32 élu·es Les Écologistes demandent des moyens financiers et humains pour l’éducation. « Gabriel Attal, pétri de préjugés tout autant que d’ignorance de la réalité de terrain, choisissant d’ignorer les sciences de l’éducation et du social, nous ressort les vieilles lunes réactionnaires en stigmatisant en particulier les jeunes des quartiers populaires et leurs familles », écrivent-ils dans cette tribune pour le Café pédagogique.
Qu’ils soient en quartier prioritaire, à la campagne, en ville ou au cœur d’une métropole, les enfants et les adolescents ont les mêmes besoins et les mêmes droits.
L’écologie politique, fondement de notre action, propose un modèle reposant sur le vivre ensemble, la richesse issue de la diversité des parcours et des profils, au profit d’un projet collectif éducatif émancipateur et responsable. L’école publique est évidemment un lieu où ce modèle peut s’expérimenter.
Dans son rapport de 2017, le CNESCO met en exergue les conditions d’amélioration du climat scolaire, passant notamment par une stratégie d’équipe, la pédagogie et la coopération, la justice scolaire. La politique proposée par Gabriel Attal, inspirée des projets les plus réactionnaires, propose l’inverse via l’imposition d’un uniforme, le tri des élèves avec le Choc des savoirs, les sanctions, la mise à l’index et cerise sur le gâteau le Service National Universel. C’est en réalité une pure stratégie de communication pour tenter de faire oublier que nos écoles, nos collèges et nos lycées manquent cruellement d’enseignant·es, de remplaçant·es, d’infirmièr·es, d’AED, de personnel administratif, d’AESH…
Accueillir les collégien·nes en continu dans leur établissement de 8h à 18h sans moyens humains ni projets pédagogiques renforcés tient de la pensée magique et ne résoudra aucun des problèmes actuels de la jeunesse. Cela risque même d’accroître la défiance envers l’institution. Sauf à se donner les ressources pour des activités éducatives de qualité, ce projet risque surtout d’être contre-productif.
Pour nous, élu·es écologistes, il serait plus que temps d’adapter les objectifs de l’éducation nationale aux enjeux du XXIe siècle : comportements sur les réseaux sociaux, lutte contre les discriminations et violences, adaptations aux mutations technologiques, modifications du climat, raréfaction des ressources.
À la place, Gabriel Attal propose de trier les élèves et d’ajouter, à moyens constants, une heure d’éducation morale et civique. Alors même que nous savons depuis des années que les programmes sont trop chargés dans de nombreuses disciplines. Pendant ce temps, le développement hors de contrôle des écrans laisse la part belle à l’usage sans réflexion critique des réseaux sociaux où naissent le harcèlement, la colère et la haine. Ces ressentiments ne restent pas à la grille des établissements. Pour apprendre le civisme, il faudrait commencer par donner un vrai rôle démocratique aux élèves via des instances participatives pour élaborer ensemble les règles en vigueur dans la cour et les couloirs, définir les conditions d’un respect mutuel entre élèves et adultes sur tous les temps de vie.
Sur le terrain, nous agissons aux côtés de l’ensemble des professionnels de l’éducation avec pour fils directeurs la co-construction, le respect des compétences de chacun et des expertises d’usages, la capacité d’adaptation au contexte local, sans ingérence dans le cadre des contenus d’enseignement nationaux. Ce sont ces valeurs qui guident notre action politique.
Dans tous les lieux sociaux et éducatifs, nous accueillons les enfants et adolescents avec la même bienveillance et les mêmes ambitions pour tous, sans instaurer de tri ou de sélection à l’entrée. En s’appuyant sur le savoir-faire des acteurs de l’éducation populaire, nous investissons dans la qualité et la diversité des activités périscolaires : encadrement renforcé et animateurs formé·es au handicap, respect du rythme des enfants en fonction de leur âge.
Rénover une cour d’école, ce n’est pas que la débitumer : nous travaillons sur l’usage qui en est fait par les enfants pour passer de l’ennui et du conflit au jeu et à une meilleure répartition spatiale des usages. Nous remettons de l’ombre pour les étés caniculaires et donnons un accès à la nature qui apaise les tensions.
Développer les rues scolaires permet aux enfants et aux adolescents de venir à pied ou en vélo. Les abords des établissements ainsi libérés des voitures deviennent des espaces de convivialité plutôt qu’une zone de dangers.
Il est à la portée de n’importe qui d’émettre des jugements sur ce que seraient de « bons » parents ou les comportements idoines en milieu scolaire. Nous avons tous un avis sur la question. Mais ce n’est pas d’un jugement préconçu dont l’école et nos enfants ont besoin mais bien de l’expertise des enseignants et éducateurs qui les accompagnent au quotidien.
Quelle sera la plus-value du contrat d’engagement souhaité par Gabriel Attal, alors que les parents signent déjà les règlements intérieurs des établissements ? Il sera tout simplement un contrat de la honte et de la stigmatisation, tenant pour seuls responsables des conditions de vie et d’apprentissage des enfants les parents les plus défavorisés.
Les comparaisons européennes et internationales le montrent : il faut des moyens financiers et humains pour l’éducation ! Gabriel Attal, pétri de préjugés tout autant que d’ignorance de la réalité de terrain, choisissant d’ignorer les sciences de l’éducation et du social, nous ressort les vieilles lunes réactionnaires en stigmatisant en particulier les jeunes des quartiers populaires et leurs familles.
Nous nous inscrivons en faux de cette vision de l’école, de nos enfants et de nos jeunes, de leurs parcours de développement et de réussite. Et nous appelons les territoires éducatifs à lutter, dans le champ de leurs compétences, contre l’assignation à résidence sociale, pour toujours plus d’égalité réelle et d’émancipation pour toutes et tous les enfants de notre république.
Signataires :
Marine Tondelier, secrétaire nationale Les Écologistes
Aminata Niakate, porte-parole nationale Les Écologistes
Sophie Bussière, porte-parole nationale Les Écologistes
Raymonde Poncet, sénatrice écologiste
Ghislaine Senée, sénatrice écologiste
Marine TONDELIER, Secrétaire nationale Les Écologistes
Aminata NIAKATE, Porte-parole nationale Les Écologistes
Sophie BUSSIERE, Porte-parole nationale Les Écologistes
Raymonde PONCET, Sénatrice, Rhône
Ghislaine SENEE, Sénatrice, Yvelines
Mathilde OLLIVIER, Sénatrice écologiste
Monique DE MARCO, Sénatrice écologiste
Jean-Claude RAUX, Député, Loire Atlantique
François THIOLLET, Député européen
Ombeline ACCARION, Vice présidente handicap autonomie, Département Loire Atlantique
Véronique MOREIRA, Vice présidente collèges, Métropole de Lyon
Lucie VACHER, Vice-présidente Enfance, Famille, Jeunesse, Métropole de Lyon
Claudine CAULET, Adjointe aux écoles, Besançon
Boris DULAC, Adjoint Éducation, Colombes
Christine GARNIER, Adjointe aux écoles, Grenoble
Hélène NAULIN, Adjointe Petite Enfance, Familles Parentalité, Nantes
Hélène PAUMIER, Adjointe Éducation – Écoles publiques, Poitiers
Ghislaine RODRIGUEZ, Adjointe Éducation, Réussite éducative, Nantes
Gaëlle ROUGIER, Adjointe Éducation, Rennes
Sylvie SCHMITT, Adjointe à l’éducation, l’enfance et la jeunesse, Bordeaux
Sonia TRON, Adjointe à l’Éducation, Villeurbanne
François BROCHARD, Conseiller au périscolaire et à l’école nature, Nantes
Nour DURAND RAUCHER, Conseiller de Paris
Medora MOSTAJO, Conseillère de Quimper
Raphaëlle REMY-LEULEU, Conseillère de Paris
Jacques VINCE, Conseiller à la réussite éducative, Villeurbanne
Arnaud BONNET, Responsable de la commission Enfance Éducation Les Ecologistes