Deux histoires dépaysantes pour vous présenter tous mes meilleurs vœux de lecture pour 2024 ! Dans l’une l’héroïne est une sacrée friponne dont les paroles sont redoutables pour filouter, et c’est assez réjouissant de suivre cette femme dans ses frasques aux dépends d’hommes qui se laissent berner trop facilement pour n’être que des victimes. L’autre est présenté comme « Extraits du journal de bord de Ranoall Ethan Hope, capitaine du bateau Rita Anne ». Vous êtes déjà en mer ? Parfait ! Bonne traversée…
Tadella, histoire d’une friponne, de Jessie Magana, ill. Stéphane Kiehl, Ed. Actes Sud Jeunesse
Tadella a sept filles, point de fils. Elle a surtout un esprit particulièrement rusé et assez peu de scrupules ! De filouteries en embrouillaminis, elle embobine son monde partout où elle passe. Mais si ses mensonges passent si facilement, c’est bien que l’avidité et la cupidité de ses victimes sont réelles… un beau sujet à débattre quant à la morale de l’histoire. Le texte est drôle et magnifiquement écrit, les dessins rendent cette friponne particulièrement sympathique. De bout en bout les situations s’enchainent, et on se demande toujours comment Tadella va se sortir des mensonges qu’elle profère, car si elle parvient à duper ceux qu’elle rencontre en quelques mots, les victimes se plaignent toujours et c’est toute l’armée du Sultan qui finit par la poursuivre.. et l’attraper. Pourra-t-elle alors s’échapper ? Sans divulguer le suspens qui fait aussi le charme de l’histoire, sachez que la parole et la ruse permettent ici de triompher de toutes les situations. Un conte façon western aux saveurs d’Orient, teinté de féminisme, où il est question de reine et de trésor.
La pierre maléfique, de Chris Van Allsburg, Ed. d’Eux
Le journal de bord du capitaine de ce navire du 8 mai au 12 juillet relate une étrange aventure. Parti avec un équipage de bons marins aux multiples talents, alors que le voyage s’annonçait sous d’heureux auspices, une halte sur une île inconnue va faire basculer cette traversée dans le fantastique. Alors que le capitaine espérait ramener à bord de l’eau potable, il trouve « quelque chose d’extraordinaire et fait embarquer une pierre étrange d’où « émane une lueur vraiment très belle et agréable à regarder ». Cette pierre, maléfique comme l’indique le titre, est la source de bien des malheurs. L’équipage est fasciné par cette pierre et perd peu à peu tout goût pour autre chose, restant enfermé dans la soute. Ils se transforment en bêtes hirsutes, « souriant bêtement à la pierre » La première tempête, sans les marins à la manœuvre, est dévastatrice pour le navire qui perd les mats et la barre. En attendant les secours le capitaine a recours à la musique et la lecture pour redonner humanité aux marins. Cet ouvrage inédit d’un grand créateur de livres jeunesse est magnifiquement illustré, faisant la part belle aux gréements, aux ciels et aux vagues.
Marianne Baby