Alors que la Première ministre Elisabeth Borne affiche détermination et fermeté lorsqu’elle estime que l’âge de départ à la retraite à 64 ans n’est plus négociable, les syndicats montrent tout autant de détermination. Forts de la mobilisation du 19 janvier dernier qui avait réuni près de deux millions de manifestants à travers la France – 1 120 000 selon le ministère de l’intérieur, l’intersyndicale attend beaucoup de la journée de mobilisation d’aujourd’hui (31 janvier 2023).
50% d’enseignants et enseignantes en grève
Selon le SNUipp-FSU, un enseignant sur deux est en grève aujourd’hui. Un chiffre qui n’étonne pas Guislaine David, porte-parole du syndicat. « On savait que l’on ne pouvait pas faire autant que la journée du 19 janvier, dont le taux de gréviste était très important (pour rappel, 70% des enseignants du premier degré) » explique-t-elle. « Plusieurs éléments explique que le nombre de grévistes soit un peu moins élevé. Financièrement, déjà. Les enseignants et enseignantes savent qu’ils ne sont pas en mesure de faire beaucoup de grèves et ils savent qu’on est au début de cette mobilisation et qu’ils pourront s’engager à d’autres moments ». Autre élément expliquant ce taux moins important que le 19, le contexte des vacances scolaires qui débutent dans quelques jours dans certaines académies. « Les professeurs aiment finir ce qu’ils ont programmé sur la période. Une journée en moins peut être un frein ». Selon Guislaine David, la mobilisation s’est installée dans les écoles, « on remarque même une forme de turnover des écoles fermées ». Et puis, 50% d’enseignants et enseignantes en grève, c’est un « chiffre très important » souligne-t-elle. « Ce taux montre qu’il y a une volonté de se battre contre cette réforme. La mobilisation va prendre plusieurs formes dans les prochaines semaines ».
Dans le second degré, le SNES-FSU prévoit plus de 50% de grévistes. Là aussi, la mobilisation s’installe.
Blocus des lycées
Les lycéens se mobilisent de leur côté. Plusieurs syndicats ont appelé au blocus des lycées – certains à partir du 30. Leur mobilisation est soutenue par la FCPE, pour qui « la réforme des retraites proposée par le gouvernement concerne non seulement les parents mais aussi les jeunes. En effet, en allongeant l’âge de la retraite, c’est aussi l’avenir des jeunes qui est impacté. Alors qu’ils ont déjà durement été fragilisés pendant la crise covid, la réforme des retraites proposée par le gouvernement, risque d’accentuer la précarité des jeunes à leur arrivée dans la vie professionnelle du fait de la saturation du marché du travail. Le recul de l’âge de la retraite aura donc un impact direct sur leur avenir professionnel et les jeunes pourraient avoir plus de mal à trouver un emploi, reculant ainsi d’autant leur âge de départ à la retraite. Surtout s’ils font le choix d’études longues ».
L’association de parents d’élèves appelle aussi au respect du droit de manifester des lycéens et à la fin des sanctions disciplinaires « abusives ». « La FCPE demande au personnel de l’Éducation nationale que les textes règlementaires qui encadrent l’expression des lycéens, leur droit à se rassembler et échanger dans les établissements soient strictement respectés… La FCPE condamnera toute action violente qui mettrait en danger les personnes ou provoquerait des dégradations et sera également particulièrement vigilante pour s’assurer que les forces de l’ordre assurent le bon déroulement des manifestations et initiatives des jeunes. C’est pour cela que la FCPE appelle ses adhérents à proposer aux jeunes de participer à l’encadrement des manifestations pour qu’elles se déroulent sans encombre ».
Alors que place Beauvau attend 1 à 1,2 millions de manifestants, les syndicats espèrent que la journée du 31 en réunira plus que lors de la journée du 19 janvier dernier.
Lilia Ben Hamouda