Dans un communiqué, l’APSES – Association des Professeurs de Sciences Économiques et Sociales – dénonce l’entrisme des entreprises dans la formation des professeurs qu’il voit comme des « tentatives répétées d’atteinte au principe de neutralité de l’École publique par des groupes de pression adoubés par le ministère de l’Éducation nationale ». L’association demande « l’arrêt de ces partenariats avec l’Éducation Nationale ».
« Dans le cadre du « Plan académique de formation », les enseignant.es de l’académie de Grenoble ont été destinataires, à l’automne dernier, d’un courrier de la DRAFPIC (Délégation régionale académique de la formation professionnelle, initiale et continue) les invitant à s’inscrire à une myriade d’offres labellisées « École-entreprise ». Récemment, les enseignant⋅es de SES et les référents « développement durable » des lycées de la plupart des académies ont été les destinataires d’une offre de formation « à la transition environnementale » faisant intervenir des entreprises comme Véolia, Vinci, Total ou encore Fitch Ratings. Ces évènements ne sont pas anodins mais révèlent bien une tendance de fond : le ministère de l’Éducation nationale confie de plus en plus la formation continue des enseignant⋅es à des acteurs privés et à des fondations financées par des organisations patronales et des entreprises.
L’entrisme des milieux patronaux n’est pas nouveau
Les SES sont une cible privilégiée de ce lobbying actif depuis de nombreuses années. L’APSES dénonce ainsi depuis 2005 le partenariat entre l’Éducation nationale et l’Institut de l’entreprise (IDE). Cette organisation, qui rassemble plus de 120 entreprises et « travaille à valoriser le rôle et la place de l’entreprise dans notre société », propose tous les ans des Entretiens Enseignants-Entreprises et, depuis deux ans, un concours « Vive l’éco » à destination des lycéen⋅nes. L’IDE finance notamment Melchior, un site qui propose aux enseignant⋅es de SES et d’Économie-gestion des supports pédagogiques aux contenus très orientés. Site qui avait également proposé à des PME de payer pour faire l’objet de fiches à destination des élèves !
Que dire aussi des programmes de SES, dont les contenus sont convoités par les groupes de pression patronaux, qui n’hésitent pas à organiser des campagnes de presse calomnieuses et parviennent même, avec la bénédiction du ministère, à noyauter la fabrique des programmes scolaires.
Pour un enseignement scientifique exigeant, en cours de SES comme dans la formation des enseignant⋅es. Le rôle de l’École, en particulier en cours de SES, est de transmettre des connaissances en dehors de toute pression extérieure pour permettre aux élèves de développer leur esprit critique et de mieux saisir la complexité des débats relatifs à l’analyse du monde contemporain.
Dans ce cadre, l’entreprise apparaît bien comme un objet économique et social privilégié qui mérite pleinement d’être étudié en classe pour en comprendre le fonctionnement et les finalités. Mais enseigner l’entreprise ne doit pas conduire à en faire la promotion, à la réifier ou à la condamner.
Un tel mélange des genres conduit à confondre l’intérêt privé et l’intérêt général, il est incompatible avec le respect de la rigueur scientifique qui doit présider à la formation des enseignant⋅es comme à la mise en œuvre des enseignements proposés aux élèves ».