Co-autrice du rapport sur l’application de la loi Blanquer, Géraldine Bannier a encore un regard positif sur cette loi. Même si elle souligne aussi ses insuffisances.
Dans votre rapport, on vous sent sensible aux pressions sur les enseignants. La loi Blanquer les a-t-elle accentuées ?
Je ne dirais pas cela. Mais la loi Blanquer parle de confiance. Et là-dessus JM Blanquer ne s’est pas trompé. Depuis cela ne s’est peut-être pas arrangé. Il y a une forte défiance de la société envers les enseignants. On a eu l’impression au moment du covid que les choses s’amélioraient. On oublie facilement le rôle fondamental des professeurs dans la société.
Pourquoi demander une révision de la formation des enseignants ?
Il y a un problème de recrutement des enseignants. Et aller chercher un master complique le recrutement. La deuxième année de master est trop chargée avec le concours plus le stage plus le mémoire à produire. On a rencontré à l’Inspe de Paris des étudiants qui préfèrent être recrutés comme contractuels. Pour quelqu’un de ma génération c’est surprenant. Evidemment être professeur avec un stage après le concours serait beaucoup plus confortable. Envoyer des jeunes en classe sans statut de professeur avant le concours complique les choses.
Vous n’êtes pas convaincue de l’utilité du CEE ?
Il faudra mesurer ce qu’il apporte. Quels résultats concrets constatera-t-on dans les résultats des élèves ? Si c’est juste un dispositif qui prend du temps mais n’apporte pas de résultats il faudra ne pas poursuivre. En fait l’autoévaluation se fait déjà naturellement dans les conseils d’école et les conseils d’administration des établissements.
Vous êtes critique aussi sur les expérimentations promues par la loi Blanquer. Pourquoi ?
Avec J Legavre on a entendu les syndicats sur les expérimentations de Marseille. On ne les critique pas. Mais on est plus mesuré sur les effets des innovations. On peut avoir des pratiques conventionnelles qui fonctionnent très bien en classe. Il faut repérer ce qui fonctionne et le partager. On n’est pas obligé d’expérimenter du nouveau.
On vous sent mal à l’aise sur les jardins d’enfants. Pourquoi ne pas revenir en arrière ?
L’instruction obligatoire à 3 ans a été un vrai encouragement. On demande à ce qu’elle soit accélérée à Mayotte et en Guyane où les problèmes de bâti et de transport sont des obstacles. Pour les jardins d’enfants il faut un accompagnement des structures et des personnels pour appliquer la loi. S’il faut plus de temps, il faut le donner. Mes préconisations vont dans le sens de progressions dans l’application de la loi Blanquer.
Propos recueillis par François Jarraud