Demain s’ouvre le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis pour quelques jours de rencontres, de partage, de découvertes, d’échanges ! En attendant, voici deux romans mettant en scène des adolescentes de 14-15 ans. L’une en pleine jungle amazonienne est plongée dans une quête où le fantastique se mêle au réel, et où l’enjeu est carrément de sauver le monde. L’autre, dans un quotidien absolument ordinaire, trouve les moyens de faire battre son cœur plus vite… Des héroïnes attachantes, dans la force de leur âge où tout est possible, et la fragilité de ce passage de la vie où on se construit en se séparant de son cocon familial…
ANANHI, de Natalia Gallois, Ed. Novel. A partir de 11 ans
La vie d’Ananhi, 14 ans, qui habite avec sa grand-mère une petite ville plutôt tranquille, bascule soudainement lorsque l’aïeule tombe malade. Pour la guérir, Ananhi la ramène dans le village de leurs origines, au fin fond de la jungle amazonienne, sans mesurer ce qu’elle entreprend. Le vieux chaman susceptible de pouvoir soigner son habuela a disparu. Avec Wari, le petit-fils du vieil homme, elle part à sa recherche. Mais la jungle est pleine de dangers, et les plus terribles ne sont pas les jaguars, caïmans et autres animaux qui rôdent autour d’eux tout au long de leur voyage. Les orpailleurs polluent les eaux du fleuve au mercure comme les armées de mercenaires au service des multinationales qui déforestent massivement sont bien plus menaçants. Anahi va peu à peu renouer avec son histoire, apprendre qui était sa mère, botaniste de renom qui sut, en son temps, unifier les peuples natifs pour défendre leur territoire. Une histoire qui bascule dans le fantastique, au cœur de légendes des indiens, Anahi se révélant être la dernière de la lignée des femme-jaguars, et seule à pouvoir atteindre un lieu mystérieux niché au cœur du monde. Au fil des rencontres, ses pouvoirs s’affirment. Explorateur à moitié fou, savants plus ou moins égarés dans leur obstination pour la science, politiques corrompus, indiens à la recherche de « progrès » ou attachés à leurs traditions… les personnages rencontrés dans cette quête initiatique ne sont pas manichéens. Les rebondissements nous maintiennent dans un suspense haletant au sein d’un univers fascinant. Un récit qui tisse sans cesse la question des origines et celle de l’avenir. Anahi, héroïne courageuse dans une histoire qui la dépasse et qui nous plonge dans des enjeux bien réels : la menace de la destruction de la forêt et de la disparition des peuples qui y vivent.
LES VIES D’AVRIL, de Claire Cantais, Ed. Syros
Avril a 14 ans lorsqu’au cours de vacances en bord de mer en compagnie d’un père dépressif, elle s’aventure avec une copine dans une maison désertée provisoirement par ses occupants. Elle éprouve alors un curieux plaisir à pénétrer l’intimité d’inconnus. Le frisson de l’interdit et du risque va l’entrainer dans une spirale infernale, car elle n’a de cesse de retrouver les sensations de cette première expérience. Ses parents, divorcés, sont loin d’imaginer à quel point elle leur ment et se met en danger. En pleine recherche identitaire, insatisfaite de sa vie, elle s’en invente une autre, plus intense, dans une certaine toute-puissance lors de ses dérapages… Sans freins, elle dérobe un trousseau de clés à la mère de sa copine Justine, qui est femme de ménage, afin de continuer à s’introduire chez des gens en cachette… Lorsqu’elle entraine le beau et trouble Raphaël dans ces escapades, celui-ci est loin de respecter les règles de respect qu’elle s’est fixées : ne rien toucher, ne rien prendre. Pour lui, les intrusions mènent vite au vol, ce qui les précipite dans quelque chose qui les dépasse. Avril, adolescente incandescente, profondément humaine, secrète pour les uns, solaire pour d’autres, fugue pour échapper à une situation sur laquelle elle n’a plus prise. Réécrire sa vie n’était pas si simple ! Heureusement, elle ne va pas être abandonnée au moment où elle est la plus vulnérable. Le portrait de cette ado frimeuse, menteuse et pourtant infiniment attachante nous tient en haleine jusqu’à la fin…
Marianne Baby