Beaucoup moins d’enseignants et d’enseignantes étaient en grève jeudi 16 février lors de la cinquième journée de mobilisation. 7% de grévistes dans le premier degré, 8% dans le second selon le ministère. Deux zones sur trois sont en vacances, ce qui explique en grande partie ces faibles taux. Au SNES-FSU, à la FSU SNUipp et chez SE-UNSA, on annonce que cette journée n’est pas significative, que c’est un « tremplin » pour le 7 mars. Malgré tout, qu’ils soient en grève ou en vacances, les professeurs étaient des différents cortèges qui ont lieu sur tout le territoire.
1,3 millions de manifestants selon la CGT, 440 000 selon le gouvernent, ont défilé dans les rues de nombreuses villes françaises pour s’opposer à la réforme des retraites en discussion à l’assemblée. Alors que le nombre de fonctionnaires en grève a considérablement baissé, d’autres secteurs ont été sensiblement touchés : transports aériens, milieux de l’énergie, universités bloquées ou fermées.
La baisse du nombre de grévistes enseignants s’expliquent en grande partie par la période des vacances scolaires de deux zones sur trois mais aussi pour le coût financier que cela représente pour une profession dont le salaire a décroché ces vingt dernières années. D’ailleurs, les organisations syndicales de l’enseignement, même si elles appelaient à la grève pour le 16 février, avaient, dès le 7 février, recentrer leur communication autour de la journée du 7 mars.
« Cette journée de mobilisation ne se compare pas aux précédentes » nous a expliqué Stéphane Crochet. « Elle a vocation à prendre rendez-vous pour le 7 mars partout en France ».
Pourtant, les professeurs étaient nombreux dans les cortèges. « On en a gros », nous confiait une enseignante de collège qui défilait à Paris. « On est déterminés à bloquer le pays s’il le faut ». Manuel, venu défiler avec trois de ses collègues d’une école maternelle de Seine-et-Marne, semble tout aussi déterminé. « J’ai perdu cinq journées de salaire, je suis prêt à en perdre le triple voir plus. Même si on perd un mois de salaire, ce sera toujours mieux que de devoir travailler plusieurs années de plus. Je sais que ce n’est pas facile pour tout le monde. Dans mon école, on essaie de tourner. Moi, j’ai décidé de faire toutes les grèves car je suis en colocation, je n’ai pas d’enfant, ça aide… »
Pour Sophie Vénétitay, « les cortèges sont toujours bien remplis, c’est le signe d’une colère qui ne faiblit pas. Cette journée est en forme de tremplin vers le 7 mars, qui sera un moment clé pour le mouvement social, un moment de bascule. Nous avons maintenant trois semaines pour préparer cette journée et ses suites, et réussir à mettre le pays à l’arrêt, c’est-à-dire chez nous, avoir des taux de grévistes qui conduiront à fermer les collèges et les lycées. Et on s’y met dès demain en reprenant le travail d’information et de conviction ! »
Même son de cloche à la FSU SNUipp, « les enseignants sont déterminés à mettre en échec cette réforme » a prévenu Guislaine David, co-secrétaire générale. « Le 7 mars, les écoles seront fermées et les grévistes très nombreux. La journée du 8 mars, la mobilisation mettra en lumière les inégalités hommes-femmes que la réforme va encore aggraver ».
Lilia Ben Hamouda