L’Union européenne des 27 s’est fixé sept objectifs en matière d’éducation et de formation pour 2030. Si aucun des objectifs 2030 n’est atteint à ce stade par les 27 États membres de l’UE en moyenne, la France en a déjà atteint, voire dépassé, trois : davantage de jeunes enfants en éducation (scolarisation dès trois ans), moins de sorties précoces de l’éducation et de la formation, ainsi qu’un accès plus élevé à des diplômes de l’enseignement supérieur. Pour les autres objectifs, le chemin semble encore long, comme dans beaucoup de pays européens.
Les objectifs atteints voir dépassés en France
En 2020-2021, la quasi-totalité des enfants ayant entre 3 ans et l’âge du début de l’instruction élémentaire obligatoire participent à l’enseignement formel en France, l’objectif européen correspond à 96 % ou plus. La moyenne de l’Union européenne est à 92,5 %.
En 2023, 7,6 % des individus âgés de 18 à 24 ans en France ont tout au plus un diplôme national du brevet et ne sont ni en éducation ni en formation. L’objectif européen vise moins de 9 % et la moyenne de l’UE est à 9,5 %.
En 2023, 51,9 % des individus âgés de 25 à 34 ans ont un diplôme d’enseignement supérieur en France, l’objectif européen étant fixé à au moins 45 %. La moyenne UE s’élève à 43,1 %.
En 2023, 9,5 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans en moyenne dans l’UE sont ELET (c’est- à-dire n’ont pas de diplôme du second cycle de l’enseignement secondaire et ne sont ni en éducation ni en formation). L’objectif européen de moins de 9 % avant 2030. En 2023, ils sont 7,6% en France, en 2013, ils étaient 9,7%. L’objectif a donc été atteint en moins de 10 ans. En Allemagne, ils sont 12,8%, en Espagne, 13,7%. Partout dans l’UE, les garçons sont plus enclins à sortir de l’école sans diplôme. En France, ils sont 9,5% contre 5,6 des filles.
Mais ces résultats encourageants sont à tempérés. Si les jeunes français sortent moins souvent de l’école sans diplôme, ils sont plus souvent sans emploi (ce qu’on appelle les NEET, les jeunes sans emploi diplômés ou non). Ainsi, la proportions de jeunes de 18 à 24 sans emploi est de 14,1% en France, 12,1% dans l’UE et 9,3% en Allemagne.
En mettant en parallèle les deux indicateurs, on constate ainsi qu’ un tiers des ELET en France est en emploi, contre plus de la moitié en Allemagne. « Réciproquement, environ deux tiers des NEET sont diplômés en France contre un peu plus d’un tiers en Allemagne », l’accès à l’emploi est donc plus difficile pour les jeunes en France, qu’ils soient diplômés ou non.
Les objectifs non atteints
En moyenne, dans les pays de l’UE ayant participé à PISA 2022, 29,5 % des élèves âgés de 15 ans ne parviennent pas au seuil des compétences minimales dans le domaine de la culture mathématique. En compréhension de l’écrit et en culture scientifique, ce n’est guère beaucoup mieux, la moyenne européenne est respectivement de 26,2 % et 24,2 %. La stratégie européenne souhaite que chacune de ces proportions soit inférieure à 15 % d’ici 2030. Les résultats français sont dans la moyenne européenne avec 28,8 % d’élèves faiblement compétents en culture mathématique, 26,9 % en compréhension de l’écrit et 23,8 % en culture scientifique. « L’Allemagne, l’Espagne et l’Italie sont dans une situation similaire », précise la note. « Même la Finlande et la Pologne enregistrent en 2022 des résultats en-deçà des objectifs fixés ». Seule l’Estonie est dans les clous avec une proportion d’élèves faiblement performants qui atteint précisément 15 % en culture mathématique et se situe en dessous de 15 % dans les deux autres disciplines retenues.
Si les résultats à PISA sont largement corrélés au milieu social d’appartenance, ce n’est pas une exception française. « Dans tous les pays de l’Union, même ceux avec les meilleurs résultats, les compétences des élèves varient de manière notable selon leur milieu d’appartenance tel qu’identifié par l’indice de statut social, économique et culturel », précise le service statistique. « En effet, les élèves de milieux très favorisés obtiennent systématiquement de meilleurs scores en culture mathématique que les élèves très défavorisés ».
En plus des compétences de base, l’Union européenne suit un objectif sur les compétences numériques des jeunes. Évaluée dans seulement six pays, dont la France, les résultats sont loin d’être à la hauteur des espérance européennes, soit 15 % maximum d’élèves faiblement compétents. En France, ils sont 43,5% d’élèves faiblement compétents, 16,2 % au Danemark ou encore 50,5 % au Luxembourg.
Les jeunes diplômés et l’emploi
En 2023, en moyenne dans l’Union Européenne, 43,1 % des jeunes de 25 à 34 ans sont diplômés de l’enseignement supérieur. L’objectif de 45 % à l’horizon 2030 n’est donc pas encore atteint en moyenne, mais il l’est dans 13 pays. En France, 51,9 % des 25-34 ans sont diplômés du supérieur. Dans les 27 pays, les femmes sont plus souvent diplômées, 11,2 points d’écart avec les hommes. En France, cet écart est particulièrement marqué, il est de 8 points. 55,8% de femmes sont diplômées du supérieur, contre 47,8% des hommes.
« Les personnes diplômées de l’enseignement supérieur âgées de 25 à 64 ans sont plus souvent en emploi et bénéficient d’une rémunération plus avantageuse que les autres » nous apprend la DEPP. « En effet, en Europe comme en France, le taux d’emploi des individus est d’autant plus élevé que leur diplôme est important : en 2023, dans les pays de l’UE-27 en moyenne, le taux d’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur est de 87,6 % contre 58,7 % pour les sans-diplôme ». C’est respectivement 86,7 % et 55,0 % en France.
De même, les revenus du travail des personnes âgées de 25 à 64 ans diplômées de l’enseignement supérieur sont systématiquement plus importants que ceux des diplômés du secondaire. Pour autant, « les femmes diplômées de l’enseignement supérieur qui travaillent à temps plein ont des revenus en moyenne inférieurs à ceux des hommes, quel que soit le groupe d’âges observé ».
Lilia ben Hamouda