L’AECSE s’est réunie jeudi 12 octobre afin de discuter du projet de réforme de la formation initiale des professeurs. L’Association des enseignant·e·s et chercheur·e·s en sciences de l’éducation s’étonne que les enseignants et chercheurs en charge de la formation des enseignants n’aient pas été invités « à participer aux discussions récemment engagées sur les évolutions envisagées » voire n’en avaient pas été « simplement informés ».
Une réunion en visioconférence s’est tenue le jeudi 12 octobre 2023 à l’initiative de l’AECSE (Association des enseignant·e·s et chercheur·e·s en sciences de l’éducation) pour échanger sur les différentes offres de formation conduisant les étudiants à s’inscrire au concours du professorat des écoles.
Les responsables de formation (une quarantaine) – représentant les universités de Rouen, Lyon, Cergy, Montpellier, Lille, Bordeaux, Dijon, Amiens, Paris Sorbonne Paris Nord, Paris Nanterre, Caen et Tours – qui ont échangé à cette occasion ont pu se rendre compte de la très grande diversité des parcours proposés aux étudiants qui souhaitent se former à ce métier. Ils ont également pu constater des différences notables sur le nombre de places proposées par les institutions qui hébergent cette formation (département des sciences de l’éducation, INSPE, parfois les deux) allant d’une trentaine à plus de trois cents. Certains ont aussi rappelé les limites des récents PPPE (parcours préparatoires au professorat des écoles) dont le nombre varie d’une académie à une autre et dont les coûts engendrés ne permettent pas d’en envisager la multiplication.
Les échanges ont mis en lumière que si cette hétérogénéité territoriale trouve son origine dans l’absence de cadrage national pour une formation initiale qui a privilégié, jusqu’à présent, la pluralité des voies d’accès à cette profession, elle constitue toutefois une richesse car elle permet de toucher des profils différents tant au niveau de la formation initiale qu’au niveau des possibilités de reconversion professionnelle offertes par les universités.
L’annonce de Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale, de pré-recruter des bacheliers via ParcoursSup et de déplacer la place du concours de professeur des écoles à la fin d’une licence dédiée aux métiers de l’enseignement renouant ainsi avec l’ancien modèle des Écoles normales, n’a pas manqué de faire réagir les responsables de formation au cours de cette visioconférence.
Ces derniers ont rappelé que, selon la situation des académies (difficulté ou non à recruter des candidats, nombre de postes non pourvus au concours), les pistes à envisager ne pouvaient pas l’être sans concertation avec les collègues en charge de ces formations. Or, au cours des échanges, il est apparu que bon nombre d’entre eux n’avaient pas été invité à participer aux discussions récemment engagées sur les évolutions envisagées voire en avaient été simplement informés. Dans certaines académies, la création d’une mention « sciences et humanités » et d’une licence « enseignement et éducation » ont ainsi été évoquées dans un calendrier des plus serré (2024). D’autres ont relayé l’information selon laquelle le concours, placé en fin de 3ème année de licence, était envisagé pour 2025 voire 2026.
Enfin, trois impératifs ont été rappelés par les membres de l’AECSE au cours de ces échanges. Le premier est lié au continuum de formation qui nécessite d’en penser la cohérence en fonction de la réalité des contextes scolaires. Une licence préparant aux métiers de l’enseignement comportant un tronc commun fondé sur une approche par compétences est indispensable. Avec un concours dont les épreuves disciplinaires seraient placées en 3ème année de licence, le risque est que cette formation devienne ni plus ni moins une préparation au concours et non au métier.
Le deuxième impératif correspond à la collaboration et à la mutualisation des compétences des universitaires et des formateurs. Une collaboration dans le co-portage des formations et la mutualisation des compétences sont nécessaires afin d’éviter toute mise en concurrence locale des personnels tant sur le plan institutionnel que pédagogique.
Le troisième impératif tient aux possibilités de ré-orientation au cours de ce cursus qu’une formation tubulaire ne permettrait pas. Le métier de professeur doit pouvoir accueillir différents profils à la condition d’en penser la formation en amont.
Non appelée à participer au débat sur ce nouveau projet de réforme des enseignants, l’AECSE tient à rappeler sa légitimité à être entendue sur ce sujet et, plus largement, sur toutes les questions relevant de l’éducation et de la formation aujourd’hui en France.
Laurent Gutierrez et Sarah Croché
Co-Présidents de l’AECSE