« Les familles populaires ne sont ni sourdes ni aveugles », écrit Jean-Paul Delahaye dans une tribune publiée sur le site de l’observatoire des inégalités. Faisant référence à la fin du collège unique initiée sous Gabriel Attal, ancien ministre de l’Éducation devenu Premier ministre, l’inspecteur général écrit qu’il « n’est pas sûr que ces familles acceptent ainsi sans rien dire la mise à l’écart de leurs enfants, premiers concernés par de telles réformes ».
L’ancien DGESCO interroge les différentes décisions politiques qui, loin de tenter de combler les lacunes du système scolaire français qui reproduit les inégalités, semblent soutenir l’idée d’une école à deux vitesses, voire d’une école « d’abord organisée pour ceux qui n’ont pas de problèmes ». « Une sorte d’hôpital qui n’accueillerait que les bien portants », ironise-t-il.
« La misère ne se combat qu’avec des mesures sociales. On ne peut alors manquer de s’étonner de la diminution des crédits consacrés aux bourses et aux fonds sociaux alloués en 2024 aux élèves modestes. Certes, la démographie est en baisse, mais on aurait pu en profiter pour augmenter le montant des bourses en période d’inflation sévère. Ne sait-on pas que ces aides sont essentielles pour aider à acheter une tenue de sport, à payer la cantine ou une sortie scolaire ? On n’ose imaginer qu’on prendrait dans les crédits destinés aux familles pauvres pour financer l’uniforme scolaire de leurs enfants… Il est vrai aussi qu’on ne peut pas augmenter comme il le faudrait les bourses et les fonds sociaux pour les élèves pauvres et trouver, « en même temps », l’argent que la loi de 2019 oblige le ministère de l’Éducation nationale à donner aux écoles maternelles privées ».
Et Jean-Paul Delahaye prévient : « Et si les familles dont les enfants sont visés par ces mesures de ségrégation ne se laissaient pas faire ? Et si elles refusaient que leurs enfants subissent la plus injuste des doubles peines : être en difficulté sociale et être maltraités par l’école ? Croit-on vraiment que ces familles sont dupes de ce qui se passe, qu’elles ne comprennent pas que les élites veulent préserver leur position dominante dans le système éducatif et qu’elles ont un comportement qui vise plus à restaurer pour leurs enfants qu’à refonder pour tous ? On aurait tort de minimiser l’ampleur du ressentiment des milieux populaires face à l’échec scolaire encore trop massif de leurs enfants. Les politiques actuelles, en accentuant les inégalités sociales face à l’école, précipitent les classes populaires dans les bras de l’extrême droite ».
Un article à découvrir en totalité ici