Pour Yannick Trigance, les promesses sous forme d’annonces de Gabriel Attal rappelle la liste au Père-Noël, elle n’engage que ceux qui y croient. Dans la hotte du « Ministre-Père-Noël », aucun cadeau…
À quelques jours des fêtes de Noël, les « cadeaux » en provenance de la rue de Grenelle -le Ministère de l’Education nationale -s’amoncellent au pied du sapin de l’Ecole.
C’est sans doute le prix à payer pour être propulsé au sommet des sondages .Aussi le « Ministre-Père-Noël » ATTAL multiplie-t-il les annonces comme autant d’offrandes emballées dans du papier cadeau des plus clinquants.
Le contenu est-il pour autant à la hauteur du contenant ? Le ruissellement des offrandes présage-t-il des temps nouveaux pour l’école ? Rien n’est moins sûr lorsque les annonces sont regardées de près et avec sérieux.
En novembre dernier, Gabriel ATTAL annonçait une réforme de la formation initiale avec un concours en fin de licence suivi d’une prise en charge financière des futurs enseignants en M1 puis M2. Le papier cadeau une fois enlevé, le contenu se révèle plus que problématique : la promesse se heurte à la réalité budgétaire d’une stabilisation du nombre de fonctionnaires d’ici 2027 et du gel du budget de l’enseignement scolaire pour les deux années à venir.
Le mois de décembre ne fait pas exception avec une avalanche de « cadeaux » dans le cadre du fameux « choc des savoirs » : financement des manuels scolaires de lecture et de mathématiques des élèves de CP et de CE1 dès la rentrée 2024 – les manuels pour les collèges avaient coûté 200 millions à l’Etat en 2016 – , retour du redoublement dont le coût a été évalué à 2 milliards par an – qui pourraient être consacrés à d’autres pédagogies de lutte contre l’échec scolaire autrement plus efficaces- avec en perspective la nécessité de recruter pas moins de 30 000 enseignants, mise en place de groupes à effectifs réduits en mathématiques et en français, groupes de niveau dès la rentrée 2024 pour les élèves de 6ème et 5ème puis ceux de 4ème et 5ème à la rentrée 2025 : n’en jetez plus la hotte du père Noël déborde !
Au moment où le ministre présente un budget 2024 qui supprime la bagatelle de 1709 emplois temps plein dans le 1er degré et 484 dans le second degré, au moment où le nombre de postes mis aux concours internes de certifiés diminue en lettres classiques (134 en 2024 contre 90 en 2024) comme en lettres modernes (755 en 2023 contre 698 en 2024), les « cadeaux » paraissent bien moins attractifs et perdent quelque peu de leur lustre.
Alors que la démographie scolaire va baisser de 5,6% dans le 1er degré et du 1,38% dans le second degré jusqu’en 2027, soit près de 500 000 élèves de moins, il y aurait pourtant matière à ne pas supprimer de postes pour tenir des promesses dont la crédibilité est balayée par la réalité des décisions budgétaires pour 2024.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, le ministre dans sa grande générosité annonce la prise en charge pour moitié du coût de l’uniforme – soit 100 euros par élève – que les établissements décideront d’instaurer sous une impulsion ministérielle bien affirmée.
Cet empilement de promesses atteint son paroxysme il y a quelques jours lors d’un déplacement dans un collège d’Epinay S/Seine en Seine-Saint-Denis lors avec l’annonce de l’ouverture des collèges en Réseau d’éducation prioritaire de 8h à 18h à compter de la rentrée prochaine, un « cadeau » de 80 millions que le ministre à ce jour… n’a pas dans son budget.
Tout cela prêterait à réjouissance si la crédibilité de ces multiples « cadeaux » ne venaient pas se fracasser sur l’orthodoxie budgétaire dont l’actuel locataire de Bercy – précédente résidence du ministre Attal – reste le garant vigilant, peu enclin aux largesses en matière de deniers publics.
On aimerait croire au Père Noël si ce n’est que les lendemains de fêtes risquent d’être particulièrement douloureux pour l’Ecole de la République.
Mais pour le ministre de la rue de Grenelle cela semble bien accessoire face à l’euphorie enivrante des sondages…
Pour combien de temps ?
Yannick TRIGANCE
Conseiller régional Ile-de-France