Mercredi 15 février, les organisations syndicales et le ministère se sont une nouvelle fois assis à la table des discussions sur la revalorisation. Il s’agissait, cette fois-ci, de revenir sur les différents scenarii proposés par le ministère le 24 janvier dernier sur la partie socle. A la veille d’une cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le ministère fait des concessions : 50 à 60 euros bruts par mois pour tous et toutes et une prime d’attractivité pour celles et ceux qui ont moins de 25 ans de carrière (en moyenne). « Pas suffisant » selon la FSU et le SE-UNSA.
Le ministre a partiellement entendu les doléances des syndicats enseignants. Lors de la réunion multilatérale sur la question, il a reculé sur la proposition des deux scenarii. Dans la nouvelle version que s’est procuré le Café pédagogique, tous les professeurs seront revalorisés dans le cadre « d’un relèvement indemnitaire significatif pour tous les enseignants reconnaissant l’évolution et la complexité croissante de la mission de suivi des élèves via une hausse et un alignement de l’ISOE/ISAE ». Concrètement, les enseignants du premier degré verraient leur indemnité augmentée de 800 euros, ceux du second degré de 744 euros pour atteindre les 2000 euros bruts annuellement, soit 50 à 60 euros de plus tous les mois.
Le ministère confirme par ailleurs la prime d’attractivité héritée du grenelle de l’éducation. Les documents que le Café pédagogique a pu consulter indiquent qu’elle sera ajustée mais n’en indiquent plus le détail. L’ajustement – par rapport à ce qui avait été proposé lors de la réunion du 24 janvier dernier – ne peut être qu’à la baisse si le gouvernement fait le choix d’une revalorisation de tous les professeurs via l’augmentation de l’ISAE et l’ISOE. En effet, le budget consacré à la revalorisation n’ayant pas bougé, c’est sur la ventilation de l’enveloppe 700 millions que le ministère travaille. « S’il y avait une véritable volonté politique de revalorisation de tous les enseignants, il y aurait eu un budget plus conséquent » s’exaspère Guislaine David.
Des avancées mais pas assez
Pourtant, cela avance, de l’aveu même des responsables syndicales du SNES-FSU et la FSU SNUipp. « Le contexte social de l’éducation fait de la revalorisation des enseignants une question publique et politique, le ministère bouge donc un peu » confie Sophie Vénétitay secrétaire générale du SNES-FSU. « Mais on ne s’en contentera pas. La logique de l’ISOE/ISAE, c’est certes commencer à reconnaître la diversité des missions des professeurs. Mais à côté de ça, l’obsession politique pour le pacte perdure. Un pacte qui consiste à empiler les missions supplémentaires nouvelles ». « Sous la pression de la FSU et des organisations syndicales, le ministère bouge les lignes et inclut l’ISAE et l’ISOE dans la revalorisation, ce qui n’était pas prévu lors de la première réunion » complète Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole de la FSU SNUipp. « Mais dans une enveloppe contrainte et un budget insuffisant, le partage du gâteau reste compliqué d’autant qu’aucun plan pluriannuel n’est prévu ».
Les deux responsables syndicales regrettent que cette revalorisation de l’ISAE et l’ISOE ne soient pas assorties d’un plan pluriannuel. Pour mémoire, l’ISAE a été instituée en 2014 pour les professeurs du premier degré. De 400 euros, elle est passée à 1200. « Cela permettrait d’avoir des perspectives » regrette la secrétaire générale de la FSU SNUipp.
Si le SE-UNSA reconnaît des progrès, le syndicat rappelle que « la première des attentes porte sur la revalorisation du point d’indice« . « Les désaccords profonds sur le pacte demeurent » indique le syndicat dans un communiqué. « Il reste fort à faire… les mesures annoncées ne permettent toujours pas de rattraper les pertes de pouvoir d’achat dues à l’inflation… (il faut) Abandonner la logique du gouvernement du travailler plus pour gagner plus sous-tendu par le volet pacte« .
Augmentation des contingents d’accès à la hors classe et à la classe exceptionnelle
Du côté du déroulement de carrière, le ministère promet une « montée en puissance progressive du taux d’accès à la hors classe pour atteindre, par exemple, 23% en 2025 » et une « linéarisation de l’accès à l’échelon spécial de la classe exceptionnelle ». La rémunération des contractuels sera elle aussi réévaluée – sans qu’aucun chiffre ne soit annoncé.
Pour attirer les candidats aux concours du professorat, l’« amélioration du reclassement quelles que soient les voies de concours, signal d’attractivité pour les personnes passant les concours enseignants en cours de vie professionnelle » – annoncée lors de la première réunion socle, reste d’actualité.
Pour les CPE, professeurs documentalistes, PsyEN, etc, le ministère confirme une revalorisation des indemnités fonctionnelles à hauteur de celle de l’ISAE et de l’ISOE.
« Les choses bougent sous notre pression, cela nous encourage à continuer de maintenir la pression en allant plus loin en termes de mesures salariales. Et puis, s’ils commencent à mettre le pied dans la porte d’une meilleure rémunération des tâches existantes, il s’agira ensuite d’abandonner le pacte… » conclut Sophie Vénétitay.
Lilia Ben Hamouda
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