De nombreuses manifestations ont jalonné ce mardi 28 mars pour la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites à l’appel de l’intersyndicale. Le nombre de manifestants et manifestantes étaient en nette régression, plus de deux millions selon la CGT,740 000 selon la place Beauvau. Les enseignants étaient aussi beaucoup moins nombreux à être en grève mais la situation ne semble pas alarmer les organisations syndicales de l’éducation. « Lors de mobilisations sur le long cours, comme celle-ci, il est normal qu’il y ait des fluctuations d’intensité» argue Jules Siran, co-secrétaire fédéral de Sud éducation. « Cette baisse ne signifie en aucune cas une baisse de la détermination des enseignants ».
Matignon a opposé une fin de non-recevoir à la main tendue de l’intersyndicale qui proposait de mettre en suspens la mesure des 64 ans et de nommer une médiation. « On n’a pas besoin d’intermédiaires ou de médiateurs pour se parler » a répondu Olivier Véran à l’issue du Conseil des ministres.
« Ils se foutent de nous » s’exaspère Nicola, professeur de mathématiques. « On leur offre une porte de sortie, mais ils la balaient d’un revers de main. Ca devient de plus en plus compliqué financièrement, mais on lâchera rien » ajoute l’enseignant qui défilait dans le cortège parisien. Linda, professeure d’EPS, manifeste mais n’est pas en grève, « c’est tout bonnement impossible financièrement » assure la jeune femme.
Le faible taux de grévistes n’alarme pas les organisations syndicales. « Il était difficile de rempiler aussi vite après le 24 mars, surtout dans le premier degré avec les déclarations d’intention de grève » souligne Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. « Cela commence à faire beaucoup de journées, d’un point de vue financier mais aussi pédagogique car, surtout en lycée, les professeurs savent que leurs élèves doivent avoir fini le programme pour passer le bac, cela pèse sur la prise de décision. Pour autant, Il n’a ni résignation, ni acceptation. Les enseignants sont toujours aussi remontés, surtout depuis le 49-3 ».
Même analyse chez Sud éducation. « Baisse du nombre de grévistes ne signifie pas baisse de la détermination » assure Jules Siran, co-secrétaire fédéral de SUD éducation. « Les collègues restent très mobilisés contre le projet de loi. Dans une mobilisation sur le long cours, comme celle-ci, il y a des fluctuations d’intensité. Les deux premières journées étaient très fortes, ça ensuite baissé. Le 7 mars, rebelotte, grosse mobilisation… Ce qui compte c’est le nombre d’enseignants qu’il y a dans la rue. Nous restons confiants. Et puis, un tiers d’enseignants dans la grève, sur une si longue mobilisation, cela reste significatif ».
Les jeunes dans la rue
Dans le cortège parisien, Mick, 17 ans, les manifestations, il découvre. « Ce matin, on a bloqué notre lycée à Montreuil et là on est venu en groupe pour manifester ». Lorsqu’on l’interroge sur les raisons de sa mobilisation, les retraites arrivent bien après des revendications liées à la réforme du bac ou à un potentiel SNU obligatoire. « Bien entendu, la réforme, cela nous concerne. Mais c’est plus général. Y en a juste ras-le-bol que ce gouvernement reste sourd à la rue ». « On est bien loin des cours d’EMC, où on apprend ce que signifie la démocratie » raille-t-il. Méline qui l’accompagne et qui a « 15 ans tout juste » a souvent manifesté avec ses parents « qui sont très engagés ». Pour elle, impossible de reculer. « On peut plus lâcher maintenant, le premier qui flanche aura tout perdu. S’ils gagnent, ils vont se sentir hyper puissants, on pourra plus s’opposer à toutes leurs lois racistes (Ndlr :la jeune fille fait référence à la loi sur l’immigration) et liberticides. On ira jusqu’au bout, on a pas le choix, c’est un enjeu démocratique ». Marie, retraitée depuis plus de cinq ans, et qui manifestait au côté des jeunes acquiesce, « on ne peut pas laisser passer cela, pire que la retraite, c’est la démocratie qu’ils foulent du pied ». « Ca a du bon de voir la jeunesse dans la rue, c’est de leur avenir qu’il s’agit » ajoute la septuagénaire.
Et les jeunes sont bien dans la rue. « Ce mardi 28 mars, c’est plus de 500 lycées bloqués par les lycéennes et lycéens, qui portent un nouveau visage au mouvement contre la réforme des retraites » indique la FIDL dans un communiqué de presse. « Ce nouveau visage se traduit par de la joie et de l’espérance, quand on sait que nous pouvons tout faire basculer. Comme la semaine dernière, c’est une mobilisation historique qui dépasse toutes nos estimations ! »
L’intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation jeudi 6 avril.
Lilia Ben Hamouda