La FSU lance une campagne de communication, en réponse à « l’hyper » communication du ministre de l’Éducation nationale. « Très souvent Gabriel Attal évoque le bon sens pour justifier ses choix, ses réformes… Parfois le bon sens n’est pas forcément la meilleure voie à suivre » explique Benoit Teste, secrétaire générale de la FSU. « Les questions d’éducation sont complexes. Le pseudo bon sens on l’emploie parfois par simplisme… ». Il explique la démarche de sa fédération aux lecteurs et lectrices du Café pédagogique.
La FSU lance une nouvelle campagne de communication. Un peu en réponse à la frénésie de communication de Gabriel Attal ?
En effet, le ministre fait beaucoup d’annonces, il a une présence médiatique importante, il parle beaucoup à l’opinion. Mais Gabriel Attal en oublie souvent ses propres responsabilités et les personnels.
Dans le cadre de la lutte contre le harcèlement scolaire par exemple, on a l’impression qu’il se défausse complétement. Il oblitère la question du manque de personnels – infirmières scolaires, assistantes sociales, médecins, psychologues… Si la question du harcèlement est un sujet qui doit être pris au sérieux par l’ensemble de la communauté éducative, il serait judicieux que le ministère écoute les experts que sont les professionnels sur le terrain et qui disent ne pas avoir les moyens de répondre aux besoins des élèves.
Les questions éducatives sont plus complexes que ce que veut nous présenter le ministre. Il fait beaucoup de com, et c’est facile de le faire en brandissant un pseudo bon sens. Quand le ministre dit qu’il faut revenir aux fondamentaux, il n’écoute pas les professionnels qui lui disent que c’est le contraire de ce qu’il faut faire, qu’il faut au contraire plus d’ouverture aux sciences, à l’histoire, la géographie… pour travailler les fondamentaux.
Vous souhaitez relancez le chantier de la revalorisation ?
Le ministre est absolument clair sur l’idée que ce qui s’est passé en septembre vaut pour solde de tout compte, qu’il n’y aura pas d’autre revalorisation. Or il y a toujours de l’inflation, le dossier des salaires est donc loin d’être clos. C’est une revendication majeure que l’on porte, le gouvernement doit trouver les budgets.
Et sur la question des recrutements ?
Depuis plusieurs années, les politiques éducatives menées réduisent le nombre d’heures de cours. Elles dégradent les conditions d’étude des élèves.
Nous demandons donc l’annulation des suppressions de postes prévue à la prochaine rentrée – soit près de 2 300 postes premier et second degré confondus. Mais il faut aussi créer tous les postes nécessaires pour diminuer les effectifs par classe, renforcer les équipes pluriprofessionnelles – notamment avec un recrutement d’AESH massif sur un statut enfin reconnu. Quant aux futurs enseignants et enseignantes, nous demandons qu’ils aient accès à une formation universitaire professionnalisante sans prise en charge de classe en responsabilité.
Vous demandez aussi l’abandon de la réforme du lycée professionnel (LP) ?
En effet, c’est une des réformes emblématiques de la non-écoute des personnels. Cette réforme porte une vision très idéologique de ce qu’est l’enseignement professionnel. Le gouvernement fait le choix d’un LP utilitariste où les élèves doivent être mis en apprentissage tout de suite. Ce que disent les personnels, c’est que s’ils avaient les moyens d’enseigner correctement ils pourraient porter davantage d’élèves à un haut niveau de qualification. Ce n’est pas vrai qu’il y a des élèves dont on doit se débarrasser parce qu’ils ne seraient pas capables de suivre ou pas capables d’accéder à des savoirs et à certaines qualifications. Ce n’est pas vrai et les personnels sont attachés justement à faire réussir tous les élèves mais ils n’ont pas les moyens de le faire.
Alors, oui, effectivement le LP, parfois ça ne fonctionne pas bien, il y a des élèves qui ne se sentent pas à leur place, qui décrochent. Mais la vraie question c’est comment faire réussir ces élèves par des voies éventuellement différentes, en proposant des formations diversifiées adapter au goût de chaque élève …
Ces questions nécessitent qu’on sorte du prisme idéologique mais aussi d’une vision démagogique. Ce gouvernement flatte l’opinion publique qui pense que certains élèves doivent être envoyés directement en entreprise.
Nous on croit, et on porte, la réussite de tous et toutes, ce n’est que comme ça que l’on peut faire société ensemble, que l’on peut dépasser les clivages.
Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda