La communication renforcée de Matignon sur les délestages à venir rassurent-ils ou font-ils monter l’inquiétude ? La rencontre entre les syndicats et le ministère le 2 décembre n’a fait que confirmer l’impréparation du gouvernement face à la crise énergétique. Matignon renforce sa communication alors que des instructions et une circulaire vont être envoyées aux directeurs et chefs d’établissement. Bien des questions restent en suspens. Alors que la crise était prévisible dès la rentrée, c’est au dernier moment que le gouvernement communique et s’agite. Cela rappelle aux enseignants la crise sanitaire et les improvisations qu’il a fallu enchainer.
Une circulaire à venir
La rencontre entre les syndicats et le ministère le 2 décembre a apporté une information importante : la publication d’une circulaire et de fiches pratiques à destination des chefs d’établissement cette semaine. Il est prévu par exemple que les élèves utilisant un moyen de transport électrique (métro, tram, train) pourront sortir plus tôt le soir pour pouvoir regagner leur domicile. Le ministère promet qu’une même école ne pourra pas subir plus de 2 à 3 coupures et jamais deux dans une même journée. Une promesse aventurée, car en fait personne ne connait actuellement quelle sera la situation de janvier.
Des questions sans réponse
Bien des questions restent sans réponse. Un des principaux points noirs est justement celui des transports scolaires. « Les préfets et les élus locaux travaillent ensemble pour adapter au mieux les transports scolaires » dit Matignon. Qui ajoute que la circulaire gouvernementale « va permettre aux préfets d’anticiper tous les cas de figure propres à leurs territoires ». Rappelons que transports scolaires sont déjà en tension du fait du manque de conducteurs. On voit mal comment les régions pourront s’offrir des transports supplémentaires en janvier.
La question des transports va aussi concerner les enseignants : comment iront-ils travailler en cas de coupure près de chez eux ou si leurs enfants sont privés d’école ? D’autres points ne sont pas résolus : comment les établissements arriveront-ils à prévenir les parents des élèves de la fermeture de l’école ou de l’établissement ? On a vu les limites des communications numériques lors du confinement. Encore, celles-ci sont souvent défaillantes dans le premier degré. Qui accueillera les élèves qui se présenteraient malgré tout ? Et où les installer ? Comment et par qui seront accueillis les enfants des personnels prioritaires ? Qu’en sera-t-il d’une éventuelle continuité pédagogique ?
Le spectre du blackout
« Comme aux plus grandes heures de la crise sanitaire, les informations ont fuité dans la presse sans qu’il n’y ait eu aucun échange avec les organisations syndicales. Comme un air de déjà vu, ou d’un mauvais épisode de retour vers le futur…. », dit le Snes Fsu dans un communiqué. « Même sans travailler sur la circulaire ces derniers jours, les alertes syndicales de la rentrée auraient dû se traduire par un travail d’anticipation, dès le mois de septembre ». À force de multiplier les annonces sans apporter de consignes simples et claires, le gouvernement donne à penser qu’il n’a rien anticipé et surtout pas le blackout…
François Jarraud