Dans cette tribune, Yannick Trigance revient sur la loi « Pour l’école de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité » portée par le sénateur Max Brisson et votée au Sénat le 11 avril dernier. Il rappelle – entre autres – que les difficultés de l’école sont le fait du sous-investissement et que c’est sous une mandature de droite que plus de 60 000 postes d’enseignants ont été supprimés. Autonomie des établissements, autorité hiérarchique du directeur d’école, laïcité, port de l’uniforme… autant de propositions qui « marqueraient le démantèlement complet du service public d’enseignement » selon le conseiller régional.
Avec sa nouvelle loi « Pour l’école de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité » étudiée par le Sénat le 11 avril, la droite des Républicains, fidèle à sa doctrine ultra-libérale, s’inscrit dans sa tradition de démantèlement de l’École publique.
En prétextant une faillite totale de notre système éducatif, alors qu’elle a elle-même supprimé 60 000 postes d’enseignants sous le quinquennat Sarkozy, la droite oublie étrangement de regarder la réalité des difficultés actuelles de notre école.
Effectifs de classes les plus d’élevés des pays de l’Union Européennes – 22 élèves par classe en moyenne en France contre 19.3 dans le reste de l’UE, enseignants sous-payés tout en faisant plus d’heures que leurs collègues européens, dépense intérieure d’éducation qui ne progresse plus quand dans le même temps l’enseignement privé est subventionné à hauteur de 73% sur les deniers publics : autant d’éléments que la droite omet de rappeler pour mieux stigmatiser l’École publique et ses enseignants.
Les propositions avancées dans cette loi, si elles devaient s’appliquer, marqueraient le démantèlement complet du service public d’enseignement. L’expérimentation d’une autonomie renforcée des écoles du premier et second degré va à l’encontre de notre vision républicaine d’une école qui doit être la même pour tous les élèves sur l’ensemble du territoire, qu’il s’agisse des programmes et des objectifs.
L’instauration d’une autorité hiérarchique pour les directeurs d’écoles suivant le nombre de classes marque une régression sans précédent du fonctionnement collégial des écoles du premier degré, celui de « pairs parmi les pairs ! ».
Par ailleurs la mise en place de contrats de missions entre recteurs et enseignants s’inscrit dans un cadre dérogatoire au droit commun de la fonction publique qui ne résoudrait en rien le manque d’attractivité de certains établissements ou territoires.
L’approche de la laïcité réduite à l’interdiction du port ostensible de signes religieux aux participants occasionnels du service public de l’éducation démontre une nouvelle fois, s’il en était besoin, l’approche stigmatisante du principe de laïcité mise en avant par la droite, cette même droite qui, par la voix de Nicolas Sarkozy, déclarait en son temps que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé » (discours de Latran de 2007).
Enfin, la proposition du port obligatoire d’une tenue vestimentaire de l’uniforme – qui n’a jamais existé en tant que tel au sein de l’école – apparait totalement démagogique et surtout inutile puisque les établissements ont déjà toute latitude pour imposer une tenue scolaire s’ils le souhaitent via une modification de leur règlement intérieur.
Au final, ces propositions de la droite ne sont pas à la hauteur des enjeux auxquels est aujourd’hui confrontée l’École de la République. A vouloir faire de notre école une entreprise où règnent la compétition et l’individualisme au détriment de la coopération et de la solidarité, la droite démontre une fois de plus sa volonté de mettre à bas notre service public d’enseignement.
Pour ces élu.e.s des Républicains, l’éducation représente avant tout un coût trop élevé. Pour celles et ceux attaché.e.s à notre école publique, elle est d’abord un investissement dans l’avenir de notre jeunesse et donc de notre pays.
Une école publique juste pour tous, exigeante pour chacun, une école qui garantisse la démocratisation de la réussite et de l’excellence : telle est l’urgence, telle est la priorité pour la réussite de tous les élèves sur le territoire de la République.
Yannick TRIGANCE
Conseiller régional Ile-de-France