que deviendraient les élèves des réseaux d’éducation prioritaire qui seraient supprimés ? Quel serait l’avenir de ces élèves « perturbateurs » regroupés dans des centres spécialisés » sont autant de questions que pose Yannick Trigance dans cette tribune. Parce que le Rassemblement Nationale au pouvoir, c’est tout cela avec l’autoritarisme, le racisme et la LGBTQphobie en plus…
Pour un Président de la République qui prétendait à lui seul incarner le barrage face à l’extrême droite, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’échec est à la fois dramatique et surtout lourd de conséquences pour la France.
Au lendemain d’un premier tour d’élections législatives qui a vu un sursaut démocratique sans précédent en matière de participation – 65.8% soit près de 20 points de plus qu’aux législatives de 2022 -, l’extrême droite est bel et bien aux portes du pouvoir avec plus de 33.5% des suffrages et quelque 12 millions de voix – quasiment le double de ses voix obtenues au premier tour des législatives de 2022 – devançant le Nouveau Front populaire qui réalise 28.1% et reléguant le camp présidentiel en troisième position à 20.7%.
En droit d’espérer entre 230 à 280 sièges à l’issue du second tour, l’extrême droite est toute proche de la majorité absolue qu’elle pourrait obtenir dans un jeu d’alliance.
C’est pourquoi, face à cette menace sans précédent, aucun candidat ne devrait se maintenir dès lors qu’un risque existe de faire élire un candidat d’extrême droite.
Car comment imaginer que le 8 juillet l’Éducation nationale puisse être dirigée par un responsable d’extrême droite ?
Comment assister impuissant à la suppression du droit du sol – qui existe depuis le 16e siècle – remplacé par un droit du sang qui stigmatiserait des milliers d’élèves et les exclurait des bancs de notre école publique ?
Comment concevoir l’instrumentalisation des consciences de notre jeunesse avec des manuels et des programmes scolaires « labellisés », uniformisés par les politiques pour mieux étouffer toute capacité d’esprit critique et d’émancipation ?
Comment vivre le cauchemar du retour de l’examen d’entrée en 6e à l’entrée du CM2, mesure passéiste génératrice d’un tri social particulièrement sévère lorsque l’on sait qu’à l’issue du CM2, 45% d’enfants de parent inactifs sont en difficultés contre 26% d’enfants d’ouvriers et 5% d’enfants de cadres ?
Comment accepter l’orientation des élèves par l’échec dès la classe de 5e, véritable mise à mort du collège unique au profit d’un collège « modulable » fondé sur la sélection, le séparatisme et le tri social au détriment des plus fragiles et des plus défavorisés ?
Que deviendraient les élèves des réseaux d’éducation prioritaire qui seraient supprimés dans des quartiers cumulant les difficultés où 34% des collèges ont au moins 60% d’élèves issus de milieux défavorisés et où seulement 32% des élèves ont des notes supérieures à 10/20 aux épreuves du Diplôme National du Brevet ?
Quel serait l’avenir de ces élèves « perturbateurs » regroupés dans des centres spécialisés après être passés dans des conseils de discipline –également mis en place dès l’école élémentaire- « sans possibilité de retour vers un établissement normal », véritable société de la partition qui tournerait le dos au travail de prévention, d’accompagnement, de traitement des difficultés, sans aucune perspective d’avenir ?
Comment accepter que la formation des enseignants – aussi imparfaite soit-elle- dans les instituts nationaux supérieurs du professorat de l’éducation soit balayée pour n’être réduite qu’à une formation « sur le tas » dispensée par « des pairs expérimentés dûment rémunérés en contrepartie, au sein des établissements scolaires » ?
Oui : l’enjeu du vote de ce dimanche 7 juillet est historique.
Il s’agit de choisir en conscience le type de société que nous voulons pour aujourd’hui et pour demain, pour les générations présentes et à venir.
Il s’agit d’écarter le risque d’une école réduite à un lieu de sanction, une machine à broyer les élèves et les enseignants, une machine à trier, à exclure, à discriminer et à abandonner les plus fragiles dans le fossé, une machine autoritariste qui placerait nos enseignants sous une tutelle idéologique nationaliste.
Une école aux antipodes des principes démocratiques et des valeurs de notre école de la République.
Alors dimanche 7 juillet, rassemblons les démocrates, les humanistes et les progressistes qui croient encore en une école juste pour tous, exigeante pour chacun, une école de la République garante de la liberté de conscience, de l’altérité et de l’émancipation.
Oui, dimanche 7 juillet, votons !
Yannick TRIGANCE
Conseiller régional Île-de-France