Lancées en 2019, les cités éducatives visaient à « dynamiser les quartiers prioritaires de la ville (QPV) au travers d’une mobilisation de l’enjeu éducatif » indique le ministère de l’éducation nationale . En juin dernier, Emmanuel Macron promettait l’élargissement du dispositif à d’autres territoires. Lors d’une rencontre organisée par l’OZP – Observatoire des Zones Prioritaires, les différent·es participant·es s’inquiétaient de la décorrélation annoncée avec les QPV (dans le nouveau cahier des charges) et du manque de clarté autour de l’enjeu de réussite scolaire de tous les élèves.
Aujourd’hui, il existe 208 cités éducatives. Dès 2024, elles devraient être plus nombreuses, Emmanuel Macron l’a promis en juin 2023 lors de son déplacement marseillais. Cette généralisation s’inscrit dans une volonté de toucher un public plus large que celui de l’éducation prioritaire, la publication du nouveau cahier des charges par l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) confirme bien cette décorrélation.
Lors d’une rencontre organisée pour faire le bilan du dispositif en mars dernier, l’OZP – Observatoire des Zones prioritaires – rappelait qu’initialement il existait 80 cités éducatives dont l’Injep (Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire) dresse le bilan dans son rapport de 2024. Des cités éducatives qui étaient « loin de recouvrir la totalité des Rep+ » soulignait l’association.
Dans le nouveau cahier des charges pour candidater au dispositif, les territoires candidats devront avoir « au moins un quartier prioritaire de la politique de la ville », identifier « un collège qui se verra confier le chef de filât de l’ensemble des écoles et établissements scolaires du périmètre concerné ». « Par ailleurs la prise en compte de l’indice de position sociale (IPS) constituera un élément d’appréciation supplémentaire » complète l’ANCT. « On perçoit ici la même logique politique que celle qui est apparue avec l’affadissement de la loi SRU qui a été décentrée des plus défavorisés au profit du logement des classes moyennes », déplore l’OZP dans son compte-rendu de la rencontre.
La gestion du budget : l’OZP relève certains inconvénients
Pour rappel, les cités éducatives, c’est un budget de 66 millions d’euros, soit quelques 310 000 euros chacune. Pour l’OZP et les participations à la rencontre « les modalités d’accès au financement présentent plusieurs inconvénients ». « S’agissant d’associations qui ont des accords avec le ministère de la ville ou avec certaines cités, on peut être confrontés à une logique d’offre dont les actions et les objectifs ne correspondent pas forcément aux besoins du territoire entendu en termes de justice sociale. Il appartient donc aux équipes de pilotage d’être fortes pour pouvoir refuser certaines actions proposées par des associations bien en cour quand elles risquent de ne rien apporter. S’agissant des appels à projet, on peut constater qu’il y a un effet « guichet » qui amène aussi bien des équipes que des collectivités à solliciter de l’argent sans considération très rigoureuse de la question de la justice sociale et surtout sans égard particulier à la question des apprentissages scolaires. Bien souvent il s’agit plutôt de reconduire des actions existantes que de construire des réponses à des besoins très précisément analysés ».
La réussite scolaire de tous les élèves : un objectif loin d’être explicite
Comme pour les projets du CNR, les actions des cités éducatives reposent sur le professionnalisme des différents acteurs et s’appuient sur des actions et problématiques déjà en place. « Au départ, il a été évoqué qu’elles servaient à refinancer des actions déjà en place notamment celles mises en œuvre par les collectivités territoriales ». Sur la question éducative, « les orientations prises visent à répondre à des besoins identifiés par les équipes en charge ».
Pour autant, l’OZP s’inquiète que « la question pédagogique ne soit pas traitée considérant qu’elle est le propre des enseignants et qu’il ne s’agit pas de s’y substituer ». Un constat qui confirme l’une des craintes premières de l’association : les actions servent-elles la réussite scolaire des élèves ? « Cela conforte la position de l’OZP qui depuis le début des cités éducatives souhaite avoir confirmation de l’intérêt des dispositifs complémentaires de l’école pour la réussite scolaire et, comme le dit le référentiel de l’éducation prioritaire, le développement de partenariats utiles à cette réussite scolaire. Il faut pour cela que le premier degré trouve plus de place dans le dispositif, il faut aussi que l’articulation avec l’éducation prioritaire et son référentiel soit pensée et travaillée. Il faut également que l’État veille à ce que l’effet guichet ne domine pas le dispositif en étant particulièrement exigeant sur le fait que les actions proposées soient bien établies en réponse à des besoins reconnus pour assurer la réussite scolaire de tous ».
Lilia Ben Hamouda
Le compte-rendu de la rencontre de l’OZP