À l’école Romain Rolland du quartier de la Madeleine à Évreux, on fait cirque. Portique, matériel de jonglage, houla up… n’ont plus de secrets pour les jeunes élèves de l’école, du CP au CM2. Et comme ce n’est pas toujours évident d’aller vers les lieux de culture -coût des transports, temps de trajet…, et bien c’est la culture qui s’installe dans cette école REP+. Pendant cinq semaines, le cirque est en résidence d’artistes au sein de cette grande école de treize classes.
Nathalie Lagouge la connait bien son école, cela fait douze qu’elle en est la directrice. Située dans un quartier sensible d’Évreux, l’école mérite sa labélisation REP+. Deux cents élèves pour treize classes, dont sept en dispositifs dédoublés, une UPE2A et une ULIS. De quoi occupée cette directrice un peu hyperactive.
L’accès à la culture, un enjeu fondamental
Dans cette équipe, relativement stable, l’une des préoccupations majeures est l’accès à la culture de ses élèves. Alors, cette année, l’école s’est engagée dans un projet « Arts du cirque ». « Chaque année l’école propose un projet artistique de préférence pour toute l’école ou par cycle » raconte Nathalie Lagouge. « La circassienne Agathe, qui fait partie d’une école de cirque normande « Sagacirque » m’a contactée. Comme elle sait que je ne crains jamais d’écrire les projets, elle m’a proposé de monter une résidence cirque. Nous avons eu plusieurs rencontres de travail pour penser le projet et les possibilités de financements. Dès qu’on a formalisé tout cela, j’ai répondu à l’appel à projet « résidence d’artistes » de la DSDEN sur l’application ADAGE (Ndlr : l’application académique dédiée) ».
C’est ainsi que les élèves et l’équipe enseignante se sont retrouvés embarqués dans un projet « Art du cirque ». Et afin de rendre la culture accessible, le choix fait par les enseignants et les artistes est de concentrer tout le projet au sein même de l’école. « Ce choix permet aux enfants de pouvoir voir ce lieu comme un vecteur de savoir non seulement scolaire mais également de culture » explique la directrice. « Il permet également de ne pas ajouter de frais de transport. Néanmoins les enseignants ont le souhait d’emmener leurs élèves par la suite voir un autre spectacle dans une salle ou un chapiteau ».
Un projet riche pour les apprentissages
Du côté des compétences, qu’elles soient scolaires ou psychosociales, le projet permet d’en travailler de multiples. « L’initiation aux Arts du Cirque permet à l’élève de travailler sur la perception et la maîtrise de soi, amenant l’enfant à découvrir ses possibles et ses limites », détaille Nathalie Lagouge. « C’est une école d’énergie et de discipline. Elle permet aussi à l’enfant de mettre en jeu son imaginaire dans un projet de création collective où se mêlent la virtuosité, la poésie et l’humour ».
Au cours du projets, les élèves seront amenés à assurer plusieurs rôles. Tour à tour acteur- celui qui montre, spectateur – celui qui regarde, créateur – celui qui monte le numéro et qui fait ses choix, de scénographe – celui qui donne à voir et qui met en valeur le numéro mais aussi d’observateur et d’évaluateur pour aider à l’apprentissage – à partir de critères précis.
Les séances s’étalent sur cinq semaines. Vingt heures par groupe de CP et CE1 qui sont les 4 classes les plus concernées le plus par le projet. Les élèves monteront eux même un spectacle conjointement avec l’artiste. Un spectacle qui sera tiré d’extraits du spectacle « J’veux pas grandir ». Et pour expliciter les enjeux d’apprentissage du projet, les élèves construiront, avec l’aide de leur enseignant et du conseiller pédagogique responsable du numérique, un diaporama présentant le projet « du spectacle de l’artiste jusqu’au spectacle des enfants en passant par les ateliers cirque ».
Les autres classes, les CE2, CM1 et CM2, bénéficient de deux interventions sur la période. « Ils ont aussi assisté au spectacle de la circassienne Agathe Tixier – Sagacirque. Ils seront du public lors de la répétition générale de l’après-midi du 7 février et bien entendu lors du spectacle des CP CE1 devant les parents et les invités » complète la directrice.
« Tout se déroule à l’école » précise Nathalie Lagouge. « Le spectacle de l’artiste a été montré à toute l’école sous le grand hall. Les ateliers ont lieu quant à eux dans une salle du centre de loisirs qui jouxte l’école, le matériel – portique, tapis, matériel de jonglage, houla up…- restent ainsi en place tout au long du projet ».
Et pour le spectacle final, c’est aussi au sein de l’école qu’il aura lieu. L’avantage d’avoir un grand hall. Quant au financement du projet, pour 60% c’est la cité éducative. Les 40% restant sont subventionnés par la DRAC (direction régionale des affaires culturelles).
Lilia Ben Hamouda