Vendredi 7 avril, le Snes-FSU organisait un colloque sur le thème du Lycée. De ce congrès est né un appel du syndicat « Un autre lycée est possible ». Le syndicat propose des solution à court terme – comme la fin des réformes Blanquer concernant le bac et le lycée… À moyen terme, il propose « de repenser toute l’architecture du lycée et les modalités des épreuves du baccalauréat ». « Les lycéennes et lycéens doivent pouvoir trouver et organiser dans tous les lycées des espaces de liberté, d’émancipation et d’échanges entre elles et eux » conclut le SNES-FSU.
Le projet éducatif du SNES-FSU pour le collège et le lycée s’appuie sur des exigences et des propositions concrètes et cohérentes pour une scolarité obligatoire portée à 18 ans. Elles nécessitent une politique éducative ambitieuse, des choix budgétaires, des mesures de revalorisation et aussi un plan pluriannuel de recrutement pour inciter les étudiant-es à se diriger vers nos métiers. Cette politique doit se donner les moyens d’un service public de qualité mis à mal par les politiques libérales françaises et européennes, notamment dans le champ éducatif, ainsi que par la concurrence de l’enseignement privé qui favorise l’entre-soi. L’argent public doit aller vers l’école publique.
La logique des réformes récentes, et de celles annoncées pour le collège et la voie professionnelle, est celle du tri social allant toujours plus loin dans le renoncement à l’élévation du niveau de connaissances et de diplôme, dont les milieux populaires sont les premières victimes. Faisant système, elles institutionnalisent l’orientation précoce des jeunes avec un enseignement secondaire divisé en une école du socle jusqu’au collège (vu comme la fin de la scolarité obligatoire) d’une part et un continuum bac-3/bac+3 d’autre part, donnant une place toujours plus grande au privé et toujours moins de moyens à l’enseignement public. Dans cette logique poursuivie par l’actuel gouvernement, la formation professionnelle sous statut scolaire pourrait disparaître au profit de l’apprentissage. Le choix de ne pas créer assez de places dans l’enseignement supérieur combiné à Parcoursup rend l’ensemble des formations post-bac sélectives. Pour lutter contre cette logique du tri social et scolaire, et œuvrer pour la démocratisation, l’unité du second degré est essentielle.
A court terme, le SNES-FSU revendique une organisation transitoire des enseignements et du baccalauréat qui limite les dégâts des réformes Blanquer :
– conserver les trois spécialités en Terminale et en finir avec la logique délétère du principe de spécialisation par élimination ;
– supprimer le contrôle continu et regrouper l’ensemble des épreuves nationales du bac en juin ;
– aménager les programmes et les épreuves qui le nécessitent dont le Grand oral, qui ne doit évaluer que ce qui fait l’objet d’un enseignement et s’appuyer pour la voie technologique sur le projet technologique ;
– reconstituer la classe comme collectif de travail;
– déconnecter le calendrier des épreuves de bac de celui de Parcoursup ;
– supprimer tous les éléments qui font de Parcoursup une plateforme de tri social et transforment les enseignant-es en agent-es de la sélection (fiche Avenir, projets motivés etc.) et dont le SNES-FSU rappelle qu’il demande la suppression ; anonymiser réellement les dossiers de candidatures en supprimant la mention de l’établissement d’origine ; hiérarchiser les vœux d’orientation pour accélérer la procédure d’affectation.
A moyen terme, il y a urgence à repenser toute l’architecture du lycée et les modalités des épreuves du baccalauréat. Après la classe de Troisième, le service public doit permettre à tous et toutes de poursuivre leur scolarité dans une des trois voies du lycée. Face au constat de la hiérarchie des voies dans le lycée actuel et aux défis climatiques, économiques et démocratiques, le SNES-FSU revendique l’accès pour toutes et tous à une culture commune générale, technologique et professionnelle.
Le baccalauréat doit retrouver sa valeur de diplôme national qui garantit l’accès à une formation publique de l’enseignement supérieur. Dans ce cadre, le lycée général et technologique doit être repensé : une organisation cohérente, préoccupée d’abord par la qualité des apprentissages, des contenus, et non par l’orientation et l’évaluation permanente, pour garantir une orientation choisie et le droit à la réussite dans une formation publique de l’enseignement supérieur.
Des séries rénovées permettront une formation cohérente, en lien avec des poursuites d’études ouvertes et diversifiées. Les programmes scolaires devront être construits en cohérence au sein de chaque nouvelle série et permettre de construire une culture commune et des poursuites d’études ouvertes et diversifiées. Les programmes des séries technologiques devront notamment être repensés afin de redonner à la voie technologique toutes les ambitions de faire réussir les élèves et de lui en donner les moyens.
Il y a urgence à mieux articuler les contenus du collège et ceux du lycée. Ainsi, la classe de Seconde pourrait être redéfinie pour y retrouver, en plus des enseignements actuels, les disciplines enseignées en collège, que ce soit en tronc commun ou avec des options obligatoires financées, laissant la place aux choix des jeunes dans une offre commune dans tous les lycées. Dans cette perspective, il paraît incontournable de renforcer la place des enseignements technologiques avec une option technologique obligatoire. Une option obligatoire, artistique, de LCA, de langues vivantes étrangères ou régionales pourrait être mise en place sur le même principe.
Les formations supérieures du lycée devront être renforcées, notamment les CPGE de proximité et les BTS dont les effectifs sous statut scolaire chutent de façon vertigineuse au profit de l’apprentissage, excessivement subventionné.
Les lycéennes et lycéens doivent pouvoir trouver et organiser dans tous les lycées des espaces de liberté, d’émancipation et d’échanges entre elles et eux.