Romain Bourdel-Chapuzot est enseignant de physique-chimie au collège Château Double à Aix-en-Provence. Il est aussi chargé de mission à la DRANE d’Aix-Marseille où il S’occupe notamment du groupe de formation sur les classes inversées. Les lecteurs du Café pédagogique ont déjà eu l’occasion de découvrir l’enseignant qui a présenté des projets lors de plusieurs Forums des Enseignants Innovants organisés par le Café pédagogique. Depuis plusieurs années, il participe à Ludovia. Il nous explique ce que lui apporte cet événement.
Qu’apporte le numérique à votre pratique pédagogique ?
Je dirais que le numérique a une place dans mon protocole d’enseignement mais ce n’est pas une place centrale car ce n’est pas le point de départ de ma façon de fonctionner. Il est présent dès lors qu’il va me permettre de mettre en place des modalités d’enseignement impossibles, ou difficilement faisables sans lui. J’essaie donc que le numérique soit utilisé par moi ou les élèves, sans ajouter de difficulté en plus des difficultés d’apprentissage. Mais il est clair que le numérique m’est utile pour mettre à disposition des ressources, pour permettre du travail sur des documents collaboratifs, pour gérer le travail en classe – minuteur, création des groupes, QRcode…
Cette année encore vous participez à Ludovia en tant qu’intervenant. Quel intérêt pédagogique à ce type de manifestation ?
Ludovia, comme d’autres rassemblements de ce type, est un temps d’échanges entre personnes de différents horizons. C’est l’occasion de voir des pratiques que l’on ne connaît pas nécessairement ou bien de voir des exemples concrets menés par des enseignants dans leurs classes. Un des aspects importants à mes yeux, c’est la diversité des présentations que l’on peut voir et le fait d’échanger avec des enseignants d’autres disciplines ou d’un autre degré. J’aime m’inspirer de ce que font les professeurs des écoles par exemple. C’est aussi, lorsque l’on anime un atelier, la possibilité d’échanger et d’avoir des questions sur ses pratiques de façon à continuer à rendre sa pédagogie plus efficace.
Pensez-vous que vos participations à Ludovia modifient votre regard sur la pédagogie, l’usage du numérique…voire vos pratiques professionnelles ?
Il est évident que mes participations à Ludovia ont changé mon regard sur la pédagogie, et donc sur mes pratiques professionnelles. Tout d’abord, c’est l’occasion d’apprendre des choses en assistant aux ateliers qui sont proposés. L’idée n’est pas de tout reprendre à son compte mais de prendre des ingrédients qui permettent ensuite de créer sa propre cuisine pédagogique. Mais Ludovia, c’est aussi une communauté qui s’est créée autour de cet événement avec des amitiés qui se lient et qui perdurent au-delà de ces quelques jours. Les échanges initiées à Ax raisonnent tout au long de l’année. Même si le numérique est le sujet central de Ludovia, l’aspect humain est très important.
L’événement Ludovia a-t-il évolué depuis que vous le fréquentez ?
Ma première participation à Ludovia, c’était en 2017, je n’étais venu que pour une journée. Je suis revenu tous les ans depuis à l’exception de l’édition de 2022. La première évolution notable est celle du lieu puisqu’il y avait des explorcamps dans la salle du casino alors qu’ils ont maintenant lieu sous Les Halles. La deuxième évolution concerne l’offre en termes d’ateliers avec la présence de l’espace « Premiers pas ». En effet, le risque d’un tel événement est de s’adresser aux enseignants qui viennent régulièrement et d’oublier ceux qui viennent pour la première fois. Cette offre pour les « débutants » se retrouve aussi dans les explorcamp et les ateliers des collectifs enseignants. Ce qui ne change pas, et c’est une bonne chose, c’est l’esprit présent à Ludovia, un esprit d’ouverture et d’échanges, chacun pouvant apporter des solutions aux autres. Si nous nous retrouvons sur un tel événement, pendant les vacances, c’est avant tout pour que notre travail profite à nos élèves.
Quels arguments pour convaincre un ou une collègue de venir à Ludovia?
Le premier argument serait celui de la découverte. En effet, venir à Ludovia, c’est découvrir des pratiques qui peuvent être différentes des nôtres, des outils qui peuvent répondre à des besoins que l’on a et pour lesquels on n’a pas trouvé de solution, des ateliers variés et intéressants, des exemples concrets menés dans des classes.
Mais Ludovia, c’est aussi des rencontres humaines riches avec des personnes qui sont là pour partager dans un esprit positif. Et même si je ne peux pas garantir que ce dernier point sera forcément vérifié pour mon ou ma collègue, c’est aussi la possibilité de nouer des amitiés avec des personnes formidables.
Propos recueillis par Jean-François Liaudois