Dans un article publié dans les colonnes du Figaro le 8 juillet, on apprend qu’à l’Élysée on veut reprendre en main le dossier de l’Éducation nationale en le renationalisant. On réfléchirait aussi à la désétatisation de l’École et à la fin du concours de recrutement des professeurs… L’article qui se fonde sur des confidences de ministres et proches du chef de l’État sonne le glas du statut des professeurs mais aussi de Pap Ndiaye. Pour le remplace, plusieurs noms circulent déjà … aucun de rassurant pour le monde enseignant.
Dans cet article, on apprend que l’Éducation nationale est « un naufrage », que « le corps enseignant est malade » et que c’est la fin de l’occupant actuel de la rue de Grenelle… Plusieurs noms circulent : Édouard Philippe, « l’ancien premier ministre publiera justement un livre à la rentrée sur l’éducation. « S’il n’y avait qu’une option pour faire revenir Édouard Philippe au gouvernement, ce serait celle-là, observe un ministre. Et puis ça aurait de la gueule». Sans compter que cela permettrait aussi de neutraliser un candidat en puissance pour la prochaine élection présidentielle en le cantonnant à un seul sujet ». Autres noms évoqués, Jean Castex, « profil plus rond pour négocier avec des syndicats qui ne manqueront pas de se braquer », Olivier Véran, Gabriel Attal – qui s’était déjà positionné en 2022 ou encore Aurore Bergé, qui avait déclaré être intéressée par le poste de la rue de Grenelle dans une interview.
L’Éducation nationale : nouveau dossier régalien ?
Le suspense reste pourtant entier. Le prochain ministre de l’Éducation nationale devra accepter que les décisions de son portefeuille, c’est au palais de l’Élysées qu’elles se prennent. Un des proches cité par le Figaro le confirme d’ailleurs. En effet, le chef de l’État souhaite « intégrer à la liste des sujets régaliens, au même titre que la sécurité, la justice ou la défense » l’Éducation nationale.
Mais n’est-ce pas déjà le cas ? Depuis son installation à la rue de Grenelle, Pap Ndiaye n’a pas décidé grand-chose. Revalorisation, Pacte, annonces faites à Marseille (que le ministère semblait découvrir dans la presse)… c’est de l’Élysée que semble gérer le dossier de l’Éducation national. Mais Emmanuel Macron va plus loin cette fois-ci selon les affirmations de plusieurs de ses proches indique le Figaro. «Il y a une volonté du président de renationaliser son plan pour l’Éducation… Cela se traduit concrètement par une reprise en main du sujet, nouveau domaine réservé du chef de l’État, au même titre que les relations internationales ou l’armée».
Les motifs d’une telle reprise en main ? Les émeutes. Le Président estime qu’elles sont de la responsabilité de l’École qui aurait failli dans sa mission. « L’école doit désormais contribuer puissamment à la formation républicaine » indique un ministre. «l’Éducation nationale est un naufrage. Il va falloir se montrer très radical. Il faut tout désétatiser. Le drame de l’Éducation nationale, c’est que lorsque le président de la République ou la première ministre dit quelque chose, les syndicats n’en ont rien à faire. Ils empilent les circulaires en attendant la suite. Il y a un vrai sujet d’exécution en France. Or, sans exécution, la parole publique est discréditée… Le corps enseignant est malade. Il faut lui redonner de la vigueur et du prestige ».
Là où d’autres auraient repris le dossier de l’Éducation prioritaire, laissé de côté depuis 2017, le Président semble qu’il faille trouver la solution dans l’autorité…
Et comme mater les professeurs ne s’avère pas si simple, ben on fait le choix d’accélérer la casse du statut des enseignants. Et plus vite que prévu. Le pacte ne suffit plus, le gouvernement accélérerait la libéralisation, s’inspirant très largement de la Cour des Comptes et du Conseil Supérieur des Programmes. La reprise en main de l’Éducation nationale passerait par la « fin du concept du concours de recrutement par concours pour un emploi à vie. Ou (le fait) de permettre aux enseignants de n’exercer leur fonction que pour une durée limitée en leur garantissant des formations pour changer de carrière s’ils le souhaitent » écrit le Figaro qui estime le sort de Pap Ndiaye, ministre « transparent depuis sa nomination » scellé. « Pour rebâtir l’éducation, monument français menacé d’effondrement, et dont personne n’imagine qu’il puisse être reconstruit en quatre ans, le chef de l’État cherche un profil à la Jean-Louis Georgelin, ancien général et maître d’œuvre de la reconstruction de Notre-Dame de Paris ».
Cela fait des semaines que le remaniement est évoqué. Pap Ndiaye devrait être un des premiers sacrifié au profit d’une alliance avec Les Républicains (LR) et l’extrême-droite. Si le Président veut continuer de gouverner, il lâchera son ministre, un ministre qui ne semble avoir été nommé que pour calmer le jeu avec le monde enseignant après Blanquer. Hélas, on ne se souviendra pas de grand-chose de l’action de Pap Ndiaye. Même le dossier de la mixité sociale, dont il semblait vraiment vouloir se saisir, a fait pschitt.
Lilia Ben Hamouda